Roland Garros : Trois Belges sur cinq au deuxième tour, la "perf" pour Elise Mertens

Cinq Belges étaient en lice lundi au premier tour de Roland Garros, trois se sont qualifiés. Cela s'annonçait difficile, sinon insurmontable, pour Steve Darcis face à Raonic et Arthur De Greef contre Gasquet. Les trois autres se sont qualifiés, la palme allant à Elise Mertens qui a sorti la tête de série numéro 24. Ce mardi, on retrouvera Alison Van Uytvanck pour son premier tour face à la Japonaise Naomi Osaka (WTA 54) en troisième match (à partir de 11 h), et Yanina Wickmayer face à la jeune Russe Daria Kasatkina (WTA 27) en quatrième match sur le Court 16.
 

David Goffin n'a rien laissé au hasard

On pouvait craindre le match piège pour David Goffin face à Paul-Henri Mathieu, 35 ans, qui faisait ses adieux devant son public sur le Court 1 où les spectateurs sont justement très proches des joueurs. Il n'en fut rien (un triple 6-2), et si la partie a duré 1 h 50 c'est surtout en raison des appels au kiné du Français pour lequel c'était plutôt "le match de trop", selon l'expression de David lui-même, "Paulo a laissé beaucoup d'énergie en qualifications." Toujours est-il que le 12e mondial n'a rien laissé au hasard. "Je m'attendais à ce que ce soit difficile. Mon adversaire est capable de grosses frappes, je ne voulais pas le laisser s'enflammer et le public avec lui, j'ai commencé de manière agressive, en cherchant à lui montrer que s'il voulait me battre il devrait jouer drôlement bien, et longtemps, j'ai bien servi quand il le fallait, j'ai été assez précis, j'ai délivré trois sets assez solides, avec chaque fois un break rapide, et un autre pour assurer le coup. Idéal pour commencer."  "C'était compliqué, face à un joueur comme David, je devais être au top, mais j'ai ressenti la fatigue accumulée des trois matches de qualification", confirmait le Français. Notre compatriote se retrouvera au deuxième tour, mercredi, face à l'Ukrainien Sergiy Stakhovsky (ATP 123) également sorti des qualifications que David a déjà rencontré et battu quatre fois. "Je le connais très bien", conclut Goffin, "d'habitude la terre battue n'est trop son genre, mais avec les conditions que l'on connaît pour l'instant ça change. L'an dernier, contre Dominic (Thiem), on a presque joué dans la boue, là ça va vite. A moi de lui faire les choses qu'il n'aime pas."

Magnifique Elise Mertens, prête pour... le derby !

Au delà de qualités tennistiques d'ailleurs encore perfectibles (service, coup droit, montées au filet à multiplier), on a raison de vanter la juste attitude, le jusqu'au boutisme, les vertus de battante d'une Elise Mertens qui a encore démontré pour son premier tableau final à Paris (elle l'avait déjà atteint à l'US Open) qu'elle ne s'avoue pas facilement vaincue. Face à la tête de série, 24e mondiale australienne Daria Gavrilova, notre 60e mondiale, déjà victorieuse de Pavlyuchenkova et de Vesnina cette année à Moscou en Fed Cup, a réussi la "perf" belge de la journée en s'imposant en trois sets (7-6, 1-6, 6-4), et surtout en ne se laissant jamais abattre lorsque les vents devenaient contraires. Ainsi, elle a complètement manqué son début de match, menée 0-3 en faisant à peine deux points dans ces trois premiers jeux. "D'une part, parce qu'il s'agissait d'une expérience exceptionnelle pour moi et que cela se faisait sentir (sourire), trop de fautes, et d'autre part parce qu'elle a vraiment commencé très vite, mais par la suite je me suis reprise, j'ai joué et donné tout comme d'habitude." Jusqu'à remporter cette première manche au tie break alors que l'Australienne avait pourtant servi pour le set. La deuxième manche fila à 1-6 pour Gavrilova. "Elle a alors très bien joué, et j'avais laissé pas mal d'énergie dans le premier set, il fallait que je recharge les accus." Elle mené 3-1 dans la manche décisive, avant de se retrouver à 3-4 et, une fois encore, de s'arracher après tous ces ups and downs pour remporter "une victoire inattendue, peut-être la plus importante de ma carrière, puisque la première en Grand Chelem contre une joueuse aussi bien classée, qui m'avait battue trois semaines auparavant en me laissant trois jeux. Il n'y a pas de mots, c'est incroyable."  Elle en est récompensée avec un deuxième tour accessible sur le papier, en forme de derby des "plats pays", mercredi, face à la Hollandaise Richèl Hogenkamp, 105e mondiale, issue des qualifications et qui, elle, a éliminé Jelena Jankovic. "Je ne la connais pas trop, mais je crois que je dois d'abord regarder mon jeu, jouer comme aujourd'hui, ne pas douter." Et qui sait, après, si Venus Williams ne se profilerait pas à l'horizon...

Darcis : "Je n'ai jamais vu Roland Garros aussi rapide"

Le Roland Garros de Steve Darcis (en simple) n'aura duré qu'une heure et demi, et son match face à Milos Raonic fut exactement celui qu'il redoutait. 6-3, 6-4, 6-2... sans qu'il ait pu avoir réellement voix au chapitre face à la puissance de feu précise et variée du Canadien. "Je ne peux pas dire que j'aie été surpris, je m'y attendais, contre ce genre de gars je ne sers et ne retourne pas assez bien", disait le Liégeois, "certains y arrivent, moi j'ai du mal à m'adapter, avec mon jeu, aux grands serveurs actuels, je ne peux même pas dire que je suis déçu, plutôt frustré, parce que j'ai l'impression de ne pas jouer. Quand tout d'un coup il y a un échange tu te demandes ce qui arrive car il y a deux jeux qu'il n'y en a pas eu. Lorsque tu perds trois fois 6-1 contre Nadal au moins il y a du jeu. Sûr, je n'aurai pas de crampes ce soir, ni de courbatures demain. J'ai regardé passer les balles, en prenant zéro plaisir, c'est parfois ça aussi le sport. Rien à dire, j'étais très bien physiquement... même si personne ne l'a vu. Je l'avoue j'étais un peu mou au premier set, mais au deuxième j'ai vraiment essayé, sauf que j'étais quand même loin, il était tranquille, son service change tout le temps, il sert le plomb à plat, slice court, on s'attend à un kick et il envoie une deuxième à 210. Il fait sec, il fait chaud, les conditions de jeu l'avantagent aussi, je n'ai jamais vu Roland aussi rapide, à la limite ce n'est plus de la terre battue, les balles vont vite et rebondissent au dessus de la tête. Dans de telles circonstances, je ne vois pas pourquoi Raonic ne pourrait pas aller loin dans ce tournoi." 

- Steve reste à Paris pour jouer le double avec Benoît Paire. Ensuite, il rentre en famille, avant de préparer la saison sur herbe, en principe Rosmalen, Queens, Antalya et Wimbledon.

Flipkens face à la demi-finaliste de l'an dernier

Troisième qualifiée du jour, Kirsten Flipkens n'avait certes pas la tâche la plus insurmontable face à la Luxembourgeoise Mandy Minella, même si cette dernière est pour l'heure un peu mieux classée qu'elle (WTA 70/87), et cela d'autant plus que Minella revient de blessure (aux abdos), en six semaines elle n'avait disputé qu'un premier tour à Strasbourg où elle avait été dominée par la 192e mondiale. Kirsten s'est imposée pour la troisième fois en trois confrontations directes, sur un double 6-3 que la Luxembourgeoise pouvait estimer trop sévère. "J'ai bien commencé, ce qui n'avait pas été le cas les dernières semaines", disait la Campinoise, "j'ai fait ce que je devais faire, casser le rythme avec mon slice, je suis restée calme et j'ai bien servi sur les points importants." Notre compatriote, qui ne porte pas la terre battue dans son coeur même si les conditions lui sont plus favorables cette année, va désormais au devant d'un "épouvantail" de dimension, au deuxième tour mercredi, avec l'Australienne Samantha Stosur, demi-finaliste l'an dernier éliminée alors par la future gagnante Garbine Muguruza, et même finaliste en 2010. "Surtout ici, je ne vois jamais plus loin que match par match", glisse-t-elle, "et si Stosur c'est un peu le même style que Minella... en meilleur je sais que je devrai faire quelque chose de spécial pour gagner ça, genre toucher toutes les lignes (sourire)."

De Greef a "embêté" Gasquet

Pour sa première apparition en tableau final de Grand Chelem, on ne peut pas dire qu'Arthur De Greef ait fait pâle figure. Face à un calibre comme Richard Gasquet, il est sorti la tête haute, après avoir même égalisé à un set partout (6-2 3-6 6-1 6-3). Il a fait preuve de vaillance et de bravoure, réalisant également quelques bons coups de tennis, mais ne profitant pas de l'une ou l'autre occasion (un break non confirmé au premier set, un 0-30 et deux balles de debreak dans le set décisif), ce qui a fait dire à Richard Gasquet que c'était "un premier tour dur, j'ai dû aller le chercher", bref un souvenir prestigieux dont Arthur n'aura pas à rougir. Puisse-t-il avoir donné l'eau à la bouche au 127e mondial bruxellois (qui devrait monter 116e au prochain classement). En tout cas, il n'était pas plus content de son match que ça. "Je voudrais pouvoir disputer la même partie... avec l'expérience de l'avoir déjà disputée", lâchait-il. "C'est un super moment, dans un stade mythique, avec un public, où il y avait mes proches et mes amis, qui jouait son propre match franco-belge. Je voulais bien faire. Globalement, il était plus fort, mais en même temps j'avais le sentiment qu'il y avait la place. Je suis content et pas content, je n'ai été ni mauvais, ni incroyable, je n'ai pas l'habitude de ce genre de match, j'ai mis du temps à rentrer dedans, j'étais plus relâché au deuxième set et je l'ai gagné, je m'en veux de ne pas avoir su garder la qualité de balle et l'intensité qu'il fallait tout au long du match, je m'en rendais compte, mais trop tard, et des joueurs comme ça profitent de la moindre ouverture, à 0-30 je rate un coup facile et lui il met deux services gagnants derrière. Je dois prendre le positif de tout ça, et me dire que j'ai ma place dans le Top 100." 

- Au programme d'Arthur, les Challengers de Lyon et de Todi (Italie), il ne jouera pas sur herbe avant les qualifications de Wimbledon.
 

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