David Goffin est bien de retour, il attend son vainqueur de Wimbledon
David Goffin poursuit son petit bonhomme de chemin sur le sol américain. Il en est à son 11e match en deux semaines et demi, dont 9 victoires. Et ce n'est peut-être pas fini. Après avoir éliminé le Français Mannarino jeudi lors du 2e tour de l'US Open en quatre sets et 3 h 47 de match, il aura encore sa chance samedi au tour suivant face au Tchèque Machac (ATP 39) qui l'avait éliminé à Wimbledon au tie-break d'un 5e set lors duquel il avait mené 5-0. Un petit air de revanche dans l'air ?
Drôle de partie, à vrai dire, que celle qui a opposé jeudi David au Français Adrian Mannarino (ATP 42), le Liégeois a fini par émerger méritoirement, mais non sans mal. Le premier set surtout fut un peu particulier pour un match masculin, dans la mesure où l'on a enregistré la bagatelle de huit breaks en douze jeux, équitablement répartis, pour terminer par un tie-break. Est-ce le vent qui soufflait sur New York, ou la qualité des relanceurs qui n'ont pas très bien servi, toujours est-il que pour notre compatriote, qui à chaque fois avait pris le premier l'engagement adverse, on pouvait à nouveau parler d'occasions manquées, surtout que dans le tie-break il eut encore deux balles de set, tout comme le Français d'ailleurs, ce dernier s'imposant finalement 8-10. Certains en auraient brisé leur outil de travail.
"J'ai déjà mieux servi"
"Il y avait certes de la frustration, mais pas tant que ça", confiait néanmoins le Liégeois à Tennis Belgium, "j'avais eu les opportunités et je sentais que si je faisais tout un petit peu mieux je pourrais capitaliser là-dessus. En prenant les devants au début du deuxième set j'en ai eu la confirmation et je me suis remis en selle. J'ai déjà mieux servi c'est un fait, et durant tout le match. Lui aussi. Il y avait pas mal de vent, et on a tous les deux bien retourné, avec beaucoup d'échanges, donc de fatigue, je le sens dans les jambes. Qui plus est "Manna" est quelqu'un qui ne baisse jamais la tête, même dans une passe difficile, et qui est encore plus dangereux dos au mur parce qu'il est plus détendu."
Sur ses sept premiers jeux de service, le Liégeois n'en a ainsi remporté que deux, mais il a su ensuite prendre l'ascendant dans la deuxième manche, revenir de 0-40 pour faire 5-2, et s'imposer 6-3 à sa cinquième balle de set après être à nouveau revenu de 0-40, avoir sauvé six balles de break, et malgré plusieurs doubles fautes au plus mauvais moment. La suite de la partie s'annonça dès lors moins chaotique, et l'on crut notre compatriote, dominateur (6-2) dans le troisième set, parti pour un succès plus facile. Mais la quatrième manche resta faite de hauts et de bas, avec la crainte d'un cinquième set lorsque Mannarino, irrégulier mais avec des coups brillants, mena 3-5, service à suivre.
"Pas le fruit du hasard"
C'est heureusement le moment que choisit David pour changer de vitesse et finir en surmultipliée. "J'ai surtout su rester calme, et conclure par un très bon tie-break (7-1)."
Un peu comme face à Tabilo au premier tour où il avait également été mené 3-5 à la fin du troisième set décisif avant de s'imposer 7-5. La belle aventure continue donc, on se croirait revenu quelques années en arrière.
"Etre à nouveau au troisième tour d'un Grand Chelem, c'est un plaisir et une satisfaction, cela ne se produit plus si souvent, la dernière fois c'était à Wimbledon l'an dernier. Ces dernières saisons avec Germain (Gigounon), j'avais également joué l'un ou l'autre bon tournoi, mais qui tombaient un peu du ciel. Ici, on est vraiment reparti de zéro à l'entraînement, j'ai frappé beaucoup de balles, travaillé la solidité jusqu'à me sentir fort physiquement, recherché des certitudes, multiplié les tests pour être sûr de posséder la condition et la vitesse nécessaires. Maintenant, je sais pourquoi je joue un bon match, parce que les bases sont là et que la confiance actuelle n'est pas le fruit du hasard, elle a été patiemment reconstruite. Ce furent de durs combats, mais plus valorisants que de souffrir intérieurement en me demandant pourquoi je joue si mal."
"Machac à Wimbledon, des circonstances bizarres"
David semble en tout cas aborder son prochain match, contre le Tchèque Tomas Machac (ATP 39) avec plus de sérénité qu'il y a quelques semaines lors du premier tour à Wimbledon, où il avait mené deux sets à zéro, break dans le troisième, et même 5-0 lors de la cinquième manche avant de perdre au super tie-break. De quoi en avaler sa raquette. "Je ne dis pas qu'il n'y avait pas mieux à faire et je peux comprendre que l'on ait trouvé le scénario invraisemblable", sourit-il, "mais j'ai effacé la déception plus vite que vous ne le pensez, parce que les circonstances étaient bizarres, j'avais été repêché comme lucky loser et prévenu en dernière minute alors que je prenais déjà quelques jours de vacances sur la plage, j'avais vraiment dû rallier Londres in extremis et dans la précipitation. Je n'en ai pas moins une petite revanche à prendre, en n'oubliant pas que le hardcourt est la surface favorite du Tchèque qui s'appuie sur un très bon revers et s'installe de plus en plus dans le subtop mondial. Ce sera très dur, et je devrai avoir bien récupéré, mais je sais que cette raideur ressentie après le match est plutôt une bonne fatigue."
"De belles choses à montrer"
Le Liégeois, qui n'a pas toujours été ménagé dans l'opinion ces derniers temps, surtout sur les réseaux sociaux, se retrouve de nouveau premier Belge au classement ATP, avec virtuellement une place dans le Top 65 mondial. Il pourrait là aussi prendre ce retour à niveau comme une revanche, cette fois sur le négativisme ambiant. "C'est surtout une revanche sur moi-même", rectifie-t-il. "Quand on devient un peu populaire on est aussi plus visé, c'est comme ça, c'était le cas même quand j'étais 7e mondial. Je savais ce que je pouvais encore réaliser et atteindre à mon âge (33 ans), mais cela n'arrive pas tout seul, il fallait certes une structure, mais je devais aussi m'interroger avec honnêteté. De quoi avais-je encore envie ? Avais-je encore le courage de me (re)lancer dans de pareils efforts ? J'ai eu une belle carrière, j'aurais pu jeter l'éponge et me prélasser sur le sable, mais ce n'était pas ce que je voulais, je pensais avoir encore en moi de belles choses à montrer et à prouver. Ce que je suis occupé à faire, je suis content que cela marche."
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