Gilles-Arnaud Bailly en finale de Roland Garros : "La pluie est tombée à pic"
Comme le disait son papa hier au téléphone : "Les dieux ont choisi leur camp." Si la demi-finale du tournoi junior de Roland Garros n'avait pas été interrompue deux heures par la pluie, serions-nous occupés à parler de la même chose ? Personne ne peut le dire. Mais peut-être pas, tant le Polonais Pawelski avait dominé la première manche. L'interruption a permis à Gilles-Arnaud Bailly de retrouver ses esprits, et de complètement renverser le débat. On aura donc une finale franco-belge ce midi sur le court Simonne Mathieu.
Il a encore pu répéter quelques fois "incroyable", son mot favori, vendredi en début de soirée. Après Sofia Costoulas en Australie, voilà un autre Belge en finale d'un Grand Chelem junior, et on va dire que ce n'est pas si mal pour un petit pays comme le nôtre dont l'avenir tennistique a souvent été mis en question ces derniers temps. Bien sûr, Gilles-Arnaud et Sofia ont encore tout à prouver, mais, à 16 ans, avec encore, en principe, une saison à venir dans le rang des juniors, on peut quand même se permettre de dire que c'est plutôt prometteur. Lors de sa demi-finale, contre un Polonais au gros service et aux frappes franches de para-commando dans un premier set avalé en un rien de temps (1-6), notre compatriote a d'abord paru désorienté, sans prise sur la rencontre, abandonnant la première manche avant même d'avoir eu l'occasion d'entrer réellement dans la partie. C'est alors que la douche s'est abattue sur la Porte d'Auteuil; Elle a permis à Gilles-Arnaud, ainsi qu'à son coach, de trouver la parade. Lorsque la partie reprit, Gilles-Arnaud avait retrouvé ses esprits, et le scénario s'inversa complètement (6-1, 6-2). "Je ne vais pas mentir, la pluie est tombée à pic, elle m'a bien aidé", convenait celui qui avait déjà effacé trois balles de matches deux jours plus tôt face au numéro un mondial. "J'ai l'impression que c'est un peu "mon" tournoi, il me reste encore un an et demi en tant que junior, je me disais que j'avais encore un peu de temps, j'espérais passer quelques tours ici, mais pas aller en finale... même si je l'ai dit en rigolant quand je suis arrivé. Je n'ai presque affronté que des joueurs plus âgés que moi, avec le sentiment de n'avoir rien à perdre. Lors de ce premier set, j'ai commis l'erreur de trop jouer son revers, de ne pas le faire suffisamment courir, en plus il ne ratait rien. Au deuxième, j'ai rectifié le tir, et il a commencé à hésiter, à faire des fautes."
Coppejans
"Je suis très, très content, je n'arrive pas à y croire, et c'est peut-être mieux comme ça", souriait notre jeune compatriote, "j'espère que ce tournoi continuera à me réussir un jour de plus." S'il avouait ne pas savoir, à son jeune âge, que Justine Henin avait gagné Roland Garros juniors avant de réussir la carrière que l'on sait, il ne faut pas demander à Gilles-Arnaud le nom du dernier Belge à avoir disputé cette finale Porte d'Auteuil. "Kimmer Coppejans bien sûr. Je m'entraîne souvent avec lui quand je suis à Hasselt, je suis sûr qu'il va m'envoyer un message, ce serait top si je pouvais l'emporter comme lui." Ce samedi, donc, Gilles-Arnaud aura aussi l'occasion de fouler pour la première fois le superbe stade Simonne Mathieu où auront lieu les finales juniors, d'abord filles, puis garçons, à partir de 11 h. Il y aura comme adversaire une autre jeune promesse de 16 ans que l'on a appris à connaître chez nous, puisque le Grenoblois Gabriel Debru, 15e mondial, 1 m 95, a remporté l'Astrid Bowl l'an dernier. Le Français rêve bien sûr de succéder à son compatriote Luca Van Assche, lauréat 2021 Porte d'Auteuil. "Je m'attends à ce que le public ne soit évidemment pas pour moi", dit le sociétaire du TC Visé, "mais j'aime quand même bien quand il y a de l'ambiance et beaucoup de gens, en entrant sur le terrain. Je vais essayer de me persuader qu'en fait ils sont tous venus pour moi", sourit-il.
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