Le message du président français à André Stein : "Une injustice est réparée"
Au delà des joueurs et du staff sportif, compte tenu de l'ampleur et du coût du voyage vers le Brésil, la délégation belge n'était pas très nombreuse à Uberlandia pour vivre un grand moment de sport belge. Sur place, le président fédéral André Stein témoigne de l'esprit exemplaire qui a régné tout au long de la semaine et nourri un exploit aussi inattendu que retentissant.
Se qualifier au Brésil pour la phase finale de la nouvelle Coupe Davis sans même devoir disputer le cinquième match, avec une équipe décimée à laquelle on n'accordait guère de chances, sinon aucune, méritait bien une petite fête samedi soir, entamée dans un restaurant italien proche de l'hôtel. "Cela valait que l'on s'y arrête un instant", souriait le capitaine Johan Van Herck, "même si la vie continue, si la roue continue de tourner." Ainsi dès dimanche matin, le tandem Vliegen/Gille prenait déjà le chemin de Cordoba pour y disputer un tournoi ATP 250, tandis qu'à 18 h 15, heure locale, tout le monde remontait l'avion pour Bruxelles... avec déjà le France-Belgique de Fed Cup le week-end prochain dans la tête du capitaine et du staff. Rien de tel pour arriver à Liège avec un moral de vainqueur ! Les filles ne voudront évidemment pas faire moins bien que les garçons...
"Le Kimmer que l'on espérait depuis des années"
Q. Président, on vous attend ce lundi à 17 h 15 sur le tarmac belge après 20 heures de voyage, et mardi matin tout le monde sera déjà sur le pont au Country Hall... dans quel état ?
R. Quand on gagne, on oublie la fatigue. J'ajoute que, pour un tel déplacement, on a fait les frais de sièges business, c'était nécessaire, ne fut-ce que pour ma propre santé (sourire). On va donc pouvoir se reposer et dormir dans de meilleures conditions. Je crois qu'on va tous débarquer à Liège gonflés à bloc.
Q. Quel est votre sentiment en quittant le Brésil ?
R. Je ne cache pas que c'est un des plus beaux souvenirs de ma carrière qui en compte quelques uns. Il y a toujours eu une bonne ambiance dans l'équipe belge ces dernières années, mais là elle était vraiment exceptionnelle, vu les circonstances j'étais au plus près de l'équipe, j'y ai vu chez tous un mélange exemplaire d'intensité, de professionnalisme mais aussi de gentillesse et de correction. Il a fallu attendre un peu pour le champagne... parce qu'on ne l'avait pas prévu et qu'à Uberlandia on n'en trouve pas à tous les coins de rue, mais il régnait une belle et douce euphorie dans ce vestiaire. Ce qu'ils ont réalisé là, aussi bien les gars du double que Coppejans (il avait les larmes aux yeux en pensant à son père décédé l'hiver dernier, ndlr), est tout bonnement fantastique, on a vu le Kimmer que l'on espérait depuis des années.
"Ils ne regretteront pas d'y être allés"
Q. A présent, la prochaine échéance c'est Madrid et sa phase finale du 18 au 24 novembre, soit dit en passant la plus mauvaise date possible pour les joueurs. Qu'adviendra-t-il de ceux qui ont fait le job ce week-end si les piliers traditionnels reviennent ?
R. Vous savez c'est très loin, et je vous assure qu'il n'a nullement été question de ça, ni même d'argent, samedi soir. Bien sûr, on veut toujours aligner la meilleure équipe possible, en même temps on a tous appris des choses cette semaine, ce que je peux vous garantir c'est que ceux qui ont qualifié la Belgique ne le regretteront pas. Nous fonctionnons désormais avec un système de points obtenus durant la saison, et quoiqu'il arrive ils auront la part qu'ils méritent dans le prize money qui sera distribué aux joueurs après la phase finale. Ils ne regretteront pas d'être allés au Brésil (sourire), c'est grâce à eux que la Belgique se retrouve en phase finale et qu'elle reste dans le groupe mondial.
"On sera tête de série"
Q. On a déjà évoqué les montants importants qui seront en jeu lors de cette phase finale, pour les joueurs mais pas seulement, ils changent tout pour la fédération également...
R. Ce n'est pas un secret. Les chiffres bruts ont été écrits noir sur blanc sur le site officiel. Au minimum, soit la participation aux six poules de trois nations dans lesquelles la Belgique sera tête de série, il y aura 600.000 dollars pour les joueurs, 300.000 pour la fédération, et les sommes allouées augmenteront à chaque stade de l'épreuve (quart de finaliste 1,28 millions/600.000; demi-finaliste 1,5 million/750.000; finaliste 1,75 millions/844.000; vainqueur 2,4 millions/1,06 million, ndlr). Bien sûr, nous aurons pas mal de frais à assumer, mais la différence n'en est pas moins considérable avec un barrage pour éviter la relégation qui aurait creusé un déficit de 70 à 100.000 euros, nous devons également songer aux années qui suivent et qui peuvent être moins avantageuses.
"Je ne suis pas dupe d'une certaine hypocrisie"
Q. Des réactions en provenance de l'étranger vous ont fait plaisir ?
R. Je voudrais d'abord saluer la manière dont nos hôtes ont accepté notre victoire et nous ont félicités, alors que nous étions très peu de Belges sur place. L'ambiance dans la salle était 100% brésilienne mais pas vraiment hostile, il y a bien eu quelques huées et tentatives de déconcentration, mais je m'attendais à bien pire ici, c'était assez bon enfant. Immédiatement après la rencontre, j'ai reçu un message de félicitations du président de la fédération internationale David Haggerty qui reconnaissait que, selon la règle, nous aurions dû obtenir une wild card pour la phase finale. Je ne suis pas dupe d'une certaine hypocrisie (sourire). Quant au président de la fédération française Bernard Giudicelli, son message disait : "c'est bien, une injustice est réparée."
Tirage le 14 février
"On sera assez vite fixés sur le nom des adversaires que l'on rencontrera dans notre groupe en phase finale", conclut le président Stein. Et pour cause, le tirage au sort aura lieu le 14 février en début de soirée à Madrid. France, Croatie, Argentine, Belgique, Grande Bretagne et USA, soit les six premiers au ranking, sont en principe les têtes de série, les autres participants et qualifiés étant Espagne, Australie, Canada, Chili, Colombie, Allemagne, Italie, Japon, Kazakhstan, Pays-Bas, Russie et Serbie. Rien que du beau monde, reste à savoir quels ténors du circuit seront bien au rendez-vous.
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