Johan Van Herck, l'interview : "Je m'attends un vrai match de Coupe Davis, comme à Bruxelles"
A la veille du Belgique-Australie de ce mercredi 18 h à Madrid (direct sur la VRT/Sporza), capital pour la qualification en quart de finale de la Coupe Davis nouvelle formule, on a rencontré le capitaine Johan Van Herck qui nous a à peu près tout dit... sauf le nom du "numéro deux" belge qui ouvrira le bal ce mercredi soir. Entretien.
"Aller dormir à trois heures du matin et rejouer le lendemain soir... c'est à revoir"
Q. Johan, la multiplication des matches et la programmation de cette folle semaine madrilène à dix-huit équipes font en sorte que certaines rencontres commencent à 18 h pour finir tard le soir ou tôt dans la nuit. L'Australie qui rencontrait la Colombie ce mardi soir doit rejouer le lendemain (contre la Belgique) toujours à la même heure, et le vainqueur de ce dernier match sera de nouveau en lice jeudi soir en quart de finale, comment une équipe et un staff gèrent-ils ce genre de situation ?
R. C'est dur. Nous avons joué lundi à 16 h, personne ne s'est mis au lit avant une heure du matin, et les deux joueurs de double se sont couchés plus tard encore, s'il avait fallu revenir disputer un match ce mardi cela aurait quand même été très juste. La fatigue était visible au petit déjeuner de 9 h. Or, ce mercredi le match est programmé deux heures plus tard, cela veut dire au lit à trois heures, avec un quart de finale jeudi soir si on se qualifie. Pour le corps ce n'est pas l'idéal, mais il faut faire avec, c'est le planning, on doit l'accepter... même si c'est quelque chose qu'il faudra revoir et si le fait que l'Australie finisse tard la veille soit plutôt un avantage pour nous (sourire).
Kyrgios or not Kyrgios ?
Q. Vous vous attendez à quoi, ou à qui, contre l'Australie, de Minaur et Kyrgios en simple, Thompson et Peer en double ?
R. Je crois que Kyrgios va jouer, mais je n'en suis pas certain. Millman a fait de bons matches en Coupe Davis, Hewitt sait qu'il peut compter sur lui, et il a plus joué que Kyrgios en fin de saison. Pour moi, de Minaur est une certitude, le double Thompson/Peer aussi. Quant aux deux autres peut-être Hewitt va-t-il alterner en fonction de l'heure à laquelle leur rencontre face à la Colombie se sera terminée, je tiens les deux options en compte.
"David peut gagner"
Q. Que pensez-vous de l'effectif adverse, et spécialement du match qui opposera de Minaur à David Goffin, l'Australien est 18e mondial mais le grand public ne le connaît pas forcément ?
R. Il a réalisé une super fin de saison, c'est un jeune qui progresse, qui est dur à jouer, mais c'est plutôt le genre de tennis que David aime, il va recevoir beaucoup de balles, va pouvoir diriger l'échange, être moins sous pression, du moins c'est ainsi que je vois les choses. Maintenant, l'Australien reste un mec qui défend très bien, qui est en confiance, qui peut se transcender pour son pays, qui va s'extérioriser au diapason avec Hewitt, ça va être compliqué mais je pense que "Dav" peut gagner. Quant à Kyrgios, on en dira ce qu'on voudra c'est un joueur hors normes, il a tout, c'est lui qui décidera jusqu'où il sera capable d'aller, s'il a envie c'est un des meilleurs du monde. Et quand il est en Coupe Davis, qu'il joue pour l'Australie avec Hewitt sur le banc, on l'a bien vu à Bruxelles il y a deux ans, il ne fait pas toutes ces conneries. Quant à Millman, c'est le mec qui est là à chaque point, qui se donne et ne rate pas grand-chose, belle intensité, super attitude.
"Parfois Hewitt te cherche"
Q. Quid du double ?
R. Les deux Australiens ne jouent pas toute l'année ensemble comme les nôtres, ils ont déjà gagné beaucoup de points pour leur pays mais je pense que Sander (Gillé) et Joran (Vliegen) ont montré lundi qu'on pouvait mettre n'importe quelle équipe en face d'eux. J'attends un vrai match de Coupe Davis, comme en demi-finale à Bruxelles, serré, Hewitt va se montrer, je vais me montrer, les joueurs vont se montrer, c'est le jeu, ce sera intense, il y aura beaucoup de tension, même si c'est dans un plus petit stade avec moins de monde, c'est toujours quelque chose de particulier. Hewitt est un grand nom du tennis et un bon capitaine, mais il a son tempérament, parfois il te cherche, il te lance des trucs, il l'a fait à Bruxelles, notamment pendant le double, il essaie de mettre la pression sur moi, sur l'équipe, c'est un peu ça aussi la Coupe Davis, il a sa façon de coacher, ce n'est pas la mienne, il faut l'accepter, il est sur le banc comme il était sur le court quand il jouait. A nous de rester concentrés sur ce que nous avons à faire.
"Le parfait David ne vient pas sur commande"
Q. David s'est entraîné un peu plus que les autres, c'était déjà mieux que la veille ?
R. C'était beaucoup mieux en effet, on sait ce qui s'est passé lundi, on en a discuté, on en discutera encore, je vais également avoir contact avec son coach Thomas Johansson pour en parler, à l'entraînement on voit qu'il se cherche mais que ça va mieux, bien sûr il y a l'émotion, le stress du match, c'est là qu'il va devoir le faire, mais encore une fois il est important d'essayer, on a tous parfois des jours où cela va moins bien, mais il faut quand même aller chercher au mieux ce qui est possible, c'est ce qu'il a fait lundi, dire que c'était bon, non, mais il faut aussi savoir gagner des matches comme ça, ne pas craquer mentalement, rester dans la partie, commencer à s'encourager, tout le monde, l'équipe, moi, on attend toujours le parfait David, mais cela ne vient pas sur commande.
"Steve avait Madrid comme unique objectif"
Q. Il y a une éternité que l'on n'avait plus vu servir Steve Darcis à 200 km/h...
R. Je pense qu'il avait dans la tête depuis longtemps d'être ici pour cette semaine finale, beaucoup de gens se sont demandés s'il serait prêt, à Anvers ce n'était pas bon, mais il n'avait qu'un objectif, très clair, à l'esprit c'était Madrid, y être au mieux de ses possibilités avec la blessure dont il souffre. Et le match qu'il a disputé lundi doit lui donner raison, il est prêt, il était nerveux, stressé, parce que la dernière fois qu'il a joué avec l'équipe ce n'était pas très bon (la finale de Lille qui lui est restée sur l'estomac, ndlr) mais sa prestation n'en a pas moins été très correcte, très stable, le Steve que l'on connaissait en Coupe Davis. Est-ce que du coup son bras va mieux ? Non, il a bien géré sur le court terme, avec le staff médical, on n'a rien changé à sa manière de servir, on a même augmenté la tension de sa raquette en raison de l'altitude madrilène, ce qui ajoute de la pression sur son bras, c'est juste lui qui se connaît bien et s'est préparé pour être ici à 100 %.
Retour à la liste