Goffin sort Zverev et poursuit sur sa lancée
Quel plaisir de revoir le jeune papa enchaîner les matches, les victoires, face à des Top 50, Top 20, et même Top 5. Contre Alexander Zverev, mercredi à Shanghai, il a vraiment été brillant d'un bout à l'autre.
David Goffin n'a pas été ménagé ces dernières années, sur les réseaux sociaux les critiques ont souvent été cruelles, jusque dans l'excès. Début avril, lorsqu'il a choisi de poursuivre avec le seul Yannis Demeroutis comme coach, il s'est laissé bousculer, hors de sa zone de confort, pour une vraie remise à plat et à niveau. Un peu genre ça casse ou ça passe. Et on dirait que ça passe. Il vient d'aligner treize victoires sur ses seize derniers matches, il y a un moment que ce n'était plus arrivé.
Petit à petit
Ce qui se produit aujourd'hui, même si rien n'est jamais acquis et qu'il faut toujours remettre l'ouvrage sur le métier, semble être l'aboutissement d'un processus travaillé petit à petit dont on a vu des prémices à Roland Garros, puis à Ilkley et, même, à Wimbledon, où il a mené 5-0 face à Machac dans le dernier set. Un travail qui a cependant vraiment porté ses fruits lors de la tournée américaine: demi-finale à Winston Salem, troisième tour à New York. Après une intime parenthèse de bonheur avec la naissance d'une petite Emma, il a repris la raquette à Shanghai dans une certaine euphorie sur sa lancée US.
Désormais en quart de finale d'un Masters 1000 pour la première fois depuis plus de trois ans, il n'a encore perdu que deux sets en Chine, vainqueur de James Duckworth (ATP 75), de Lorenzo Musetti (ATP 18), de Marcos Giron (ATP 47) et d'Alexander Zverev (ATP 3).
Pour réussir de tels résultats, il faut avoir le niveau bien sûr, mais aussi la mentalité de "winner" qui vient avec la confiance. Contre Giron et Musetti, il s'est pris 1-6 dans le premier set, mais il a su renverser le match et s'imposer sur les points importants. Le match référence est évidemment celui de ce mercredi contre Zverev (6-4, 7-5), où il a mené le jeu de bout en bout, vif, audacieux, réussissant l'un ou l'autre coup magistraux, mais où il a également dû sauver une balle de deuxième set à 4-5, après avoir mené 4-2 et obtenu trois balles de break à 4-4. Il a surmonté ces contretemps comme si de rien était, pour conclure sur un jeu de service royal.
Un tel exploit face au troisiième mondial n'est pas passé inaperçu. Tennis Majors évoque ainsi "la renaissance" d'un Goffin "comme à la belle époque, agressif en retour de deuxième balle (62 % des pts), métronome du fond de court tout en prenant la balle tôt". On a même vu le Liégeois, dont ce n'est pas le point fort naturel, venir 30 fois finir le point à la volée, y réussissant à 27 reprises. "Ce résultat est une grosse surprise sur le papier, mais pas pour celui qui a vu le match", écrit L'Equipe. "Peut-être pas top physiquement, Zverev n'a pas résisté au jeu créatif de David Goffin qui a montré toute l'étendue de sa palette et l'a breaké quatre fois malgré ses 65 % de premiers services. Une juste récompense."
On imagine que le Liégeois se sent plutôt bien pour l'instant. "J'ai construit une confiance depuis le début du tournoi", dit-il, "et je joue de mieux en mieux. J'ai essayé d'appliquer ce qu'on avait mis au point avec mon coach, et cela fonctionne. Je n'avais rien à perdre, mais je n'imaginais pas que je serais si offensif et détendu sur le court, j'étais constamment agressif et j'essayais de suivre au filet. Contre un tel joueur, je savais que même avec un break d'avance en deuxième manche ce n'était pas fini. Quand il est revenu et a eu une balle de set, j'ai su rester positif." Cela faisait deux ans que le Liégeois n’avait plus réalisé une telle performance, il faut remonter à octobre 2022, à Astana, pour le voir battre un Top 5 mondial, Carlos Alcaraz, alors n°1 mondial.
Le finaliste de l'US Open
Notre compatriote avoue avoir été inspiré par le beau retour au premier plan de Grigor Dimitrov, qui a le même âge que lui et a connu comme lui son moment de gloire en 2017 en finale du Masters que le Bulgare a gagnée. "Le revoilà parmi les dix meilleurs mondiaux après une année extraordinaire", a dit David. "Je ne sais si je pourrais revenir dans le Top 10, mais pourquoi ne pourrais-je pas moi aussi remonter dans les hauteurs du classement ? Il y a quelques mois je me demandais ce que je devais faire, et quand vous n'êtes pas là à 100 %, physiquement ou mentalement, c'est dur face à de tels gars, le niveau est si élevé. Je sais que ce n'est pas pour tout de suite, mais j'aimerais bien que ma fille puisse se rendre compte de la passion dont vit son papa. Je suis dans une bonne dynamique, avec du bon tennis, je ne suis donc pas près d'arrêter (sourire)."
Maintenant qu'il est revenu aux portes du Top 50 (virtuellement 53e), c'est bien sûr sur cette dynamique, ce niveau de jeu retrouvé qu'il faut d'abord se concentrer, et si possible continuer d'enchaîner, rendre une aussi belle copie vendredi en quart de finale face à l'Américain Taylor Fritz finaliste de l'US Open. "Je ne l'ai plus affronté depuis un bon bout de temps", dit David, "mais il a fameusement progressé, il est devenu très régulier, il gagne des titres, il est 7e mondial (comme lui dans le temps, ndlr). C'est un quart de finale de Masters 1000, donc c'est compliqué, je vais essayer à nouveau de produire mon meilleur tennis, on verra si j'en suis capable."
Retour à la liste