Même battu en finale à Coxyde, Gilles-Arnaud Bailly est sur la bonne voie
Il n'a manqué que la consécration à Gilles-Arnaud Bailly après une semaine magnifique lors du tournoi ITF M25 de Coxyde, mais on a bien eu le sentiment que l'ex-numéro un mondial junior, qui n'a toujours pas vingt ans, est à nouveau sur la bonne voie.
Il ne doit pas y avoir énormément de tournois ITF qui puisse se comparer à Coxyde. Avec son stade installé dans la rue principale et pouvant accueillir plus d'un millier de spectateurs en plein coeur de la cité balnéaire, on peut y vivre une ambiance digne d'un tournoi ATP si la météo et l'affiche sont de la partie. Les promeneurs venus y jeter un oeil se prennent au jeu et s'attardent volontiers. Or, il ne pouvait guère y avoir plus belle semaine que celle que nous venons de vivre, avec du beau temps et de jeunes Belges au rendez-vous.
"Dans la plupart des tournois de ce niveau, on joue devant quelques chaises en bord de court, ici c'était plein presque tous les jours, le public a beaucoup aidé et chapeau pour l'organisation", soulignait Seppe Cuypers le coach de Gilles-Arnaud Bailly.
Alors que le Bruxellois Jack Logé a atteint les quarts de finale après être revenu de nulle part au tour précédent, mené 1-6, 1-3 par Buvayzar Gadamauri, c'est donc Gilles-Arnaud qui a suscité l'intérêt du public du littoral jusqu'au dernier jour, avec ce caractère accrocheur qu'on lui connaissait déjà chez les jeunes. "Chaque point, c'est la guerre", comme il dit. Il a dû ainsi batailler durant 5 h 30 en quart et demi-finales, contre de bons joueurs, et sans doute lui a-t-il manqué un peu d'énergie dans les deux derniers sets de la finale face à un adversaire plus frais qui avait bénéficié d'un retrait en quart. Lors de sa demi-finale surtout, face à l'Allemand Henri Squire (ATP 401, 169e mondial il y a un an), on a vu notre compatriote sortir son meilleur tennis pour s'imposer sur un double 7-5 après avoir perdu le premier set sur ce même score. Deux heures trente passionnantes, sous haute tension. En finale, il a dominé la première manche (5-0, 6-2) face à Lilian Marmousez (ATP 440) qui fait partie, avec Arthur Cazaux et Harold Mayot, d'une génération française championne d'Europe moins de 16 ans, mais il a ensuite perdu les deux autres 2-6, 3-6. "On savait que ce serait difficile contre quelqu'un qui joue un tennis varié", expliquait son coach, "Gilles-Arnaud a chaque fois manqué ses débuts de deuxième et troisième sets et a dû ensuite courir après le score, c'est dommage."
Oui dommage, parce qu'on a vraiment pensé qu'il allait le gagner ce tournoi - "avec mon niveau des matches précédents j'aurais pu y prétendre", dit-il - mais cette semaine côtière n'en confirme pas moins le retour progressif du mi-Limbourgeois/mi-Liégeois là où on l'attendait après ses performances chez les juniors. "L'an dernier, je n'arrivais pas à gagner un match, j'ai connu beaucoup de problèmes sur le court et en dehors", se souvient-il. Il est également parti rejoindre durant six mois son frère Pierre-Yves dans son université américaine. Etait-ce le bon choix ? "J'avoue que je me le suis demandé moi aussi, c'est évidemment plus facile à dire après, j'ai appris beaucoup de choses, c'est une expérience. Par la suite, il m'a fallu un peu de temps pour retrouver mon rythme en compétition."
Ce n'est donc que cette année que le garçon a refait surface, avec deux titres en ITF 15.000 dollars, et un en 25.000 plus deux finales, il vient également d'atteindre les quarts de finale lors du Challenger de Tampere. "J'ai trouvé qu'il jouait vraiment très bien, beaucoup plus en confiance, avec une belle d'intensité, sa balle sortait vite de sa raquette, il y avait une grosse différence avec ce que j'avais vu de lui au 30.000 dollars du Léo fin juin", constatait le coach fédéral Ananda Vandendoren après que Gilles-Arnaud ait écarté nettement d'entrée Emilien Demanet dans un jour sans. Entraîné au Tenkie Hasselt par Seppe Cuypers et Dries Berden, qui l'accompagnent alternativement en déplacement, il enchaîne cette semaine avec un Challenger en Allemagne, à Augsbourg, où il sera immédiatement confronté ce mardi à la tête de série numéro un le Colombien Prado Angelo (20 ans, ATP 261). "Je sais qu'il y a encore beaucoup de boulot, mais le travail a payé sur terre battue et je me sens bien, j'ai l'impression d'être sur le bon chemin", confie-t-il.
Gilles-Arnaud a certes pris un peu de retard par rapport au talentueux Anversois Alexander Blockx, son alter ego lorsqu'ils étaient au sommet du circuit juniors, mais après avoir entamé cette saison à la 800e place mondiale il pointera dans une semaine Top 350 à l'ATP, avec l'ambition de montrer à présent ce qu'il vaut au premier niveau Challenger. "J'ai gardé contact avec Alexander, on se parle souvent, c'est un bon ami, et j'espère que l'on pourra bientôt jouer à nouveau les mêmes tournois", sourit-il. "Même si je n'ai pratiquement que les (13) points de l'European Open à défendre d'ici là, pour prétendre au Grand Chelem australien ce sera peut-être un peu juste, d'autant qu'il paraît que le "cut" a été avancé cette année, mais l'ambition est en tout cas d'entrer en ligne de compte pour disputer les qualifications de Roland Garros en 2026".
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