Jules Dannevoye : le travail et la force de caractère récompensés
Repéré très jeune par l'AFT, Jules Dannevoye ambitionnait de rejoindre le Centre de formation de la fédération à ses douze ans, comme son copain Louis Mouffe, mais il n'a pas été sélectionné. La désillusion évacuée, il s'est remis au travail sur ses points faibles. Deux ans plus tard, il rejoint son ami namurois à Mons, et c'est mérité.
Coup droit
"Le cas de Jules illustre bien la philosophie de notre fédération", souligne le directeur technique AFT Thierry Van Cleemput. "Nous sommes au service des clubs, du tennis, et garants de l'argent de tous puisque nous sommes subsidiés. Nous devons parfois effectuer des choix en notre âme et conscience, mais nous n'en continuons pas moins à suivre tout le monde et ne demandons qu'à changer notre fusil d'épaule en cas d'évolution positive. Il y a deux ans, je sais que Jules avait mal vécu le fait de ne pas avoir été repris, mais il avait un gros problème de coup droit. Il a néanmoins persévéré, progressé à différents niveaux, coup droit, service, attitude, résultats en compétition, y compris à l'étranger... on l'a aussi invité à Mons quasi chaque semaine la saison dernière, et voilà... il a mérité ce qui lui arrive."
Elan mental
Le jeune Namurois de 14 ans n'est pas, comme d'autres, issu d'une famille où le tennis tenait déjà une place prépondérante. "Sa maman et moi on tape de temps en temps la balle pour le plaisir, mais c'est un milieu que nous ne connaissons pas vraiment", confirme le paternel David Dannevoye. "Concrètement, comme pour son frère, on a voulu dès l'âge de 3 ou 4 ans le mettre en contact avec des activités sportives et culturelles. Le football et le tennis ont rapidement pris le dessus. Il aurait voulu poursuivre les deux mais c'est surtout sur un court de tennis qu'il se sentait comme un poisson dans l'eau. A Géronsart, où il a eu Grégory D'Annibal comme coach, on a vite remarqué qu'il était doué. La fédération a commencé à le suivre, il a participé à tous ses rassemblements à Mons et à Huy. Quand son adversaire mais surtout son ami Louis Mouffe est parti au Centre en internat et lui pas, il a subi un choc, c'était fort. Durant trois mois, il a pensé qu'il ne valait plus rien, mais il a quand même voulu continuer, il a puisé dans ce contretemps un élan mental nouveau."
Jules a également, et peut-être surtout, été pris en charge par un nouveau duo d'entraîneurs, Marc Rousseaux à Ciney et Guillaume Rivez au TC Nathan à Hamois. "Nous étions sans doute la bonne solution pour lui", dit le second cité, "on s'est coordonné avec Marc durant ces quelques mois, on a travaillé ensemble une dizaine d'heures par semaine avec beaucoup de feed-back. C'est vrai qu'il y a deux ans la balle ne sortait pas de sa raquette, mais il s'est amélioré techniquement. Il est bien meilleur en coup droit et au service, il a grandi, même s'il n'est toujours pas encore si grand que ça (sourire). Il a travaillé physiquement avec Eric Delchambre, et il a mûri tactiquement. Quand il a une idée en tête, il sait s'en donner les moyens, avec une force de caractère au dessus de la moyenne. Début juillet, il a été sélectionné dans l'équipe belge des - 14 ans en Summer Cup avec Louis Mouffe, et il n'y a pas de meilleur endroit pour lui que le Centre de Mons pour progresser."
40.000 euros par an
Pour les parents - le père est directeur de communication au service médiation de la Région wallonne et de la Fédération Wallonie/Bruxelles, la mère magistrate à la Cour d'appel de Mons -, c'est également un soulagement. Ces deux années où Jules a poursuivi sur la même voie presque comme si de rien n'était n'ont pas été sans sacrifices. "On essaie de réduire certains frais. Je l'accompagne à l'étranger en télétravail même si je ne suis pas coach de tennis, mais je ne vais pas vous mentir, cours, équipement, inscriptions, tournois, hôtels, trajets, il faut compter de 35 à 40.000 euros par an, on oublie les vacances", sourit David Dannevoye. "Au fil des années, on a sillonné avec lui la Wallonie, la Belgique, puis l'Europe. On a créé une petite ASBL avec sa maman pour offrir des opportunités à notre fils, mais trouver des sponsors aujourd'hui... je ne vais pas vous faire un dessin." Jules Dannevoye, qui gagne aussi des tournois Messieurs 2 et des matches en Messieurs A, est classé actuellement B-15.
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