Les Belges à Wimbledon : ce qu'ils en disent
Coup d'envoi du troisième Grand Chelem de l'année ce lundi sur le gazon de Wimbledon, avec six Belges sur la ligne de départ, quatre lundi, deux mardi. Sur le papier, ils/elles n'ont pas hérité de tâches insurmontables, mais pour certains d'entre eux c'est déjà une victoire d'être là. Tour d'horizon avec les intéressé(e)s qui ont répondu aux questions de Filip dewulf, envoyé spécial de Tennis Belgium
Greet Minnen (27 ans, WTA 70), lundi, 2e match à partir de 12 h sur le court 4, face à l'Australienne Olivia Gadecki (23 ans, WTA 103).
"Je n'ai pas à me plaindre de ma saison sur gazon. J'ai déjà joué une dizaine de matches sur herbe, et c'est toujours bien avant d'aborder un Grand Chelem comme Wimbledon, cela donne confiance. D'autant que j'ai commencé début juin en remportant le premier tournoi WTA de ma carrière, à Birmingham. Une belle semaine. J'aime quand les courts sont rapides, mais j'ai l'impression qu'ici ils le sont moins qu'avant, pour qu'il y ait plus d'échanges pour le public, mais c'est aussi plus intense et exigeant pour nous. J'apprécie surtout l'ambiance générale, on peut louer une petite maison dans les environs, c'est plus agréable qu'à l'hôtel. Surtout que je vais bientôt me marier, ce n'est pas le genre d'événement facile à harmoniser avec le calendrier sur le circuit, mais c'est ma copine qui s'occupe de tout, no stress... jusqu'ici (sourire). Pour ce premier tour, j'aurais pu tomber plus mal, c'est clair. J'ai déjà rencontré cette Australienne une fois (victoire sur un double 6-3 en avril 2024 à Stuttgart, ndlr) mais c'était sur terre battue. Je sais que ce sera très différent, elle est grande, elle sait servir, elle a de bonnes frappes, elle peut bien jouer sur gazon, il ne faut surtout pas croire que c'est joué d'avance. Mon rêve serait d'atteindre au moins une fois la deuxième semaine d'un Grand Chelem, c'est pour cela que je travaille toutes les semaines, ici ce serait formidable mais ailleurs ce serait bien aussi."
Yanina Wickmayer (35 ans, WTA 762), lundi, 3e match à partir de 12 h sur le court 9, face à la Mexicaine Renata Zarazua (27 ans, WTA 71)
"Si on m'avait dit quand j'avais 12 ou 13 ans que je finirais ma carrière à Wimbledon après y avoir participé à quinze reprises en tableau final, je n'y aurais certainement pas cru", explique Yanina, qui boucle cette fois définitivement la boucle sur l'herbe anglaise. "Je le prends comme un cadeau à savourer, mais cette fois à ma manière, en me concentrant sur mon boulot, en me battant sur le court, pas comme je l'ai fait à Roland Garros. J'aime aussi cette ambiance particulière, un peu cottage, j'ai de super souvenirs ici, comme le 1/8e de finale contre Kvitova qui était super forte et a gagné le tournoi, ou ma première qualification pour un Grand Chelem en tant que maman, c'était super émotionnel. Mon adversaire, je ne la connais guère plus que vous, je sais juste que Greet (Minnen) vient de la battre en qualifications à Eastbourne, c'est toujours bon à savoir. Quand on regarde l'âge et le classement, c'est sûr que la pression sera plutôt sur ses épaules que sur les miennes."
Zizou Bergs (26 ans, ATP 50), lundi, 2e match à partir de 12 h sur le court 7, face à l'Africain du sud Lloyd Harris (28 ans, ATP 320)
"Même s'il y a eu des hauts et des bas, je suis vraiment content de ma préparation sur gazon", annonce le Limbourgeois. "J'ai atteint la finale à Rosmalen. Ensuite, j'ai le sentiment que Halle est arrivé trop vite pour moi, physiquement et mentalement. J'ai pris un peu de repos, et durant ce laps de temps on a un peu retouché mon service avec le staff, pas grand-chose, mais cela demande toujours un peu d'adaptation. A Eastbourne, tout a bien fonctionné au premier set contre Fonseca, mais par la suite c'est devenu plus difficile à gérer mentalement... penser au service, mais aussi au point à gagner dans la foulée... il fallait un peu de temps et quelques matches d'entraînement. Là, je me sens prêt, j'ai envie et j'ai confiance. Lloyd (Harris) a connu pas mal de blessures, il ne faut pas trop se fier au classement, c'est toujours un très bon joueur, surtout sur gazon, il sert très bien, je vais devoir batailler, mais je crois que je peux faire quelque chose cette année à Wimbledon. Depuis que je suis entré dans le top 100 il y a un an, je trouve que cela se passe plutôt mieux que prévu. J’ai gagné en expérience et battu beaucoup de bons joueurs. C’est encore parfois difficile face au Top 30, même si j’ai signé ma première victoire contre Rublev, mais je cherche sans cesse à aller le plus haut possible."
Elise Mertens (29 ans, WTA 23), lundi, 4e match à partir de 12 h sur le court 16, face à la Tchèque Linda Fruhvirtova (20 ans, WTA 148)
"C'est mon dixième Wimbledon, cela me fait déjà quelques souvenirs dans le plus beau club de tennis au monde", sourit la Limbourgeoise. "J'ai atteint deux fois le quatrième tour ici (éliminée par Barbora Strycova demi-finaliste contre Serena Williams en 2019 et par Ons Jabeur finaliste face à Rybakina en 2022, ndlr) avec des opportunités d'aller plus loin. Parfois, le tennis peut se jouer à rien. Dans les deux sens. Je me souviens qu'en 2022, j'avais aussi sauvé deux balles de match au 2e set face à Panna Udvardy juste avant que la partie ne soit interrompue par l'obscurité, le lendemain j'avais gagné en trois manches. De belles choses peuvent encore se produire. Cette année, il y a certes un petit manque dans mes résultats en Grand Chelem, mais, en Australie, contre Pegula c'était compliqué et, à Paris, Boisson est allée en demi-finale. En revanche, j'ai remporté deux titres WTA (Singapour, Rosmalen) dont un sur gazon, et j'ai joué une finale. Parfois, en Grand Chelem, le match le plus dur c'est le premier, après on peut grandir dans le tournoi où je n'ai pas beaucoup de points à défendre cette année (deuxième tour l'an dernier, ndlr). Je me souviens avoir affronté Fruhvirtova il y a trois ans (Elise avait perdu en trois sets sur dur à Miami, ndlr), c'était un grand talent en devenir. Depuis, elle a un peu disparu, et je ne l'ai plus trop suivie. Je sais que Greet (Minnen) l'a battue en finale à Birmingham il y a trois semaines, je compte bien regarder son match attentivement."
Raphaël Collignon (23 ans, ATP 87), mardi, face à Marin Cilic (36 ans, ATP 83)
"A Hambourg, quand je me suis cassé le doigt, je ne pensais pas que je pourrais jouer ni Roland, ni Wim", rappelle le jeune Liégeois. "Au final, dans mon malheur, j'ai quand même eu une bonne nouvelle lorsqu'on a constaté qu'il y avait seulement arrachement, pas déplacement, donc pas d'opération. Ce n'est qu'il y a deux semaines que j'ai pu recommencer à m'entraîner, encore fallait-il voir comment j'allais réagir, je n'avais toujours pas touché la raquette. J'ai vraiment commencé à jouer à fond il y a une semaine et demi. J'ai tapé la balle trois ou quatre fois avec David (Goffin) à Liège sur dur, et je suis venu ici dès mardi pour prendre mes marques, il y a deux ans que je n'avais plus joué sur gazon. Au fur et à mesure, c'était de mieux en mieux, je ne mets même plus de "tape". Avec mon service, c'est une surface que j'adore, je suis capable de bien bouger, le rebond ne me dérange pas trop. Je ne me rendais pas compte à quel point c'était beau ici. Je vais essayer d'en profiter. C'est mon premier tableau final en Grand Chelem, il n'y a pas trop d'attentes, je n'ai plus disputé un match depuis plusieurs semaines, je n'ai pas beaucoup de repères, ni de rythme. Quand tu t'attends à ne plus jouer pendant longtemps, tu mets un peu ton cerveau en off, tu ne penses plus au tennis. Donc, il faut se réhabituer. Ce sera une belle expérience de jouer un mec qui a déjà gagné un Grand Chelem et atteint la finale ici. C'est la première fois que cela m'arrive. Cilic c'est une super carrière, un ancien N.3 mondial. Il n’est plus à son prime, mais il a regagné beaucoup de matches ces derniers temps et est revenu dans le Top 100. Ce n'est plus le Cilic d'avant, mais cela reste un gros morceau sur gazon, son jeu s’y adapte très bien. Il va falloir que je sorte le meilleur match possible, en même temps je dois prendre tout ça comme un bonus."
David Goffin (34 ans, ATP 63), mardi, face à l'Australien Rinky Hijikata (24 ans, ATP 87)
"Moi aussi, je reviens juste à temps", enchaîne David à l'arrêt depuis plus de deux mois. "Au départ il était quasi impossible que je sois prêt pour ce tournoi, mais on a tout fait à fond, soins, travail, hygiène de vie, pour que la cicatrisation de la blessure occasionnée à Madrid se fasse le plus rapidement possible. Et finalement cela a été plus vite que prévu, après la dernière IRM j'ai pu reprendre sans douleur. Physiquement, il n'y a plus de souci, tennistiquement je n'ai pas touché la raquette entre fin avril et deux semaines d'ici, on va dire que je peux toujours bien jouer mais que je ne suis pas affûté. Sur le coup, je me suis posé des questions quant à la suite de ma carrière, j'ai senti la voûte plantaire lâcher, elle était déchirée à 80 %, si elle l'avait été à 100 % pas sûr que j'aurais pu poursuivre. La victoire c'est déjà d'être là. Ma fille et ma femme sont avec moi. Je joue aussi le double avec un de mes meilleurs amis, Alexandre Muller, on s'entraîne souvent ensemble dans le sud. Je sais que je n'ai plus dix Wimbledon devant moi et on va faire le maximum pour que ce soit bien, mais c'est une des première fois où je n'ai pas vraiment d'attentes. J'ai pu jouer deux matches d'exhibition pour me remettre dans le bain, les premiers depuis fin avril, et j'ai de l'expérience pour gérer, si on veut, mais au fond c'est une situation que je n'ai jamais connue. Aborder un Grand Chelem avec trois entraînements cela ne m'est jamais arrivé, je pense que si cela avait été un autre tournoi je n'aurais pas repris aussi tôt. J'espère surtout pouvoir me lancer pour la suite de l'été aux Etats-Unis. Je joue contre quelqu'un avec lequel il y aura des échanges et la possibilité de tenter quelque chose. Je l'ai affronté à trois reprises, les deux fois où j'étais bien ont été à mon avantage, mais en début d'année, quand je n'étais pas encore dans le rythme, cela avait été complètement pour lui".
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