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Yanina Wickmayer dans le tableau final de Wimbledon

Michel Bouhoulle : "J'en ai eu les larmes aux yeux"

Yanina Wickmayer, qui tente un come back sur le circuit à 32 ans, après être devenue maman d'une petite fille, n'avait pas encore réussi de résultat marquant depuis son retour, pointant 603e mondiale. Pour sa réapparition en Grand Chelem, bénéficiant d'un classement protégé, elle a quasi survolé les qualifications de Wimbledon, atteignant le tableau final sans perdre un set et n'abandonnant que huit jeux sur ses deux derniers matches. On en parle avec son entraîneur Michel Bouhoulle, qui la connaît depuis qu'elle a 16 ans.

45 fois dans le tableau final en Grand Chelem

On oublie vite, mais on parle là d'une fille qui a été 12e mondiale, demi-finaliste de l'US Open, qui a participé à 51 Grands Chelems, 45 fois dans le tableau final, qui a connu un parcours chaotique hors tennis - perte de sa mère, rupture avec son père - et sur les courts - manque de régularité, et de résultats au fil des années. "Quand je vois ce que Yanina a réalisé par rapport à son potentiel de départ, moi je dis chapeau, c'est même un exemple pour d'autres peut-être plus douées", insiste Michel Bouhoulle. "Je la connais depuis qu'elle a 16 ans, j'ai vécu tous ces scénarios compliqués, dans lesquels j'ai parfois été son coach (elle en a eu beaucoup, ndlr), tout a défilé en accéléré dans ma tête lorsqu'elle a gagné son troisième tour de qualification ce jeudi, j'en ai eu les larmes aux yeux. Je l'ai vécu différemment d'un spectateur neutre. C'était riche en émotions, elle n'est pas revenue pour l'argent, ce n'est pas son moteur. Il y a 14 mois, elle accouchait. Elle a recommencé dans de tout petits tournois, en arrivant ici elle manquait de repères. Quelque part, dans ce qu'elle vient de réaliser, on est au delà du sport." 

"Un énorme travail physique avec Patrick Meur"

Après sa dernière apparition en Grand Chelem - élimination au premier tour de qualification de Roland Garros 2020 -, Yanina Wickmayer avait décidé d'arrêter les frais à 30 ans et de fonder une famille. Elle était 162e mondiale, et elle ne faisait plus partie intégrante du Top 100 féminin depuis juillet 2017, sa dernière belle saison et son dernier titre datant de l'année précédente. Un peu comme Kim Clijsters, après avoir pris le temps qu'il fallait pour mettre au monde la petite Luana Daniëla, elle s'est remise à l'entraînement et a retrouvé le plaisir de jouer. Les jeunes mamans sont de plus en plus nombreuses sur le circuit, et c'est tant mieux, on n'oublie pas que, physique épanoui, mental mûri. Kim a remporté plus de titres de Grand Chelem après être devenue mère de famille qu'avant. Pari un peu fou, mais inspirant. "On a pas mal communiqué quand elle était enceinte, de façon assez proche et naturelle, sans chichis", dit Michel Bouhoulle, qui manage le club du Bercuit. "Je m'occupe d'elle et je voyage quand je peux en tenant compte du planning qui est le mien. J'essaie aussi de lui trouver de bons partenaires, de bonnes personnes. Elle a, par exemple, réalisé un énorme travail physique avec Patrick Meur. Elle en veut, ses capacités en terme de détermination restent rares."

"Le tennis féminin n'est pas plus facile, mais plus ouvert"

Yanina a en tout cas retrouvé le tennis qu'il faut pour se sortir aisément d'un tournoi de qualification réputé difficile sur l'herbe (bosselée) du complexe Roehampton, non loin de l'Old England. "Il y a un mois, elle galérait dans des tournois 25.000 dollars "pourris" en Israël. Ce n'est pas simple, on ne se sent pas valorisée, surtout avec son passé. C'est fou ce qu'elle a progressé en peu de temps", dit encore Michel Bouhoulle. "Elle avait dans la tête de revenir à Roland Garros, mais elle a été malade en début d'année, et elle a été contaminée par la Covid. Elle a pris du retard, mais cela lui a aussi donné plus de temps pour se renforcer, c'était nécessaire, il lui reste d'ailleurs pas mal de marge. Ce furent quatre ou cinq jours intenses, elle a joué trois bons matches, et même deux premiers sets (6-0 et 6-1) impressionnants, j'ai retrouvé des choses que l'on voyait quand elle était Top 20, mais pas de manière constante. Je reste serein, on verra ce que cela donnera lundi, et on va prendre chaque match, quel qu'il soit. Le tennis féminin d'aujourd'hui est plus ouvert que lorsqu'elle a entamé sa carrière. Je ne dis pas que c'est plus facile, mais le top n'est plus inaccessible comme dans le temps, à part Swiatek peut-être. Une 140e mondiale peut battre une Top 30, en plus sur gazon c'est tellement aléatoire. Yanina doit se tester, voir jusqu'où elle peut aller, et si le jeu en vaut la chandelle pour les deux saisons qui suivent. C'est en fin d'année qu'elle fera le bilan."
 

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