Deuxième titre ITF pour Emilien Demanet
En remportant dimanche en Slovénie son deuxième titre ITF 15.000 dollars, le premier conquis à l'étranger, Emilien Demanet espère avoir laissé derrière lui un début de saison à oublier au plus vite mais dont il lui faut aussi tirer des leçons.
On ne connaît guère la petite commune urbaine de Nova Gorica, située juste à la frontière italienne, mais on souhaite que pour Emilien Demanet elle devienne synonyme de nouveau départ. En s'imposant en finale face à l'Iranien Kasra Rahmani (6-4, 6-3), le Namurois de 20 ans a peut-être terrassé l'un ou l'autre de ses signes indiens. Il a commencé par battre son copain Jack Logé en quart de finale, ce qu'il n'était jamais arrivé à faire lors de leurs trois confrontations précédentes. Sur sa lancée, il est arrivé à battre en demi-finale le Tchèque Zdenek Kolar, classé 300 place au dessus de lui et qui fut 111e mondial en 2022. Peut-être la plus belle "perf" de sa carrière, sans doute plus significative tennistiquement que sa finale du lendemain, même si la pression n'était évidemment pas la même avec un titre en jeu. Emilien avait ouvert son compteur international en 2024 lors du 15.000 dollars de la Province de Liège. Alternance oblige, c'est à la Province Raquettes Arena de Huy qu'il défendra son titre du 17 au 24 août.
Q. Emilien, vu de loin, on a le sentiment que cette victoire sur Jack a pu constituer une sorte de déclic.
R. Je ne sais s'il faut parler de déclic, ce qui est sûr c'est que si j'avais encore perdu contre lui le cycle infernal se serait poursuivi au lieu de déboucher sur un titre. Avec Jack, on s'entend presque comme des frères, mais il adore un peu trop mon jeu (sourire), il lui convient même parfaitement, par nature quand je joue contre lui il a beaucoup de chances de gagner. Il fallait que je me fasse violence. Le battre, puis gagner le tournoi, cela fait forcément beaucoup de bien. Cela permet de respirer un peu, enfin. Mais le score - 7-5(6), 6-4 - dit que cela n'a pas été tout seul. J'avais perdu contre lui deux fois en tournoi international et une fois à Odrimont, mais la prochaine fois que je le jouerai cette victoire pourrait changer la donne.
Q. Dans votre entourage ou à l'entraînement, on entendait souvent "le jeu il l'a, manquent la confiance, le mental, il est encore un peu trop passif", dans un cas comme celui que vous venez de vivre le cliché veut que l'on parle de travail qui finit toujours par payer et de nouveau départ...
R. ... Il serait temps qu'il arrive, en effet, on est à mi-saison (sourire). Ce dont je suis le plus fier c'est que je suis allé chercher ce deuxième titre tout seul. Notre préparateur physique Alexandre Blairvacq était avec nous en Slovénie, mais il était prévu de longue date qu'il parte ce dernier mercredi, il a droit à des vacances lui aussi. Quant à Jack, il est également rentré de suite après notre quart de finale. De temps à autre, quand on doit trouver des solutions seul et qu'on est obligé de se battre avec soi-même, on apprend beaucoup. Je bénéficie à présent de l'apport d'une coach mentale et j'ai beaucoup écouté autour de moi, mais, là, je trouve que c'est surtout moi qui suis parvenu à aborder les rencontres différemment, à me concentrer et à appuyer sur l'aspect tactique de mon jeu plutôt que de me laisser submerger par mes états d'âme. Je me suis en quelque sorte un peu redécouvert. Je sais qu'il y aura encore des moments où ça ira moins bien, mais j'espère le moins longtemps et le moins souvent possible.
Q. Votre victoire contre le Tchèque Kolar en demi-finale ne serait-il pas votre prestation la plus accomplie jusqu'ici ?
R. Je ne sais pas ce qu'un joueur comme celui-là faisait dans ce genre de tournoi. Il s'était d'ailleurs un peu "promené" jusque là. J'ai en tout cas le sentiment d'avoir joué contre lui le meilleur set de ma carrière, le deuxième que j'ai remporté 6-1 (après avoir gagné le premier 7-5, ndlr), c'était vraiment parfait, je ne ratais plus une balle. J'ai essayé d'aborder ce match là et celui contre Jack comme si je n'avais rien à perdre et que la pression pesait sur les épaules adverses.
Rentré en Belgique dimanche soir, Emilien enchaîne déjà en ce début de semaine avec un tournoi du niveau de celui du Léopold Club fin juin, un ITF 30.000 dollars en Allemagne, à Metzingen. Ensuite, une semaine d'entraînement en Belgique précédera la tournée des tournois d'août dans notre pays, Eupen, Coxyde et Huy, autant de perspectives attrayantes pour nos jeunes compatriotes en quête de points et de classement.
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