David Goffin... il est vraiment phénoménal !
Dans les travées du stade Pierre Mauroy, on a même entendu des "encore heureux qu'il était fatigué !" David Goffin est le joueur du top mondial qui a le plus joué cette saison (83 matches, soit un de plus... qu'une saison régulière en NBA !), en dépit du fait qu'il a subi la sérieuse blessure à la cheville que l'on sait à Roland Garros. Il reste sur une fin d'année littéralement démentielle, avec 29 rencontres depuis la mi-septembre, huit tournois (dont deux remportés) et deux week-ends de Coupe Davis. Cela ne l'a pas empêché - ou cela lui a permis, selon le point de vue - de battre les deux meilleurs joueurs français du moment, chez eux à deux jours d'intervalle sans perdre un set et sur un score comparable. Même si cela n'a malheureusement pas permis à l'équipe belge de repartir avec le Saladier d'argent, il a vraiment été phénoménal.
A part Thiam, on n'a rien fait de mieux
7-6, 6-3, 6-2, le score de David Goffin contre Jo-Wilfried Tsonga, qui a permis à l'équipe belge d'égaliser à 2-2, ressemble comme un frère à celui de vendredi face à Lucas Pouille. Une première manche accrochée, et puis la suite au déroulé, en confiance, comme si sa supériorité ne faisait plus de doute, y compris pour les deux meilleurs Français, respectivement 15e et 18e mondiaux, des joueurs qu'il n'avait jusqu'ici battus que deux fois sur neuf. C'est dire les progrès et la confiance accumulés au fil des mois, spécialement concrétisés ces dernières semaines. Au cours desquelles, si on veut bien faire le compte, il aura battu entre autres Federer, Nadal, Kyrgios, Sock, Gasquet, Pouille et Tsonga, les deux derniers sur leurs terres lors d'un évènement qui, comme pour Kyrgios à Bruxelles, comptait plus que presque tout au monde à cet instant précis. Et tout cela face à des adversaires qui font à peu près tous 10 cm (en hauteur et largeur) et 20 kilos (de puissance) de plus que lui, et dont la plupart, comme Dimitrov en finale du Masters (seule petite "déception" individuelle dans le lot, si tant est qu'on puisse la considérer ainsi), possèdent un talent hors du commun. Mise à part Nafi Thiam, encore une grande Wallonne, on n'a rien fait de mieux cette année dans le sport belge.
Une première manche d'anthologie qui a "donné le ton"
Le plus exceptionnel dans la performance de Goffin dimanche tient sans doute dans le niveau atteint par Jo-Wilfried Tsonga lors d'une première manche d'une folle intensité. Au niveau de ses points forts, service et coup droit, il ne pouvait pas mieux, dès lors que sur ses quatre premiers jeux de service il a passé 17 premières balles sur 19 et perdu trois points sur son engagement, alors que David, lui, a déjà mieux servi (un seul ace, 59 % de premières balles sur l'ensemble du match) et a été accroché à chaque jeu sur son engagement, sauvant six balles de break et une de set. Que dans ces conditions il soit malgré tout allé chercher cette première manche au tie-break (7-5) témoigne non seulement de son niveau et de son intelligence de jeu, mais aussi d'un courage et d'une solidité qui forcent encore plus l'admiration. C'est peu dire que cette énorme explication d'1h20 (!) "donna le ton de la suite du match", dixit Jo-Wilfried Tonga lui-même... qui se perdit en route en incitant un moment le public à l'encourager puis en se plaignant du bruit qu'il faisait. "J'ai eu beaucoup d'occasions au premier set, j'aurais pu mieux en profiter", continuait-il. "Après, il a joué relâché, je me suis accroché, mais là il n'y avait pas grand-chose à faire, c'est moi qui avais la pression, et il a vraiment été impeccable. On ne bat pas par hasard tous les bons joueurs qu'il a accrochés à son palmarès dernièrement."
"Très dur de rester dans le match au premier set"
Pressé d'aller soutenir son copain Steve Darcis au cinquième match décisif ("j'espère qu'il jouera son meilleur match de la saison", en vain malheureusement), David Goffin a reconnu que "rester dans le match lors de cette première manche avait vraiment été très dur". "Incroyable comme Jo a commencé", continuait-il, "il a voulu montrer d'entrée qu'il était chaud, il a envoyé du lourd, il fallait tenir le choc, ne rien lâcher, j'ai su sortir les bonnes balles quand il le fallait, et bien sûr gagner le tie-break m'a donné de l'air, j'ai senti que cela pourrait être de mieux en mieux, tandis que sa première balle faisait moins mal et que sa confiance diminuait. Il manque la consécration, mais j'ai frappé le dernier coup d'une super saison." A la question de savoir si, à le voir gambader comme ça au terme d'un tel marathon, il n'aurait pas mieux fait de disputer aussi le double de samedi, il s'est montré clair : "On en a discuté, on a tous dit notre mot. Si cela avait été pour jouer, cela aurait été avec Steve (comme contre la Grande Bretagne en 2015), mais on ne le voyait pas s'aligner trois jours d'affilée. De toute façon, quand je vois le match que Joris (De Loore) et Ruben (Bemelmans) ont joué je ne sais pas si j'aurais pu faire aussi bien." Ou s'il aurait pu venir à bout le lendemain d'un premier set aussi intense que celui livré face à Tsonga. La quadrature du cercle.
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