La belle semaine liégeoise en Italie
Un quart de finale 100 % belge en tournoi ATP Challenger, Raphaël Collignon pour la première fois en finale à ce niveau, le duo Onclin/Collignon assuré d'une place en qualifications à Roland Garros, on peut dire que ce fut une belle semaine liégeoise dans les Abruzzes. Elle aurait pu être plus belle encore.
C'est un premier objectif atteint pour les deux jeunes pros du team AFT de Steve Darcis, ils vont pouvoir goûter pour la première fois, fin mai, à l'ambiance Grand Chelem lors des "qualifs" de Roland Garros, expérience enrichissante s'il en est. Respectivement 211e et 214e mondiaux, Raphaël Collignon et Gauthier Onclin pourront y jouer crânement leur chance, ils n'auront rien à perdre. "Je préfère dire qu'ils auront tout à gagner", rectifie Ananda Vandendoren, le coach AFT qui les accompagne. L'autre objectif à court terme pour les deux garçons, c'est le Top 200 mondial, ils y sont presque. "Ce ne sont que des chiffres qui ne m'intéressent pas vraiment", dit Ananda, "ce qui compte c'est qu'avec Zizou (Bergs), qui aura 24 ans début juin, Raphaël, 21 ans, et Gauthier, 22 ans, on arrive à former un bon trio de relève pour le tennis masculin belge. A quel niveau, difficile à dire comme ça, mais il y a du potentiel."
Moins dans la réaction
Ce week-end, deux d'entre eux disputaient une finale de tournoi ATP Challenger. Zizou Bergs l'a emporté, à Tallahassee aux Etats-Unis, accrochant son cinquième succès à ce niveau, pour remonter 132e à l'ATP lui qui ambitionne de s'installer enfin dans le Top 100 cette année. Raphaël Collignon aurait pu l'imiter au Challenger des Abruzzes en Italie, s'inclinant au tie-break du troisième set après avoir eu l'avantage dans les trois manches. Ou comment conclure une belle semaine dans la frustration. S'il est déjà devenu plus performant au niveau du mental et de la maîtrise des émotions, c'est définitivement un domaine dans lequel le Liégeois devra encore progresser avec l'âge et la maturité s'il veut passer le cap que son bagage tennistique, son 1 m 93, et sa force de frappe laissent entrevoir. On se répète, et il le sait. "Ne pas être dans la réaction dans les moments importants, quand la pression monte", disait-il, "je pense m'être déjà amélioré sur ce plan, mais j'ai peut-être encore manqué d'un peu d'audace pour conclure. Néanmoins, cette présence dans une première finale Challenger représente énormément pour moi, pas seulement en fonction de Roland Garros. J'ai connu une période compliquée avec très peu de victoires, cela commençait à me trotter dans la tête."
En pleine évolution
En résumé, lors de cette finale contre l'Autrichien Filip Misolic, 21 ans et désormais 126e mondial (il participe aux qualifications du Masters 1000 de Madrid ce lundi), un de ces joueurs de fond de court solide et régulier, difficile à déborder, "Raph" a remporté le premier set 6-4. Il a mené 4-2 dans le deuxième qu'il a perdu 5-7. Et il a encore pris l'avantage à 3-1 au troisième, avant de servir pour le match à 5-4, pour finalement perdre au tie-break lors duquel il est revenu de 2-5 à 5-5 pour s'incliner 6-8 au terme de plus de 3 h 15 de match. Rageant. "S'il n'était pas déçu après un scénario pareil, il y aurait de quoi s'inquiéter", conclut Ananda Vandendooren. "Il avait le match en mains, mais, dans le tennis moderne, il faut aller chercher les points. Le niveau qu'il sera capable d'atteindre dépendra de sa capacité à se libérer un peu plus, à oser attaquer dans les moments clés, il est sur la bonne voie mais c'est toujours un joueur en pleine évolution, cela doit lui servir. Ce premier tournoi sur terre battue n'était pas facile. Il a commencé sous la pluie et une température de 12°, pour finir au soleil avec 25°, ce qui change les conditions de jeu. On a eu droit à un bon quart de finale entre copains, et le vainqueur est allé en finale. Dans l'ensemble on peut effectivement parler d'une belle semaine."
Rendez-vous à Ostrava
La suite du programme permet d'un peu mieux saisir la vie de ces jeunes gens sur le circuit pro. Eliminé vendredi par Raphaël Collignon en trois sets (après avoir gagné le premier), Gauthier Onclin a eu un peu de temps pour ouvrir la voie en solitaire et précéder les deux autres à Ostrava en Tchéquie où la petite équipe disputera un deuxième tournoi Challenger avant Roland Garros. Ce fut plus précipité pour Raphaël et Ananda qui, après plus de trois heures de finale, ont voyagé trois heures en car dimanche pour rallier Rome, y passer la nuit, se lever aux aurores, prendre l'avion... pour la Pologne dont la frontière ne se situe qu'à une dizaine de kilomètres d'Ostrava, et enfin rejoindre la ville tchèque où Gauthier doit affronter ce mardi l'Ukrainien Sachko 268e mondial et Raphaël le Portugais Ferreira Silva 223e. "A la dernière minute, comme ça, c'était ce qu'il y avait de plus pratique", conclut le coach.
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