Roland Garros : une (longue) première journée belge
Première (longue) journée belge ce lundi Porte d'Auteuil à partir de 11 h, avec Steve Darcis en premier match contre Milos Raonic (Court 2), David Goffin en deuxième match face à Paul-Henri Mathieu (Court 1), Elise Mertens en deuxième match contre Daria Gavrilova (Court 3), Kirsten Flipkens en troisième match face à la Luxembourgeoise Mandy Minella (Court 14), et Arthur De Greef en quatrième match contre Richard Gasquet sur le Court Suzanne Lenglen.
On ne peut pas dire que le tirage au sort ait proposé, sur le papier, un programme insurmontable à David Goffin, du moins pour les trois premiers tours (Paul-Henri Mathieu, Stakhovsky ou Yen-Hsun Lu, Karlovic ou Zeballos), parce qu'après, si ça passe, on se retrouvera dans la troisième dimension, avec une revanche prometteuse en huitième de finale face à Dominic Thiem qui l'avait privé de demi-finale l'an dernier, puis ce pourrait être Novak Djokovic en quart et Rafael Nadal en demi. Bien sûr, on a souvent pu constater que ce genre de raisonnement d'avant compétition ne tenait pas nécessairement la route à l'autopsie. "Le seul match qui compte c'est le prochain", comme dirait David, qui commence ce lundi face à un qualifié particulier, le Français Paul-Henri Mathieu.
Qualifs "insupportables"
Mathieu, 35 ans, qui dispute son dernier Roland Garros, a abordé son tournoi de prédilection (il y a joué deux huitièmes de finale) dans un état de rage intérieure particulièrement exacerbée, la fédération française ne lui ayant pas accordé la wild card qu'il estimait légitime au vu de ses états de service et même de son classement (ATP 119). "On arrête les wild cards d'adieux", a décrété le nouveau président Bernard Giudicelli. "C'est complètement irrespectueux", s'est emporté le joueur. Après avoir hésité à participer, il est donc allé au bout de qualifications "éprouvantes et épuisantes, parce que j'ai puisé beaucoup physiquement et émotionnellement, c'était d'abord un combat contre moi-même, dans le pire de mes cauchemars je ne m'étais jamais imaginé finir Roland dans les qualifs, c'est quelque chose que je ne pouvais supporter."
Quart de finale à défendre
Paul-Henri Mathieu n'a jamais rencontré Goffin, mais sait que "ça va être compliqué, David est solide des deux côtés, il sent le jeu, tient très bien physiquement, ne perd pas de terrain, est extrêmement complet, on peut même dire que c'est un "outsider" dans le tournoi un rien plus ouvert de cette année." On sait que David, repassé 12e mondial après la victoire de Jo-Wilfried Tsonga à Lyon, défend un quart de finale Porte d'Auteuil, soit la bagatelle de 360 points ATP. "Ce n'est jamais évident d'affronter un adversaire issu des qualifications", prévient-il, "déjà pour la simple raison qu'il a trois matches dans les jambes et est donc bien dans le tournoi. Paul-Henri Mathieu a beaucoup d'expérience. Mais il est clair que je suis ambitieux, que l'alerte physique de Rome est passée, et que j'ai envie d'aller le plus loin possible. Au moins en deuxième semaine. J'ai de bons souvenirs et j'ai déjà disputé de bons matches sur terre battue, j'y ai battu Djokovic, Thiem et Raonic cette année."
"Raonic c'est compliqué"
C'est justement de Milos Raonic dont Steve Darcis a hérité au premier tour, et cela ne l'a pas exactement fait sourire. Après sa victoire au Challenger de Bordeaux après quatre matches en trois jours, Steve a jeté l'éponge à l'ATP 250 de Lyon pour mieux se refaire une santé physique avant Paris. "J'aurais évidemment préféré un meilleur tirage", disait-il. "Raonic c'est tout sauf un cadeau, il est Top 10, c'est un grand serveur, il faut pouvoir ramener la balle pour le mettre en difficulté, il frappe très fort et la terre battue ici est très rapide, mais tant qu'à affronter le Canadien autant que ce soit sur la brique pilée bien sûr. Des surprises il y en a toujours."
Le rêve d'Arthur
Jusqu'ici, il n'avait pu approcher les grands tournois que via les qualifications, sans réussir à en sortir, mais on savait qu'il en avait les moyens. Spécialement à Roland Garros. Le rêve est donc devenu réalité pour Arthur De Greef, 127e mondial. Ce n'est pas tant au 3e tour des qualifs face à l'Allemand Daniel Masur (6-3, 6-4) qu'il a obtenu son billet pour un premier tableau final en Grand Chelem, mais plutôt au 2e où il a été mené 5-2 au troisième set par l'Argentin Maximo Gonzalez et a fini par émerger dans le tie break 7-5 (après y avoir mené 6-1 !). "Roland c'est mon tournoi favori, et la terre battue la surface que je préfère tout le monde le sait, mais ici la balle n'avait jamais vraiment roulé pour moi", disait le Bruxellois. "Il y a trois ans j'aurais déjà dû me qualifier mais j'avais échoué de justesse. Il y a douze mois j'avais eu trois balles de match au deuxième set contre Berlocq, et j'avais été éliminé, cette fois c'est moi qui en ai sauvé face à Gonzalez, je pense que l'expérience accumulée m'a bien aidé cette année. C'est un rêve qui s'est réalisé, je suis super content, j'avais promis une bonne bouteille à mon entraîneur (Arnaud Fontaine sur ce tournoi, ndlr) si j'y arrivais, il l'aura."
Sur un grand court
Pour cette "première" en tournoi majeur, le sentiment était partagé en apprenant que De Greef se mesurerait à Richard Gasquet. Il aurait pu tomber mieux, face à un adversaire lui offrant plus de possibilités de passer le tour, mais aussi plus mal, lui qui craignait de se retrouver face à... David Goffin qu'il connaît si bien. Le Français n'a joué ni à Madrid, ni à Rome en raison de problèmes au dos, mais s'est entraîné normalement durant la dizaine de jours précédant le Grand Chelem parisien, il s'agira donc de son premier match depuis le quart de finale perdu à Estoril contre Kevin Anderson début mai. "Gasquet est un excellent joueur de tennis, avec un des plus somptueux revers du circuit", dit le Bruxellois, "il y aura des échanges, le public sera avec lui, mais j'aurai l'occasion de jouer sur un grand court (le Lenglen, ndlr), cela devrait être chouette, surtout si j'arrive à l'embêter."
Sérieux test pour Elise
Chez les dames, on a apparemment le bonheur de retrouver Alison Van Uytvanck comme on ne l'avait plus vue depuis longtemps, on croise les doigts, et on se souvient qu'avant la kyrielle de blessures qui a miné son parcours depuis des mois elle avait été quart de finaliste Porte d'Auteuil sur une surface qui ne lui plaisait pourtant pas plus que ça au départ. Elle rencontrera mardi la Japonaise Naomi Osaka (WTA 54) tandis que Yanina Wickmayer se retrouvera face à la jeune Russe Daria Kasatkina (WTA 27), 20 ans, qui a remporté son premier titre sur le circuit WTA début avril (Charleston) et que notre équipe de Fed Cup (sans Yanina) a croisé (avec bonheur) il y a quelques semaines. "J'ai été blessée au poignet, je n'ai pas beaucoup joué, mais, heureusement, je ne ressens plus la moindre gêne", disait Wickmayer, "elle joue bien sur terre battue, et c'est elle la tête de série, je vais me battre pour chaque point, on verra bien."
Ce lundi, c'est notre nouvelle "numéro un" Elise Mertens (WTA 59) qui subira un test sérieux contre l'Australienne Daria Gavrilova (WTA 25), laquelle l'a battue (6-2, 6-1) à Rabat début mai et reste sur une finale à Strasbourg perdue en trois sets face à sa compatriote Samantha Stosur. Quant à Kirsten Flipkens, qui ne porte pas la terre battue dans son coeur, elle n'a jamais perdu contre la Luxembourgeoise Mandy Minella (WTA 69) qui, elle, n'a jamais passé un tour à Roland Garros.
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