Joachim Gérard : troisième du Masters, mais privé d'Open d'Australie
Joachim Gérard n'a pas remporté le Masters pour la troisième année d'affilée. Notre numéro un en fauteuil roulant, qui a mis du temps à se remettre à la fois d'une opération à l'épaule et de ce que l'on appellera un petit creux mental, a néanmoins montré en Angleterre qu'il était sur la bonne voie en commençant par remporter ses trois matches de poule, face à l'Anglais Gordon Reid (ITF 4), au numéro un mondial argentin Gustavo Fernandez, et au Français Nicolas Peifer (ITF 5). Terminant forcément premier de ce groupe très relevé, il a affronté en demi-finale le jeune Anglais Alfie Hewett, 2e mondial à 19 ans à peine, qui, devant son public, s'est quasiment montré intouchable (6-0, 6-2). "Je n'ai pas grand-chose à reprocher à Joachim", reconnaissait pourtant son coach Marc Grandjean, "même si j'aurais voulu le voir un peu plus actif au premier set, il est resté calme et combatif, c'est surtout Hewett qui se trouvait véritablement sur un nuage, tout lui réussissait. Je ne suis pas déçu de ce que j'ai vu cette semaine."
Une place qui coûte cher
Le Masters a vécu une finale 100 % anglaise entre Hewett et Reid. "Quand on voit les moyens mis à disposition par la fédération britannique, on ne doit pas être étonné", continue Grandjean. Hewett y a confirmé sa forme "supersonique" en dominant son compatriote 6-3, 6-2. Joachim Gérard est donc tombé en demi-finale sur le "mauvais cheval", puisque dans la rencontre pour la troisième place il a dominé l'ancien incontournable numéro un mondial, le Japonais Shingo Kunieda, 6-3, 7-5. Ledit Kunieda n'en profite pas moins pour dépasser notre compatriote au ranking mondial ce lundi... ce qui prive malheureusement Joachim du Grand Chelem australien début 2018. On s'explique. Le Brabançon, redescendu 7e mondial, ne comptait avant le Masters qu'une cinquantaine de points d'avance sur le Japonais, qui retrouve son niveau après une très longue éclipse pour blessure et dont les points acquis lors de cette semaine anglaise sont du pur bonus puisqu'il n'a pas joué l'an dernier - alors que Joachim, lui, défendait son titre et ne pouvait donc rien gagner. Bref, le Japonais saute à coup sûr notre compatriote à l'issue de ce Masters, et relégué à la 8e place le Brabançon se voit éjecté du prochain Open d'Australie (où il avait fait demi-finale l'an dernier) puisque seuls les 7 premiers mondiaux sont qualifiés. "Il ne nous reste qu'à nous battre en 2018 pour retrouver notre place parmi ces sept meilleurs", résume Marc Grandjean, "ce ne sera pas facile vu l'opposition mais Joachim a montré qu'il était prêt à en découdre. Nous irons quand même en Australie, pour disputer les deux tournois préparatoires, à Sydney et Melbourne, il y aura des points à prendre." Frustrant.
"On va écrire l'Australian Open et à l'ITF"
"Oui on est frustrés, mais pas seulement", conclut le coach, "car cette dégringolade au classement est essentiellement due à une blessure, elle ne correspond pas au niveau sportif, on l'a bien vu ici. A l'ATP, dans ces cas-là, on peut faire appel a un classement protégé, à la fédération internationale (ITF) rien n'est prévu, le comble c'est que lors du Grand Chelem de Melbourne il va perdre des points sans pouvoir les défendre. Qui plus est, les Australiens s'accordent une wild card qui bénéficiera à Adam Kellerman, 128e mondial (il a été 8e en 2016, ndlr), lequel n'a disputé que douze matches cette année. Nous avons l'intention d'écrire à la fois à l'Australian Open et à l'ITF pour faire part de notre réflexion, cela ne changera sûrement rien dans l'immédiat, mais qui sait pour l'avenir... qui ne risque rien n'a rien. On a en tout cas eu la confirmation ici que le niveau du Top 10 a considérablement augmenté en deux ans, ils s'entraînent maintenant tous comme sur le circuit ATP, quand on voit tous les efforts qu'ils font, la qualité de ce qu'ils montrent, et ce qu'ils gagnent en prize money (55.000 euros pour l'ensemble des participants à ce Masters, ndlr), c'est quelque part honteux, tout le monde en parle."
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