L'AFT Cup, là où les enfants sont rois
Ces 11 et 12 novembre, l'Association francophone de tennis se lance dans une aventure inédite avec l'organisation dans ses installations montoises d'une compétition interrégionale à l'intention des petit(e)s de 9 à 12 ans, une sorte de Coupe Davis pour les enfants. Tout le monde est sur le pont pour transformer une super idée en une festive et enrichissante réussite.
Détection
Le projet de relancer une compétition interrégionale est née ces derniers mois au sein de la direction sportive de l'AFT. Les plus anciens se souviennent peut-être du Challenge Vandewiele qui se disputait en été, à Ostende. "C'était un magnifique rendez-vous pour les 10/12 ans, où les sélections de toutes les régions belges se retrouvaient", explique Yves Beckers, tout frais directeur de cette AFT Cup, "les enfants logeaient sur place, il y avait une ambiance formidable." Le pédagogue liégeois - arrivé à l'âge de la pension début septembre mais toujours actif part time au niveau fédéral - se trouve comme un poisson dans l'eau au contact de ces juvéniles tranches d'âge sur lesquelles il continue de garder un oeil averti. La détection des talents en herbe a toujours été une de ses principales motivations. "A la base, je dois dire qu'on a eu l'idée de cette compétition pour dynamiser l'implication de nos quatre régions, et de leurs clubs, dans la recherche et le développement de leurs jeunes", continue-t-il. "On espère que l'animation autour de cette nouvelle organisation et l'émulation suscitée ainsi entre les régions se traduiront par un investissement plus grand. L'AFT a des antennes et est présente un peu partout, mais ses moyens sont ce qu'ils sont. Il y a certainement des enfants doués qui n'ont pas l'occasion d'évoluer comme ils le pourraient, et on voudrait qu'il y en ait le moins possible."
Convivialité
Dans la pratique, l'AFT Cup opposera donc les sélections garçons et filles de 9 à 12 ans, soit trois représentant(e)s par région dans chaque catégorie d'âge, au total 48 filles et 48 garçons. "Un rapide calcul indique que cela nous fait 48 matches par jour, sur 6 terrains, soit 8 matches par court, c'est énorme", sourit Yves Beckers. D'où le choix du Centre fédéral de Mons qui dispose à la fois du nombre de terrains indoor nécessaires et de quoi se loger, se nourrir, parce que les enfants dormiront deux nuits sur place, ou à l'auberge de jeunesse voisine. Pour certain(e)s il s'agira d'une première. Histoire de faire un peu plus Coupe Davis, il y aura même une cérémonie d'ouverture et un tirage au sort ce jeudi soir. Chaque région a son capitaine, son logo, son t-shirt. Ce seront les Raptors à Liège, les Lions au Hainaut, les Sangliers de Namur/Luxembourg, les Loups du Brabant. Demi-finales le vendredi et finale/consolation le samedi. "Tout le staff technique fédéral est mobilisé. On pourra voir à l'oeuvre les meilleur(e)s francophones, des enfants que l'on connaît déjà, d'autres dont on sait moins de choses", poursuit le directeur, "mais surtout on va soigner l'ambiance, la convivialité, et mettre en avant l'esprit d'équipe comme en Coupe Davis. Ces jeunes, adversaires toute l'année dans le sport le plus individuel qui soit, seront cette fois équipiers, apprendront à se connaître, seront supporters et même coaches l'un de l'autre. Le tennis en tant que compétition mais aussi comme leçon de vie, c'est important."
Parents
On peut évidemment s'attendre à voir pas mal de familles de ces p'tits bouts profiter des jours de congé pour accompagner et soutenir leurs rejetons, certains ayant déjà réservé leur chambre d'hôtel dans la région. Tout est prévu pour les accueillir dans le Centre fédéral montois, habillé de fête pour la circonstance, avec cafétéria et food trucks pâtes/burgers pour la bonne bouche. "Nous avons également un message à l'intention des parents", insiste le directeur technique fédéral Thierry Van Cleemput. "On a encore vu récemment dans les médias ce qui peut arriver quand un père pète les plombs vis-à-vis de sa fille (Thierry fait allusion à la vidéo atroce et révoltante d'un père de 50 ans d'origine chinoise se déchaînant et frappant sa fille sur un court de tennis serbe à l'entraînement, ndlr), malheureusement cela s'est passé dans notre sport mais il y a des fous partout. Les parents projettent beaucoup de choses sur leur progéniture, et c'est une activité très difficile de ne pas juger son fils ou sa fille. Le tennis est une dure école de vie, les enfants vont devoir faire preuve d'abnégation, se contrôler, donner le meilleur d'eux-mêmes, se stimuler parfois. Et que peuvent faire les parents... simplement les supporter, les comprendre, faire en sorte que ce soit un bon moment pour tout le monde. C'est ce que nous avons voulu nous-mêmes mettre en pratique avec l'AFT Cup. A la fin il y aura une région victorieuse bien sûr, mais le pointage final prendra en compte tous les matches, toutes les catégories. Gagner est important pour un sportif, mais tout n'en dépend pas. Moins de stress, plus d'amusement, ce sera notre leitmotiv lors de ces deux jours que j'espère un peu rock'n'roll." Deux jours où les enfants seront rois... sans pour autant que ce soient des enfants rois... nuance.
Capitaines
Comme indiqué plus haut, chaque région a donc un capitaine désigné à sa tête. C'est lui qui, depuis six mois, suit les tournois, les interclubs Ethias, se renseigne, organise des stages, pour présenter, au final, les douze filles et les douze garçons les plus aptes à composer sa sélection. Au total, ce sont 35 clubs de l'AFT qui compteront un(e) ou plusieurs représentant(e)s lors de ces deux jours. Si certains choix étaient évidents, d'autres l'étaient moins, notamment chez les filles qui ne se bousculent toujours pas en compétition. Peut-être l'engouement autour de l'AFT Cup donnera-t-il envie en même temps qu'un coup de pouce supplémentaire à tous ceux qui s'emploient depuis des mois à susciter des vocations. Entre capitaines et régions, une rivalité bon enfant (c'est le mot qui convient) s'est installée, et l'enthousiasme, voire l'excitation, des jeunes vis-à-vis de l'initiative semble unanime. Julien Chavatte pour le Hainaut, Gaëtan Rinchon pour le Brabant, Philippe Van Loo pour Liège et Guillaume Rivez pour Namur/Luxembourg sont les quatre piliers des sélections qui vont à la fois devoir conduire leurs jeunes troupes à la victoire... et prévenir autant que possible les joyeux chahuts dans les chambres. Dans un même contexte, chacun a sa manière. Philippe Van Loo a, par exemple, consacré une semaine de stage à ses sélectionnés, à raison de deux jours par catégorie, 5 heures par jour. "Je trouve le projet très positif. Il permettra de mieux suivre l'évolution des enfants. Je suis d'ailleurs d'avis de ne pas couper et de continuer le travail durant les tournois d'hiver", insiste Guillaume Rivez. "En étant clair avec eux, j'ai invité d'autres joueurs à venir s'entraîner avec la sélection. Cela permet d'élargir la base à des âges où l'on ne sait jamais de quoi l'avenir peut être fait", ajoute Gaëtan Rinchon. En cours de route, ont-ils déjà trouvé une pépite qui aurait échappé aux radars fédéraux ? "A ma connaissance, il n'y a pas de grosses surprises. A partir d'un certain âge on connaît la grande majorité de ces filles et garçons. Par contre dans les catégories 9 ou 10 ans il y a encore certainement des découvertes à faire", conclut Julien Chavatte.
Retrouvez ici toutes les infos sur l'événement.
Retour à la liste