Le TC Couvin attend des jours meilleurs pour fêter ses 50 ans
C'est en octobre 1970 que le TC Couvin a vu le jour, à une époque où le tennis n'allait pas tarder à se populariser dans le sillage de Bjorn Borg et de sa raquette Donnay, la firme couvinoise dont le nom a été longtemps associé au club. Les temps changent, mais, du haut de ces 50 années d'existence, on peut désormais arborer le titre de Royal au bord de l'Eau Noire. En revanche, pour célébrer dignement l'événement on est bien sûr contraint d'attendre que la situation sanitaire s'améliore.
Borg
Jacquy Mathy, qui fut secrétaire du club de Couvin durant 22 ans et qui en est un peu devenu la mémoire, a retrouvé un article de l'hebdomadaire local "L'Echo des Vallées" décrivant une rencontre disputée en juillet 1946 "devant une foule clairsemée et frileuse" (sic). On a donc joué au tennis à Couvin bien avant l'avènement du club qui nous occupe - et même dès... 1883 d'après notre "historien" - mais ceux qui seraient susceptibles de s'en souvenir ne sont sans doute plus de ce monde. On peut dire que la véritable création du TC Couvin, le 1er octobre 1970, alors que Liège/Namur/Luxembourg ne formaient encore qu'une région tennistique et que le club le plus proche était Dinant, précède de peu la "belle époque" qui a vu le tennis, jusque là réservé à "une certaine classe sociale", se populariser auprès d'un public plus large, dans le sillage télévisé de Bjorn Borg ou de John McEnroe entre autres. C'est également la période de gloire du légendaire fabricant de raquettes qui a attiré à Couvin les meilleurs mondiaux. Après Rod Laver ou Margaret Court et avant Henri Leconte, Guy Forget ou Andre Agassi, Borg a ainsi joué avec une "Donnay" (en bois) de 1975, au lendemain de son premier triomphe à Roland Garros, jusqu'au terme de sa carrière en 1983, bardé il est vrai, fin des années 70, d'un contrat de 600.000 dollars par an plus royalties...
Donnay
"J'ai moi-même vu Pat Cash s'entraîner à Couvin, où le club lui avait été réservé, la renommée de ce petit coin du Namurois, aux confins du Hainaut, était alors mondiale", dit Jacquy Mathy. "Pendant un moment, le tennis a vraiment vécu chez nous dans l'ombre de Donnay, dont le directeur général Guy Pignolet fut président du club durant dix ans et dont les cadres formaient l'essentiel des membres, déjà au nombre de 180 en pleine apogée. Les terrains étaient occupés tous les jours, comme la cafétéria, lieu de rendez-vous de bon ton de "l'after boulot". Au début, c'était assez fermé, il fallait même deux "parrains" pour être accepté. Après les choses ont changé, mais il a fallu attendre la première faillite de la firme pour qu'une école de tennis voie le jour pour les jeunes des environs, ce que j'appelais de mes voeux." D'abord situé dans le parc Saint-Roch en face de l'usine Donnay, déménageant ensuite à Frasnes, le club s'est définitivement implanté au sein de la plaine des sports couvinoise lorsque la transformation de la Nationale 5 en voie à quatre bandes l'y a forcé. Aujourd'hui, il propose quatre terrains extérieurs, un cinquième couvert, et un club house accueillant... du moins quand les contraintes sanitaires permettent d'y avoir accès.
Covid
50 ans après sa création, le RTC Couvin vit bien et continue de se développer, présentant aujourd'hui un visage rajeuni et moderne. "On avait plein de projets pour célébrer ce bel anniversaire, et en faire un petit événement, pourquoi pas sous chapiteau, avec concert, en réunissant justement quelques "anciens" qui ont fait notre histoire et sont éparpillés un peu partout, mais comme tout le monde, on est victime du virus", confie le président actuel Benoît Visart. "Pour l'heure, on doit se contenter d'ajouter fièrement "Royal" à l'intitulé du club en attendant que l'horizon s'éclaircisse en 2021." Infirmier (urgentiste) de profession comme sa femme, il sait de quoi il parle, d'autant qu'il n'a pas échappé à la maladie lui non plus. "Dans mon métier, on en voit forcément de toutes sortes, des accidents de la route, des gosses amochés, mais là c'est différent, on n'est pas préparé à vivre dans un stress épouvantable qui dure comme ça, en croisant les doigts pour qu'il n'y ait pas de casse. Au niveau du club, c'est le cas. Notre trésorerie est saine, nos réserves sont suffisantes. On a été les premiers à pouvoir organiser un tournoi l'été dernier, avec 101 inscrits. Ceux qui ne jouent que les interclubs ont été exemptés de leur cotisation mais, en été, on a enregistré une quinzaine de nouveaux adhérents. L'intercommunale ne nous fait pas payer la salle cet hiver si on ne peut pas l'utiliser. On s'occupe nous-mêmes du club-house, donc pas de gérant en difficulté, et on a épargné 4000 euros en n'engageant pas de firme pour refaire les terrains en brique pilée au printemps. Pour une fois les membres du comité, confinés, avaient un peu de temps à y consacrer. Bref, on a pu totalement limiter les dégâts."
Nationale 1
Le dynamisme du club doit sans doute beaucoup au fait que ses dirigeants, dont vous trouverez les noms ci-dessous, forment avant tout un vrai groupe d'amis. Déjà le trésorier Olivier Lambert et la secrétaire Sabrina Gautier sont mari et femme, alors qu'il y a une tournante à la présidence qui change de titulaire tous les quatre ans, Olivier Michaux de 2009 à 2012, Joffray Hurion de 2013 à 2016, et Benoit Visart depuis 2017. En temps normal, quelques 80 élèves suivent régulièrement les cours de tennis, sur un total d'environ 180 membres. "Pas trop mal pour un petit club", sourit le président, "c'est même un gars formé chez nous, Louis Lecomte, niveau 2 AFT, qui a repris l'école. Il fait également partie de l'équipe juniors/vétérans (plus de 35 ans), l'autre fierté du club puisqu'elle évolue en division 1 nationale dans sa catégorie. Ce sont des joueurs de la région qui ne touchent pas un sou et affrontent de plus grosses pointures, anversoises ou bruxelloises, qui ont parfois un passé quasi pro, ils mériteraient plus de public. Ce n'est pas faute d'avoir essayé d'en faire la publicité dans différents médias (sourire)." Au total, le RTC Couvin aligne 22 équipes d'interclubs, de tous âges, et il lui arrive parfois de se sentir à l'étroit. "Un deuxième terrain couvert figure dans nos priorités, avec les subsides d'Infrasport, mais tout est un peu au frigo en ce moment, on va aussi essayer d'améliorer le confort de jeu, installer un éclairage led, un arrosage automatique, renouveler nos tenues", conclut Benoît Visart. Voilà un club quinquagénaire qui a plutôt l'air plein de vie, pour ne pas dire dans la force de l'âge.
La composition du comité : Benoit Visart, président; Olivier Michaux, vice-président; Olivier Lambert, trésorier; Sabrina Gautier, secrétaire; Joffray Hurion, Sylvie Leleu, Jérôme Helin, Laurent Dubuc, Séverine D'Hulster, Jonathan Bertrand, Roman Cooren, Perrine Couvreur, Céline Collet, Bernard Toussaint.
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