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Trois questions à Yannis Demeroutis, coach de David Goffin

Le Hennuyer Yannis Demeroutis, désormais seul coach de David Goffin, est plutôt un travailleur de l'ombre, du genre discret et peu disert avec le monde médiatique. On l'a croisé dans les couloirs de Roland-Garros après la victoire du Liégeois.
 

Q. Yannis, de quoi êtes-vous le plus satisfait en tant que coach après une victoire spectaculaire à laquelle les résultats précédents ne nous avaient pas préparés ?
 
R. Le fait que David se soit donné réellement les moyens de réussir, d'un bout à l'autre de la partie. Mon principal objectif, de loin avant la victoire qui est un beau bonus, était de le voir mettre en place sur le court ce que l'on avait décidé avant la rencontre, du début à la fin, et qu'il accepte aussi les consignes pendant la partie, qu'il cherche à les appliquer. Le résultat c'est génial, mais le plus important est d'avoir retrouvé en match ce que l'on travaille quotidiennement, d'avoir osé et d'être resté combatif jusqu'au bout sans lâcher, ni baisser la tête, ce qui l'a souvent tiré vers le bas. Il l'a fait, chapeau. Quand le sportif ne met pas lui-même tout en place à un certain moment, c'est compliqué, on peut bosser toute l'année, cela ne marche pas.
 
Q. Ce que l'on a vu mardi rend-il d'un coup plus crédible un positivisme véhiculé depuis des mois ?
 
R. On m'a demandé immédiatement après le match si ce dont j'étais le plus fier c'était la combativité dont David avait fait preuve dans ce contexte hostile, à chaud j'ai répondu oui, mais à la réflexion si l'on ambitionne de revenir au plus haut niveau la combativité c'est juste normal. Avec la carrière qui est la sienne, être accroché dans des tournois Challenger n'est pas toujours facile à vivre, c'est humain, il faut passer au-dessus de tout ça. Voilà, j'espère que c'est parti, et depuis quelques semaines déjà, mais ce n'est qu'une étape, je l'aurais dit même en cas de défaite. C'est surtout lui qui a réalisé certaines choses, et qui a envie de se donner vraiment toutes les chances de revenir. Quand il est bien présent, du premier au dernier point, David, même à 33 ans, avec le physique très aérien qui est le sien, doit être plus haut au classement mondial qu'il ne l'est pour l'instant, tout le monde a pu le constater.
 
Q. Ses résultats contre Alexander Zverev (4-3 pour David), montrent que le 4e mondial, malgré son service canon et son jeu complet, n'a jamais déroulé face au Liégeois, ni d'ailleurs face aux Belges en général, on l'a vu en Coupe Davis...
 
R. Ah ah... le slice de Steve (Darcis) avait le don de l'agacer prodigieusement, c'est vrai. Il faut essayer d'ouvrir le terrain, de le faire courir, si on joue sur lui on a un souci. C'est un joueur atypique, le mettre en difficulté c'est compliqué, il faut parfois accepter de jouer un petit peu plus lentement à certains moments et être capable d'accélérer derrière, pour essayer de le déstabiliser. Si vous regardez ses résultats et les nôtres, il est loin au-dessus, il est beaucoup plus fort que nous. On a peut-être 20 ou 30 % de chances de gagner, il faut essayer de les saisir. Zverev vient de battre Nadal en trois sets, un Nadal qui n'était pas diminué niveau tennis, un Nadal qui avait tout le stade et toute la planète derrière lui, c'était particulièrement stressant. Si, avec David, on voit un joueur qui se bat jusqu'au bout, on sera déjà gagnant, et on en tirera les enseignements.
 

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