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Steve Darcis : "Pourvu que ça dure encore un peu..."

Le Liégeois s'est hissé pour la deuxième fois de sa carrière au troisième tour d'un Grand Chelem en prenant la mesure de Diego Schwartzman en quatre sets (6-3, 6-3, 2-6, 6-4 en 2 h 32). Il s'attendait à affronter Nick Kyrgios... ce sera Andreas Seppi qui a sorti l'enfant terrible local en cinq sets.
 

On le répète, ceux qui, snobant heures de sommeil et décalage horaire, ont suivi ses matches à l'Open d'Australie ont été d'abord frappés par ce que les Anglo-Saxons appellent le "body language", l'impression mentale et corporelle imprimée par un joueur : Steve Darcis a l'air "fit" et serein comme on ne l'a plus vu depuis... on ne saurait dire. Et les résultats suivent. On pourra remarquer que le tirage au sort ne lui a pas été défavorable, que cela s'est plutôt bien mis comme on dit sur le circuit, d'autant que l'évolution de son tableau lui épargne à présent le volcan Nick Kyrgios, mais ce que le Liégeois a montré sur le terrain est digne du niveau auquel il prétend aujourd'hui (en l'état actuel des choses, il sera 58e mondial après l'Open d'Australie). Quasiment balayer durant les deux premières manches (un double 6-3) le 54e mondial argentin Diego Schwartzman, 24 ans, n'est quand même pas une mince performance lorsqu'on sait d'où Steve revient. "J'ai saisi ma chance, j'y croyais", dit-il, "je jouais et variais vraiment bien, ce qui lui posait pas mal de difficultés." Par la suite, ce fut plus compliqué : "Au début du troisième set, j'ai connu un petit creux, je n'ai pas réussi à garder ma ligne de conduite, je me suis un peu relâché, et lui a mieux joué, a plus dicté le jeu, m'a plus agressé, heureusement j'ai su me reprendre ensuite, même si ça a été très chaud, très accroché au quatrième."

"Ce n'est pas un hasard"

On a pu en effet se demander si l'Argentin, qui avait pris les commandes, n'emmènerait pas notre compatriote vers un cinquième set de tous les dangers avec l'avantage mental que l'on devine, mais Steve a su gérer, s'est accroché, a réussi le break à 2-2 lors d'un jeu épique, et tenu ensuite son engagement jusqu'au bout pour conclure à la première balle de match. "Je vais finir par aimer l'Australie", s'est exclamé tout sourire celui qui (étonnament) n'avait encore jamais atteint qu'une fois ce stade de la compétition en Grand Chelem (c'était à Roland Garros 2011, éliminé par Gaël Monfils). "Pour redevenir sérieux, je répète que ce qui arrive n'est en aucun cas le fruit du hasard. Déjà en arrivant à Chennai, physiquement, je me sentais beaucoup mieux que les années précédentes, plus acclimaté à la chaleur, à la surface dure extérieure. Avoir pu jouer et travailler deux semaines à Abou Dhabi, sans bobos, dans des conditions exceptionnelles, avec le soleil, les coaches physiques, les kinés, plutôt qu'en Belgique en plein hiver, a été super important, j'essaie d'en profiter un maximum, pourvu que cela dure encore un peu". En l'occurrence contre Andreas Seppi que l'on n'attendait pas. "Attention, ce gars-là ressemble à un métronome, il ne fait pas de fautes, il est toujours présent, capable de faire un résultat, il ne faut surtout pas l'enterrer."

Kyrgios a mené deux sets à zéro...

Ils ont le même âge (32 ans, bientôt 33), à trois semaines près, et pourtant ils ne se sont rencontrés qu'une fois sur le circuit, qui plus est lors de l'Ethias Trophy de Mons en 2011 où Seppi, l'Italien, avait remporté le tournoi au nez et à la barbe de Darcis, l'icône du tournoi, qu'il avait éliminé en quart de finale alors que le Liégeois avait servi pour le match. Une fois qualifié face à Schwartzman, on s'attendait à ce que Steve ait les honneurs de la Rod Laver Arena, vendredi, face à l'enfant terrible du cru Nick Kyrgios, sa puissance, son énorme potentiel et ses trous d'air. Sauf que le jeune Nick s'est pris les pieds dans le tapis bleu de Melbourne, poussé par le "vieux" Andreas, alors qu'il menait pourtant deux sets à zéro. Après qu'il soit sorti du match comme il lui arrive de le faire, Kyrgios, malgré l'appui du public, a failli sauver les meubles in extremis, mais a quand même fini par perdre 10-8 au cinquième set après 3 h 13 de jeu, se faisant breaker sur une double faute dans une fin de partie étouffante. 

Pourquoi pas un premier huitième de finale tant qu'on y est ?

Le plus étonnant dans l'affaire c'est que lors de la précédente confrontation entre ces deux joueurs, il y a deux ans au même endroit, on avait vécu le phénomène exactement inverse, l'Australien, qui n'avait encore que 19 ans, avait remonté deux sets zéro pour coiffer l'Italien au poteau. "Bien sûr que j'y ai pensé", souriait Seppi, "peut-être était-ce même écrit, à 2-0 je me suis dit... pourquoi ne pas lui faire vivre la même chose ?" Seppi, aujourd'hui 89e mondial mais qui fut 18e en janvier 2013 et était encore 29e il y a un an, avait auparavant battu Paul-Henri Mathieu en quatre sets au premier tour comme seul résultat/référence en 2017. Même si, sur sa lancée, le grognard de Bolzano risque d'être un os très très coriace à ronger, à ce niveau de tournoi Steve aurait logiquement pu se prendre un adversaire d'un autre calibre encore, alors pourquoi ne pas rêver d'un premier huitième de finale en Grand Chelem tant qu'on y est puisqu'il y a longtemps qu'on n'a plus vu "Shark" aussi bien en jambes ?


 

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