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Les bons souvenirs de Gauthier Onclin et de Germain Gigounon à Roland Garros

Gauthier Onclin joue cette semaine sa qualification pour le tableau final du tournoi de Roland Garros. Son coach Germain Gigounon sait mieux que quiconque ce que cela représente, lui qui, il y a dix ans tout juste, a vécu Porte d'Auteuil les plus belles heures de sa carrière de tennisman. Interviews croisées.
A noter aussi que Marie Benoit est première entrante pour ces qualifs. Elle attend donc un forfait qui doit survenir avant le début des qualifs féminines.
 

Q. Gauthier, vous avez l'impression d'aborder Roland Garros dans les meilleures conditions ?
 
R. Pour être honnête, pas tout-à-fait. Je reste sur une défaite au premier tour lors du Challenger de Zagreb, face à un bon joueur certes (le Français Luka Pavlovic, 220e mondial, qui a atteint les demi-finales, ndlr) mais dans un match que j'ai eu en mains durant certainement un set et demi. J'aurais dû gagner en deux manches. Or, tous les points que j'aurais pu gagner en Croatie m'auraient rapproché d'une place certaine dans les qualifications de Wimbledon. Je suis 231e au ranking ATP, avec peu de points à défendre durant les cinq prochains mois, mais je ne peux plus améliorer mon classement avant le "cut" pour Wim, alors que ceux qui jouent encore d'autres tournois que Roland cette semaine le peuvent. Je suis malgré tout optimiste, mais je vais stresser jusqu'à la dernière minute, c'est un peu frustrant.
 
Q. Le fait de jouer les deux premiers Grands Chelems de l'année (Gauthier s'est qualifié pour le tableau final à Melbourne) n'est-il pas déjà rassurant, ne fut-ce que financièrement ?
 
R. Bien sûr que si. D'autant que je dois davantage voler de mes propres ailes cette année. Il n'y a peut-être pas eu de vrai coup d'éclat, mais, pour quelqu'un qui a été blessé cinq mois sur douze, je pense que le bilan est plutôt positif. J'ai disputé pour la première fois le tableau final d'un Grand Chelem en Australie, gagné un 25.000 dollars, et atteint les demi-finales d'un tournoi Challenger. C'est la sixième fois que j'entre en ligne de compte pour les qualifications d'un tournoi majeur, et la deuxième à Roland Garros. Il y a deux ans, j'avais été éliminé au deuxième tour en trois sets par l'Argentin Torante, qui a été Top 100, mais cela reste un bon souvenir, il s'agissait d'une vraie première pour moi. Pour autant, ce n'est pas mon Grand Chelem préféré. J'ai toujours préféré l'US Open, New York, l'ambiance, le stade, la ville. Et Melbourne est sans doute le plus agréable à vivre, surtout après mes résultats de cette année (sourire). Mais ici c'est quand même super chouette, il y a plein de monde, la famille, les amis, le charme de Paris, cela reste spécial.
 
Q. La terre n'est donc pas votre surface préférée ?
 
R. Comme tous les joueurs qui sortent de la fédé je suis un peu tout terrain, et j'ai réalisé de bons résultats sur la brique, mais j'ai toujours préféré le dur en plein air. Ce qui est remarquable à Paris, je trouve, c'est qu'ils ont réussi à faire des séances de qualifications une semaine du tournoi à part entière, on a l'impression que c'est rempli partout, il y a certaines retransmissions télé, on joue des matches sur le Suzanne Lenglen, c'est vraiment Roland Garros, pas une compétition annexe.
 
"Le plus grand souvenir de ma carrière"
  
Q. Germain, dix ans déjà, que le temps passe vite !
 
R. Je n'ai rien oublié. J'étais dans une situation un peu comparable à celle de Gauthier aujourd'hui, 208e mondial. A mes yeux, Roland Garros c'était le Graal absolu, j'en avais vraiment rêvé. Je ne sais plus quel fut le plus grand moment, du troisième tour de qualification face à Alejandro Falla, un Colombien, un vrai "terrien", qui avait été 48e mondial, ou du premier en tableau final contre Richard Gasquet sur le Lenglen. J'aurais tout aussi bien pu hériter d'un très bon joueur peu connu sur un petit court, cela n'aurait pas brillé autant. En plus, il y a eu match, du moins dans les deux premiers sets (deux fois 6-4), avec des échanges accrochés, je l'ai même breaké deux fois, c'est un moment qui compte dans une vie quand on est passionné de tennis et qu'on en a fait son métier.
 
Q. Depuis cette année, on vous voit donc de temps en temps au côté de Gauthier Onclin sur le circuit...
 
R. Avec la montée en gamme de Raphaël Collignon, Gauthier ne joue plus aussi souvent les mêmes tournois que lui et n'a plus la même aide pour le suivi en compétition, il a donc besoin d'un soutien logistique à certains moments. Comme je travaille de la même manière avec le Britannique Daniel Evans, qui a un peu le même classement que lui pour l'instant, j'essaie de me partager entre les deux. Pour ces qualifications de  Roland, je les ai même tous les deux ensemble, en croisant les doigts pour qu'ils ne doivent pas jouer l'un contre l'autre ou en même temps (sourire). L'avantage c'est que je suis assez proche de Steve (Darcis) avec lequel Gauthier continue de s'entraîner, on est sur la même longueur d'onde et généralement d'accord sur tout.
 
Q. Maintenant que vous travaillez régulièrement ensemble, comment voyez-vous son avenir ?
 
R. J'étais avec lui à Zagreb. Le fait est que c'est lui qui a relancé son adversaire au lieu de "tuer" le match. Il lui arrive d'avoir des baisses d'intensité, mais surtout il perd trop vite confiance. Il se voit en dessous de ce qu'il est capable de faire. Il a déjà réalisé de super résultats, battu de très bons joueurs, il a un super retour et un super coup droit, mais il a un peu tendance à se dévaloriser, à considérer certains aspects de son tennis - son service et son déplacement par exemple - comme nuls alors que ce sont seulement des points faibles à travailler et auxquels il faut essayer d'adapter intelligemment son jeu. Il peut encore monter dans la hiérarchie, il n'est certainement pas à son plafond, mais il doit lui-même en prendre conscience. M'étant trouvé moi-même dans des situations proches de ce qu'il vit, je suis peut-être plus à même de l'aider.
 
 Un gros morceau dès le premier tour

 
"A Roland Garros plus qu'ailleurs, avoir un peu de chance au tirage est intéressant", nous disait Gauthier Onclin, "tout le monde est là, même ceux qui n'aiment pas la terre battue, si on peut éviter l'un ou l'autre spécialiste ce n'est pas plus mal."
Malheureusement, ce ne sera pas son cas. Dimanche soir, le tirage au sort lui a, en effet, attribué l'Argentin Juan Manuel Cerundolo comme premier adversaire, soit le jeune frère de Francisco, 18e à l'ATP, dont la terre battue et Roland Garros sont la surface et le tournoi préférés. Le garçon de 23 ans, qui a atteint la 79e place mondiale début 2022, pointe pour l'instant à la 115e place mondiale. Il reste aussi sur un coup d'éclat lors du récent Masters 1000 de Madrid. Sorti des qualifications, il n'a été éliminé que par Daniil Medvedev après avoir "sorti" le Hollandais van de Zandschulp, l'Américain Kovacevic et le Canadien Auger-Aliassine.
Un gros morceau donc, mardi, pour Gauthier qui n'en garde pas moins toutes ses chances face à un adversaire qu'on a le plus généralement croisé en tournois Challenger jusqu'ici.
 
 

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