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Trois arbitres de TWB sur les courts de Roland Garros

Deuxième épisode de notre  mini-série "il reste des Belges à Roland Garros". Floriane Dierckx, Cedric Vranckx et Laura Baccaro figurent parmi les arbitres/juges de ligne d'une cinquantaine de pays officiant Porte d'Auteuil.
 

Sur un banc, au pied du court Philippe Chatrier, nous avons fait plus ample connaissance avec Floriane Dierckx et Cédric Vranckx entre deux sessions, tandis que Laura Baccaro opérait sur l'un des terrains du site.
 Heureusement, nous avons pu réunir les tros arbitres de TWB pour la photo. 

Douzième Roland
 
Des trois représentant(e)s belges présents sur place, Floriane est hiérarchiquement la mieux cotée au niveau international, titulaire d'un badge de bronze. En dessous, il y a blanc. Au dessus, argent et or, ceux qui officient comme arbitre de chaise lors des grands matches dans les grands tournois, ce que notre compatriote a pu faire lors des qualifications de ce Roland Garros. En tableau final, où les Français sont majoritaires, elle est plutôt juge de ligne, comme ses deux collègues arrivés une semaine plus tard. Rien que l'an dernier, elle a opéré de la sorte lors des finales de Roland Garros, de Wimbledon et des Jeux olympiques. Dans le passé, elle a notamment officié deux fois à l'Australian Open et à sept reprises à Wimbledon... où il n'y a plus de juges de ligne désormais.
 
"Il ne faut pas croire qu'on soit là pour s'amuser, cela demande énormément d'investissement, on est tout le temps sur le pont", sourit-elle. "A Roland, on est averti la veille au soir de ce que l'on fera le lendemain matin. Chaque jour, on est assigné à un court jusqu'au terme des quatre matches qui y sont programmés, on fonctionne suivant un système de rotation à deux équipes, une heure l'une, une heure l'autre. Il s'agit d'afficher constamment une attention et une concentration maximales, c'est du sérieux, aujourd'hui les images télés et les réseaux sociaux ne pardonnent pas." La Jodoignoise sait de quoi elle parle, c'est déjà son douzième Roland, "du coup je m'y sens un peu à la maison".
 
Quel avenir pour les juges de ligne ?
 
Cédric Vranckx, lui, n'en est qu'à sa deuxième édition, titulaire d'un badge blanc, on a déjà pu le voir officier à Gstaad, Strasbourg ou Monte Carlo. Quant à Laura Baccaro, avec un badge national mais beaucoup d'expérience appréciée, c'est son septième Grand Chelem parisien et elle a été sélectionnée l'an dernier pour les Jeux paralympiques. Elle n'oubliera jamais le dimanche d'octobre 2020 où elle a pu "faire la ligne" Porte d'Auteuil lors de la finale Nadal-Djokovic. "C'était d'autant plus exceptionnel à vivre que c'est la première et dernière fois que le tournoi, reporté en raison de la crise sanitaire, a eu lieu en  automne. J'avais toujours eu envie de vivre un moment comme celui-là, ce sont des émotions de dingue, des souvenirs qui vous restent pour toute une vie", raconte-t-elle.
 
C'est sûrement là aussi une des inspirations majeures pour les garçons ou les filles de 11 ou 12 ans qui choisissent comme eux de se lancer dans l'arbitrage, se prennent au jeu et, de fil en aiguille, finissent par prendre congé pour arbitrer. Mais qu'en sera-t-il dans quelques années ? C'est toujours Laura Baccaro qui pose la question : "Avec l'évolution de l'arbitrage vidéo où y aura-t-il encore des juges de ligne ?" Et, tant qu'on y est, même question pour l'avenir des arbitres qui, à ce niveau, ne seront bientôt plus là que pour compter les points ? Comment motiver les générations futures ? "Communication, gestion des matches, problèmes techniques, sous une forme ou une autre il faudra toujours des arbitres ou des officiels garants du jeu, qui font en sorte que tout se passe bien, d'autres rôles vont aussi se créer", rétorque Floriane.
 
Roland fait de la résistance
 
Toujours est-il que l'ATP et la WTA veulent généraliser l'arbitrage électronique, y compris sur terre battue. Comme le petit village gaulois, seul Roland Garros résiste encore. La fédé française pense à préserver sa pyramide d'arbitrage - à tous niveaux - pour laquelle son Grand Chelem est le Graal absolu, près de 300 de ses arbitres s'y trouvant engagés. "On est le pays qui fournit les meilleurs arbitres sur l’ensemble des tournois dans le monde. Nous sommes une référence et nous souhaitons le rester", assène son président Gilles Moretton. Il n'empêche que la question s'est également posée Porte d'Auteuil, et jusque très tardivement cette année, les joueurs privilégiant la précision et la fiabilité technologique à la tradition et à la dimension humaine de leur sport. Les insuffisances du "hawkeye" sur terre battue lors de sa mise en place à Monte Carlo ou à Madrid (Zverev a même utilisé son téléphone portable pour photographier une marque mal jugée) sont alors tombées à pic pour convaincre certains champions que la machine n'est pas (encore) au point sur la brique, renforçant la volonté parisienne de conserver des juges de ligne. Mais pour combien de temps ?
 
"L'arbitrage pour un jeune doit d'abord être une question d'envie, de désir", lance Cédric Vranckx. "On ne fait pas ça pour l'argent, encore moins pour la gloire. Il manque des arbitres dans plein de compétitions, de tournois, même internationaux, et dans tous les sports. Si cela vous dit, n'hésitez pas à vous impliquer dans les formations comme nous l'avons fait très jeune, c'est passionnant".
S'il s'agit d'un hobby de plus en plus prenant, relativement rétribué et défrayé, dont quelques uns peuvent vivre, on a bien compris qu'il vaut quand même mieux assurer ses arrières avec une occupation professionnelle solide, quitte à pouvoir l'adapter, surtout dans une petite nation comme la nôtre et avec les perspectives d'avenir que l'on a évoquées. C'est bien sûr la réalité de nos trois représentants. "En Belgique, personne n'est full time, ce qui peut être le cas dans des pays où il y a beaucoup plus de tournois que chez nous."
Ainsi, Floriane est kiné au sein d'un cabinet à Watermael-Boitsfort. Cédric vient de boucler un doctorat en bioingénierie à l'UCL et oeuvre désormais pour une société pharmaceutique. Quant à Laura, elle est chargée de projets au Pôle hainuyer qui regroupe l'ensemble des institutions d'enseignement supérieur en Hainaut.
 
Badge d'argent ?
 
"Je crois que nous pouvons être fiers de notre niveau, alors que la Belgique ne bénéficie pas des mêmes avantages que de plus grandes nations", continue Cédric. "Il y a au total 404 arbitres engagés dans ce Roland Garros, mais seulement 120 étrangers en provenance d'une cinquantaine de pays. Non seulement, nous sommes là, mais nous sommes repris année après année, ce qui montre que nous sommes à la hauteur". Pour lui comme pour Laura, arbitres de chaise en Belgique, juges de ligne à l'étranger, en Coupe Davis ou en Billie Jean King Cup, il s'agit d'aménager au mieux un emploi du temps professionnel et familial pour participer au maximum de rendez-vous tennistiques qui leur sont proposés. Un cran au dessus, Floriane, qui a plus d'opportunités en tant qu'indépendante, voit les choses un peu différemment. Elle ne le dit pas trop haut mais, un de ces jours, elle pourrait fort bien entrer en ligne de compte pour un badge d'argent.
 
"Il n'y a plus qu'en Grand Chelem que je fais la ligne, partout ailleurs (y compris à l'European Open, ndlr) je suis arbitre de chaise", dit-elle. "Ce qui est essentiel pour grimper les échelons c'est d'accumuler de bonnes notes, de l'expérience, des matches, des tournois, et, l'air de rien, j'arrive désormais à être beaucoup de semaines par an sur le circuit. Cette année, j'ai par exemple déjà assuré une tournée d'un mois et demi au Mexique et en République Dominicaine, c'est plutôt sympa. A mon niveau, sans rouler sur l'or, la majorité des arbitres sont professionnels, je pourrais l'être également, mais je préfère garder mes deux occupations, c'est un choix et une richesse. Bien sûr, je dois aussi faire en sorte que mes patients bénéficient d'un suivi correct, j'essaie de combiner au mieux."
 
 
 

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