Belgique - Hongrie 3-1 : Yanina à la manière de Steve
Yanina Wickmayer restera comme l'indiscutable héroïne d'un week-end de Billie Jean King Cup qu'elle n'oubliera jamais. Coqueluche du Dôme carolo, bien aidée par une Greet Minnen remise en selle dimanche, elle a emmené l'équipe belge sur la voie de la qualification en réalisant un sans-faute.
Le dernier point joué, et gagné, elle s'est étendue au sol, heureuse et soulagée, les yeux pleins de larmes face aux supporters belges debout, bientôt ensevelie sous les accolades et félicitations de l'ensemble de l'équipe et du staff qui ont manifestement très bien vécu leur semaine carolorégienne. C'était franchement émouvant. La scène nous a rappelé une de ces victoires décisives de Steve Darcis en Coupe Davis, qui a dû marquer Yanina comme tant d'amateurs de tennis belges.
Maman Wickmayer avait effectivement quelque chose de Mister Davis Cup sous le Dôme hennuyer, dans la manière de souder un groupe, de le pousser à se surpasser, et d'aller au bout d'elle-même sur le court, au point de lancer en souriant : "Maintenant, je peux arrêter, faire gagner la Belgique à la maison dans un match important d'une compétition comme celle-ci était une des dernières choses qu'il me restait à réaliser sur la to-do list de mon come back !"
Ce qui ne veut évidemment pas dire qu'elle va en rester là, puisqu'elle se demandait déjà si elle jouerait à Angers et/ou Limoges en décembre pour préparer la saison 2024.
"Un peu fâchée sur moi-même"
Greet Minnen ayant rempli sa mission (voir plus bas), il restait à Wickmayer à éviter ce fameux double qui faisait peur au vu des qualités des Hongroises dans la discipline. On a cru que, face à la numéro deux adverse, Dalma Galfi, notre compatriote allait boucler la boucle en deux sets lorsqu'elle s'envola à 6-2. Mais son adversaire est une coriace, on avait pu s'en rendre compte la veille, et elle mena la vie dure à Yanina au deuxième set, jusqu'à un tie-break qu'elle remporta 4-7 après avoir mené 0-4.
"Elle a bien servi sur les points importants, mais j'étais un peu fâchée sur moi-même d'avoir raté les occasions, disait l'Anversoise. Au troisième set, j'ai continué d'y croire sans penser au résultat."
Avec au bout de la route un 6-1 ne souffrant aucune discussion qui scellait le sort de la rencontre.
"Finir la saison comme ça c'est magnifique, souriait-elle. Je trouve super d'avoir fait ça avec Greet, on a eu un peu le même parcours en repartant presque de zéro. J'ai adoré la semaine passée avec les filles. Elles étaient toutes contentes, pourtant je sais que ce n'est pas facile d'être sur le banc, c'est même fatigant".
Sur le fil du rasoir
Après la mauvaise surprise de la veille, Wim Fissette avait promis une tout autre Greet Minnen pour ouvrir la journée de dimanche face à la numéro une hongroise Anna Bondar, et, après un premier set encore perdu 3-6 sur un seul break, on eut en effet droit à une joueuse prête cette fois au combat mental que représenta une troisième manche "rollercoaster" disputée sur le fil du rasoir. Après avoir rétabli l'équilibre mérité au marquoir (6-3), notre compatriote a, ainsi, entrepris de poursuivre sur sa lancée dans le set décisif. Elle s'est octroyée d'abord une balle de break dans chacun des jeux de service adverses, avant d'en obtenir quatre à 3-3 et de transformer l'essai à la cinquième. Le problème c'est que lors du jeu suivant la Hongroise revint à 4-4 sur sa première balle de break du set. Tout était à refaire, mais dans une finale étouffante, où le stress faisait oeuvre de juge de paix, Greet trouva les ressources pour aller chercher un point crucial (6-4).
Minnen a su "switcher"
"Je sais qu'on a pu avoir l'impression inverse samedi, mais j'ai vraiment travaillé mentalement depuis que Philippe Dehaes est mon coach, disait-elle. C'est un domaine dans lequel il est très fort, et on a une bonne connexion sur le terrain comme en dehors, je suis heureuse d'avoir pu le montrer de cette manière. Il y a eu des hauts et des bas, physiquement et mentalement c'était un match difficile, mais j'ai su rester stable. Anna est aussi une fille qui attaque et joue plutôt à plat, un tennis qui me convient mieux. Je n'ai pas pas l'impression d'avoir grand-chose à me reprocher sur la série de balles de break (8/0) au troisième set, c'est elle qui jouait souvent bien, mais cela finit quand même par trotter dans la tête. Je la connais par coeur, puisqu'on a joué ensemble en double, mais je ne sais pas si c'est un avantage puisque l'inverse est également vrai. Elle a de très bonnes frappes, j'ai dû me battre sur chaque point. Je suis heureuse d'avoir pu "switcher" dans la tête, d'être allée chercher le plaisir de jouer, d'avoir su profiter des supporters, j'étais contente d'être là, alors qu'hier il n'y avait pas de plaisir du tout. C'est difficile de disputer un match pour son pays et devant son public, cette victoire compte beaucoup pour moi. J'ai énormément joué cette saison (près de 140 matches en simple et double, ndlr), là c'est fini. Mon objectif en 2024 sera de finir l'année dans le Top 50".
"Premier succès super important"
Pour Wim Fissette, il s'agit d'un premier succès en tant que capitaine de l'équipe belge.
"Après une première défaite, s'empressait de rappeler le Limbourgeois. C'était au Canada en avril dernier, déjà sans Elise Mertens, la Belgique avait perdu la rencontre 2-3 lors du double. Et c'est ce même Canada qui a remporté dimanche la finale de la Billie Jean King Cup face à l'Italie.
"A un match près, on y était dans cette phase finale", dit le capitaine belge. "C'est pourquoi il est si important de rester dans le groupe mondial et d'avoir à nouveau notre chance. Yanina a été incroyable, quelle énergie positive ! Greet, après son off-day, a montré un mental fort dans un match qui partait dans tous les sens. En avril, elles étaient genre 180e mondiales, en 2024 elles vont être au moins cent places plus haut et jouer de plus importants tournois. Les jeunes vont grandir, et Elise (Mertens) ne m'a jamais laissé entendre qu'elle ne jouerait plus. Au Canada si elle est là ne fut-ce qu'en double on gagne peut-être..."
Comme les garçons en septembre à Hasselt, qui avaient également perdu le premier match en Coupe Davis contre l'Ouzbékistan, les filles ont remis les pendules à temps et à heure. Il fallait le faire.
Les résultats :
Greet Minnen - Dalma Galfi 3-6, 3-6
Yanina Wickmayer - Anna Bondar 7-5, 6-2.
Greet Minnen - Anna Bongar 3-6, 6-3, 6-4
Yanina Wickmayer - Dalma Galfi 6-2, 6-7(4), 6-1
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