La belle quinzaine de Pierre-Yves Bailly pour clôturer sa première année chez les juniors
Ils ne sont pas si nombreux les garçons qui ont remporté un tournoi grade 1 (le niveau juste en-dessous des Grands Chelems) lors de leur première année chez les juniors. Depuis dimanche, c'est le cas de Pierre-Yves Bailly qui a intégré cette année le centre de formation AFT et avait déjà disputé le week-end précédent la finale d'un tournoi du même niveau. Prometteur.
Open d'Australie
Si vous avez la curiosité de jeter un oeil au classement mondial junior en ce début de semaine vous constaterez que pas moins de six Belges figurent parmi les 95 premiers. Encore une fois, cela ne signifie rien quant à une future carrière professionnelle. En même temps les performances ne tombent pas non plus du ciel, et on a rarement vu un Top 100 adulte qui n'en ait pas réalisé l'une ou l'autre dans la catégorie. "En tout cas ça fait plaisir", sourit Pierre Yves Bailly, "surtout à quelqu'un comme moi qui n'a pas forcément "full confiance" en lui, tous les matches étaient difficiles." Raphaël Collignon et Romain Faucon bouclant leur parcours junior respectivement aux 31e et 58e rangs et se lançant définitivement sur le grand circuit, c'est à l'aîné des frères Bailly et à Martin Katz, 17 ans, de prendre le relais en 2021. Début janvier, avec le classement "nettoyé" (donc sans les joueurs nés en 2002), ils se retrouveront tous deux en situation d'entrer en tableau final de l'Open d'Australie, Bailly aux environs du Top 10 et Katz de la 30e place, si tant est qu'ils puissent y aller bien sûr. "C'est mon rêve de toujours", croise les doigts Pierre-Yves qui, en remportant son premier grade 1, a gagné 28 places, finissant 30e mondial sa première année juniore.
A deux c'est mieux
Si Bailly a réalisé les meilleurs résultats - finale à Plovdiv et victoire à Villena, au sein de l'académie de Juan Carlos Ferrero -, Katz, actuel 95e mondial, qui n'a pas la même puissance mais prend la balle tôt, voit bien le jeu, avec un beau revers, a lui aussi progressé et fait évoluer sa manière de jouer, quart de finaliste à Plovdiv et deuxième tour perdu (6-7 au deuxième set) en Espagne face au meilleur junior local Barreto Sanchez, un an plus âgé, qui évoluait dans son cadre d'entraînement. Le fait que les deux garçons de 17 ans puissent voyager ensemble est évidemment un atout. "Et réussir une quinzaine pareille en ces temps anxiogènes, de la Bulgarie à Alicante, c'est chouette pour le coach aussi", souligne Julien Onclin qui les accompagnait, "ce furent des semaines éprouvantes, dans les conditions inconfortables que l'on connaît, avec deux tournois de niveau comparable à celui de l'Astrid Bowl. La Bulgarie était heureusement encore en zone orange quand on a débarqué, et on n'a même pas dû être testés. En revanche, en Espagne on l'a été dès notre arrivée, et, je ne vous mens pas, cinq minutes après on avait les résultats. Pour aller au bout des deux tournois, Pierre-Yves, qui a disputé dix matches en deux semaines dont un certain nombre en trois sets contre d'excellents joueurs, a affiché son potentiel et montré de belles ressources physiques comme mentales."
Un vrai Belge
Arrêtons-nous donc un instant au cas de Pierre-Yves Bailly dont on ne sait plus trop à quel point il est néerlandophone ou francophone et dont le milieu naturel se situe quelque part entre le Limbourg et la région liégeoise. La maman est originaire de Bilzen, où la famille s'est établie, et le papa de Seraing. Leurs garçons ont étudié en néerlandais et parlent couramment français. "J'ai passé la majeure partie de ma vie en Flandre, si l'on excepte la visite à mes grands-parents une fois par semaine", raconte Pierre Yves, "mais, à dire vrai, je ne me sens pas plus l'un que l'autre, on va dire que je suis un vrai Belge (sourire), j'ai des attaches des deux côtés et je les garde". Parlera-t-on un jour des Bailly comme on l'a fait des Rochus ? C'est tout le mal que l'on souhaite à Pierre-Yves et à son talentueux petit frère, Gilles-Arnaud, deux ans plus jeune. Dans un premier temps, tous deux ont préféré la structure privée de Genk, près de chez eux, à l'internat du centre de formation néerlandophone de Wilrijk. Gilles-Arnaud, 15 ans, s'entraîne d'ailleurs toujours dans l'excellente académie limbourgeoise avec Dries Beerden, de même qu'à Huy avec Jean-Pierre Faniel fort proche des deux frères, tandis que Pierre-Yves a opté cette année pour la filière complète AFT, laquelle aide aussi Gilles-Arnaud. "La proposition de Thierry Van Cleemput et de son staff était intéressante à tous points de vue. J'ai d'abord été deux jours par semaine à Huy, puis j'ai intégré la structure full time en septembre", confirme-t-il.
Coup droit
"Sportivement, le principal intérêt est de faire partie d'un bon groupe, homogène, compétitif, avec lequel il est certainement possible de progresser, et de bénéficier d'un encadrement performant, d'autant que l'an prochain je me focaliserai sur les grands tournois juniors et commencerai à disputer les tournois ITF15.000 dollars. Je me rends à Mons trois fois par semaine (et toujours deux fois à Huy). En revanche, je n'y vais pas à l'école. Je parle assez bien français mais pour le travail scolaire c'est un peu trop dur. J'étudie donc de mon côté, quand le tennis m'en laisse le temps, pour réussir mes deux dernières années d'humanité via le Jury Central." Et niveau tennis, comment voit-il l'évolution de son jeu ? "Je sais que mon arme principale, celle qui construit ou oriente mon jeu et fait des points, c'est mon coup droit, j'ai aussi un bon slice que j'utilise souvent. Quant à mon point faible, je trouve qu'il est surtout mental, je suis perfectionniste, je place la barre trop haut, et je m'énerve." Pour les deux juniors fédéraux, la saison 2020, ou ce qui en a tenu lieu, est désormais terminée. L'heure est d'abord au repos, puis à la préparation foncière et tennistique pour 2021 qui s'annonce super intéressant... si le virus veut bien ne pas glisser trop de grains de sable dans les cordages.
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