C'est déjà fini pour David Goffin
"Apparemment, on a vu lors de ce tournoi que je ne suis pas prêt, en tout cas pas prêt à jouer mon meilleur tennis dans de telles conditions." Après un départ en flèche (6-1), David Goffin s'est en effet brûlé aux flammes de l'"enfer" australien (39 degrés, mais température mesurée au sol... 68 degrés sous le soleil) que Julien Benneteau et ses 36 ans ont mieux maîtrisé. L'Australian Open se termine dès le deuxième tour pour notre numéro un. Déception, forcément.
"Ce n'était pas lui sur le court"
Celui qui a vu le premier set du match entre David Goffin et Julien Benneteau, 59e mondial, et découvert plus tard que le Français s'est imposé en quatre sets - 1-6, 7-6 (5), 6-1, 7-6 (4) - n'a pas dû en croire ses yeux ou ses oreilles. On savait certes ce dont Benneteau était capable depuis le dernier Paris-Bercy, à ne surtout pas sous-estimer en pleine confiance, mais la pilule n'en est pas moins difficile à avaler, même si on sait que la saison ne s'arrête pas là, elle commence à peine. "Il a connu des défaites, y compris durant sa fameuse fin de saison dernière, et il en connaîtra encore", relativise son coach Thierry Van Cleemput. "Le fait est que je ne l'ai pas reconnu sur le court, ce n'était pas lui, il était apathique, il n'enchaînait pas, il n'avait pas la niaque. Il avait pourtant bien commencé, j'espérais une belle prestation, il s'est malheureusement éteint. Là, comme ça, je n'ai pas encore d'explication, mais on va y réfléchir à tête reposée et mettre au point le programme le plus adéquat pour rebondir en indoor, il faut dire aussi que nous n'avions jamais été confrontés à des conditions pareilles avant aujourd'hui."
"C'était un enfer, et le court une patinoire""
A la vérité, ce fut un match un peu dingue dans de folles circonstances, à la limite de ce qui est humainement acceptable. "J'ai très bien commencé, mais c'est surtout lui qui est très mal parti", reconnaissait David. "Me bagarrer, avoir la hargne, cela a toujours été ma marque de fabrique", expliquait Benneteau sur Eurosport . "Aujourd'hui, je n'avais que cela. Honnêtement, j'étais cramé physiquement de mon premier tour. 39 degrés, plus de 60 sur le court, c'était un enfer. Je ne fais pas un bon premier set, mais lui sert très bien, ne me laisse pas respirer. Après, je tiens. Les conditions m'ont "avantagé" parce que ce n'était pas du tennis aujourd'hui... mais c'est l'Open d'Australie, le court c'est comme une patinoire, par cette température la balle va à une vitesse incroyable, on la touche à peine avec le vent dans le dos elle part sur le parking. Goffin, j'ai vu qu'il n'aimait pas la chaleur. Il n'y a pas eu beaucoup d'échanges, mais c'était impossible dès qu'il y avait un rallye c'était suffocant. Et voilà, j'ai joué avec l'expérience, les conditions du jour et en me battant. J'élimine mon premier Top 10 en Grand Chelem à 36 ans !"
"Des fautes que je ne commets pas d'habitude"
A l'exception d'un troisième set aussi "laminé" que le premier mais dans l'autre sens, "j'ai des occasions aussi bien au deuxième, où il mène malheureusement trop vite 0-2, qu'au quatrième (au cours duquel le Liégeois prend un break d'avance, se fait rejoindre, sauve deux balles de match, ne profite pas d'une balle de set, et mène 4-2 dans le tie-break qu'il perd 7-4, ndlr), mais ça ne passe pas", dit David qui n'a pas souvent perdu deux tie-breaks sur un même match. "Je ne sentais pas trop ce que je faisais, et lui a très bien servi. Avec une telle température, les balles sont dures à contrôler, même les plus faciles deviennent difficiles, on n'a pas la même vision, le même oeil, on est un peu plus assommé, un peu plus lourd, on bouge moins bien, on est un cran en retard, on est moins précis, on fait un peu plus de fautes, j'en ai commis énormément que je ne commets généralement pas. Je n'étais pas aussi performant que d'habitude. Apparemment, je n'étais pas prêt, du moins prêt à jouer mon meilleur tennis dans de pareilles conditions, c'est la leçon de ce tournoi, il faut que je travaille encore, et que je retrouve mon niveau de jeu, mon tennis offensif avant d'entreprendre les matches indoor européens".
"On ne peut pas inventer des semaines"
Difficile de ne pas remarquer que les "héros" de la (longue) fin de saison 2017 éprouvent tous des difficultés, et David est sûrement celui qui s'est le plus "donné" durant cette période. Lucas Pouille a été éliminé d'entrée par Ruben Bemelmans, c'est un véritable miracle que Grigor Dimitrov s'en soit sorti face à un Américain 184e mondial (et dans des conditions moins éprouvantes que Goffin), Jo-Wilfried Tsonga, qui n'avait repris la compétition qu'à Anvers, a "ramé" lui aussi. "C'est une règle générale : la grande majorité de ceux qui sont impliqués, surtout à la manière de David, dans une finale de Coupe Davis, programmée si tard dans la saison, ont du mal à gérer la suite, voyez Cilic l'année précédente", conclut Thierry Van Cleemput. "On n'a pas le choix, la préparation est ce qu'elle est, on fait au mieux, on ne peut pas inventer des semaines, mais mon boulot à présent est de faire très attention à la santé psychologique et physique de mon joueur."
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