La saison des juniors commence aussi en Australie, avec Gauthier Onclin et Louis Herman
Comme leurs aînés, les deux meilleurs juniors belges ont rendez-vous dans la chaleur australe, à l'autre bout du monde, avec le premier Grand Chelem de 2019. Ils abordent leur dernière année dans la catégorie en position avantageuse, le Liégeois Gauthier Onclin 11e mondial, l'Arlonais Louis Herman 45e, avec d'autant plus de responsabilités sur les épaules. Un an plus âgé, le Liégeois Arnaud Bovy, Top 30 junior en 2018, va, quant à lui, se frotter aux tournois 15.000 dollars du circuit adulte sur le nouveau "transition tour".
Arnaud Bovy au Post Tennis Etudes
La cellule sportive de l'AFT croit aux vertus de l'émulation et de la concurrence, elle envisage donc l'intégration d'Arnaud Bovy dans le Post Tennis Etudes fédéral - aux côtés de Gauthier Onclin et de Louis Herman - comme une opération "win-win". Les trois jeunes gens s'entraînent ensemble dès qu'ils le peuvent, et l'AFT assume désormais une partie du suivi d'Arnaud en compétition, le jeune Liégeois ayant grandi et progressé dans son cadre familial. "Ce que nous avons pu réaliser à notre petit niveau dépasse mes espérances, mais il était temps de passer à la vitesse supérieure avec le soutien de la fédération", résume Christian Bovy, le père du joueur. "Ses entraîneurs précédents ont réalisé du bon boulot", complète Réginald Willems, responsable du Post Tennis Etudes, "mais ce n'était pas facile, Cédric Mélot, qui s'en occupait jusque là, ne pouvait guère voyager, on a donc fait au mieux. C'est Ananda Vandendoren, l'adjoint de Johan Van Herck en Coupe Davis, qui, sans délaisser ses missions du Tennis Etudes, intègre dès lors la structure pour donner un coup de main à la gestion sportive du trio, Arnaud étant par ailleurs assisté par son préparateur physique Valentin Dejaeghere."
Performer en Grand Chelem et dans les grands tournois
Bovy, qui a passé six semaines de préparation hivernale à l'académie Mouratoglou dans le sud de la France, se lance un peu dans l'inconnu en ce début d'année, au bas de l'échelle du circuit adulte, avec peu de repères. Il n'a encore disputé que quatre matches en tournoi 15.000 dollars, ils datent du mois d'août à Eupen où il avait atteint les demi-finales. "En réalité, ma carrière commence maintenant", dit-il, "en un an je suis devenu un junior coté, et là je repars de zéro, avec l'objectif de grimper le plus haut possible bien sûr, mais il est difficile de se projeter au delà du court terme pour le moment." Durant les trois premiers mois, son programme alternera deux semaines de tournoi et deux semaines d'entraînement, avec un double rendez-vous tunisien pour commencer, à Monastir dès cette semaine. Dans le même temps, c'est à Melbourne que débarquent ses potes Onclin et Herman, qui eux sont encore juniors, pour y disputer d'abord un tournoi grade 1 à Traralgon, puis l'Open d'Australie. Le ranking junior nettoyé de ceux qui ont quitté la catégorie leur est favorable. Il faut savoir que les résultats en double comptent aussi dans ce classement, mais Gauthier n'en commence pas moins la saison aux portes du Top 10 mondial, et Louis au 45e rang après avoir été freiné par des problèmes au genou. "Notre objectif est toujours de les voir progresser ensemble et cette fois performer dans les Grands Chelems ou les tournois importants, Grade A et 1", insiste Réginald Willems.
Priorité au circuit juniors
Alors que Louis Herman a dû faire l'impasse en raison de ses ennuis physiques, Gauthier Onclin a conclu 2018 sur les courts de Floride, et notamment au prestigieux Orange Bowl. Eliminé en 16e de finale du simple, il y a remporté le double. "J'attends surtout de nos juniors qu'ils se renforcent encore au niveau mental, qu'ils fassent preuve de sérénité, de maturité, de responsabilité sur le terrain, qu'ils osent s'exposer et jouer leur meilleur tennis quand il le faut pour battre les meilleurs", continue Willems. "Ils ont la chance d'être dans un chouette projet, avec de belles aides, à la fois humaines et financières, ils sont bien classés et font face à un challenge intéressant pour une dernière année dans la catégorie. Il sera en effet plus important pour eux de soigner cette année leur place au ranking parce qu'elle déterminera des entrées directes en tableau final de tournois 15.000 dollars, du moins jusqu'à leur 19e anniversaire. Cette nouvelle donne incite d'ailleurs, paradoxalement, à donner la priorité au circuit juniors alors que, pour le niveau de jeu, on encourage généralement ceux qui le peuvent à disputer plus tôt des matches en 15.000 dollars."
De bons objectifs, mais...
A ce propos, notre interlocuteur a dernièrement effectué un exposé détaillé pour le staff fédéral de Mons sur le thème du nouveau "transition tour" instauré par la fédération internationale en 2019 et que nous avons déjà évoqué ici. Au fond, qu'en pense-t-il ? "Sur le papier, les objectifs indiqués sont bons", souligne Réginald, "réaliser des passerelles entre les différents niveaux de tournois, raccourcir le temps pour arriver au top, permettre aux moins bien classés de gagner un peu mieux leur vie, faciliter l'accès des juniors au circuit adulte, inciter les joueurs qui n'ont pas de véritable avenir professionnel à ne pas insister... Maintenant dans la réalité, à part le fait qu'elles sont effectivement de nature à décourager les plus mal lotis, les mesures instaurées - et notamment les deux classements qu'elles introduisent - peuvent-elles réellement déboucher sur les améliorations visées ? Si je suis honnête, j'avoue ne pas voir clairement comment, mais je refuse de juger tant qu'on n'a pas un certain recul, de plusieurs mois au moins."
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