Elise Mertens en deuxième semaine comme David Goffin, après une autre formidable bataille

Ils ont quelques points communs, humainement voire tennistiquement, et les voilà tous deux en huitièmes de finale de Wimbledon au terme à chaque fois de fantastiques batailles parmi les plus relevées et passionnantes de la première semaine pour ceux qui ont eu la chance de les vivre. Triste que pas une chaîne de télé belge n'en ait acquis les droits. Après la victoire sensationnelle de David Goffin la veille, Elise Mertens s'est donc mise au diapason face à la 15e mondiale chinoise Qiang Wang qu'elle n'avait jamais battue. C'est la première fois que la Limbourgeoise va aussi loin dans le tournoi londonien, et comme Goffin contre Verdasco elle a un bon coup à jouer face à la 54e mondiale Barbora Strycova. 

Deux balles de match manquées

Elise Mertens avait quitté la terre battue de Roland Garros frustrée d'avoir perdu 9-11 au troisième set un match qu'elle aurait tout aussi bien pu, ou dû, remporter face à Anastasija Sevastova. "Ni elle ni moi ne méritions de perdre", avait alors convenu la Lettonne, ce qui n'enlevait rien à la déception de notre compatriote. Au même stade de l'épreuve, un mois plus tard sur le gazon de Wimbledon, elle s'est trouvée dans le même genre de match disputé et acharné, au cours duquel aucune des deux adversaires n'entend courber l'échine. Lors de leurs précédentes confrontations, toutes gagnées par la Chinoise Wang, l'explication avait déjà été serrée, elle l'a encore été ce samedi. On a pourtant cru qu'il n'en serait rien lors d'un premier set dominé par notre compatriote 6-2. Mais Wang revint au contraire dans la partie, équilibrant largement les échanges et mettant sérieusement à l'épreuve les qualités de résilience de Mertens en défense, ce qui déboucha sur d'énormes échanges dans deux derniers sets à suspense. La deuxième manche, qui dura 1 h 12 et au cours de laquelle aucune des joueuses ne céda son service, se joua au tie-break, Elise y sauva trois balles de set, n'arriva pas à transformer une balle de match, et finit par s'incliner 9-11. Le set décisif coûta ensuite sang, sueur et larmes selon l'expression consacrée, dans ce qui devenait de plus en plus une intense bataille physico-mentale (2 h 49 de match au total). La Chinoise se faisait soigner le dos, mais héritait la première de deux balles de break, à deux reprises même, que notre compatriote sauvait avant elle-même d'en obtenir deux et d'en transformer une. Le tournant de la rencontre. A 5-3, Wang sauvait une deuxième balle de match sur son service, mais ne pouvait empêcher Mertens de conclure sur son engagement (6-4).

"Les journées sont longues mais ça vaut le coup"

Il a suffi de voir l'explosive réaction de Robbe Ceyssens, le coach et petit ami d'Elise, poing levé durant de longues secondes dans la tribune pour avoir une idée de ce que représente pour eux ce premier 1/8e de finale sur le gazon londonien. "Elle a appris à ne pas paniquer quand elle ne trouve pas de suite des solutions, à s'interroger sur ce qu'elle doit faire pour battre l'adversaire, à être plus créative, c'est le résultat du grand nombre de rencontres jouées et de l'analyse des images d'après match en se remettant en question, elle se regarde plus volontiers dans une glace", sourit-il. "Cela aurait évidemment été plus facile si j'avais transformé cette balle de match au tie-break du deuxième set", disait Elise, "mais c'est aussi le mérite de Wang, qui s'est battue sans rien lâcher... comme moi. Il fallait vraiment batailler pour chaque point. Lorsque j'ai perdu cette deuxième manche j'ai pensé : "C'est pas vrai, ça ne va pas encore recommencer". Mais j'étais suffisamment fraîche pour aborder un troisième set, ne pas paniquer, garder les idées claires, et j'ai finalement pu conclure sur un bon jeu de service." Comme, peu après la fin de son match, Barbora Strycova a causé la surprise face à la Hollandaise Kiki Bertens, 4e mondiale, c'est la Tchèque qu'Elise Mertens retrouvera sur sa route au prochain tour. Les deux joueuses ne se sont affrontées qu'une fois et c'est notre compatriote qui s'est imposée, en deux sets, à l'US Open 2018. "Je n'avais pas regardé le tableau, je me concentre seulement sur le tour suivant, je ne connais mon adversaire que depuis une heure", dit Mertens, "elle n'est pas tête de série, mais c'est justement pour cela qu'il ne faut pas la sous-estimer. Est-ce une opportunité à ce stade du tournoi ? Ce serait beau de pouvoir aller plus loin, mais je dois d'abord regarder mon jeu et je devrai peut-être aborder le match de manière plus agressive contre elle. J'entends certains dire que le tournoi commence seulement maintenant, c'est parfait pour moi, j'espère ne pas en rester là." Toujours qualifiée en double également (avec Aryna Sabalenka), Elise veut profiter au maximum du dimanche de repos qui s'offre à elle. "Je vais peut-être m'entraîner une petite heure pour sentir la balle, pas plus. Les journées sont longues ici, mais ça vaut le coup."
 

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