Belgian Open à Géronsart : Joachim Gérard à la conquête de son "inaccessible étoile"
Le plus prestigieux tournoi de tennis en fauteuil roulant de Belgique, un des plus importants au monde, en est à sa 32e édition qui se terminera, comme chaque année, en apothéose dimanche après-midi, à 15 h, avec la finale du simple messieurs.
L'an dernier, 700 spectateurs s'étaient rassemblées autour du court central de Géronsart, sur les hauteurs jamboises, garni de tribunes spécialement aménagées pour l'occasion, et on avait recensé un peu plus de 4.000 personnes sur la semaine. Tous les objectifs avaient été atteints... sauf un : l'"enfant du pays", Joachim Gérard, n'avait toujours pas remporté ce trophée qui lui tient tant à coeur. Pourquoi pas cette année ?
Fernandez et Wagner blessés
"Je ne pourrais décrire le boum qu'a fait mon coeur lorsque je suis monté sur le terrain, c'est indescriptible, cela me fait vraiment quelque chose de voir autant de monde pour un tournoi de tennis en fauteuil roulant." Ce sont, entre autres, les mots emplis d'émotion prononcés les larmes aux yeux par Joachim Gérard, actuel numéro 5 mondial, après sa défaite en finale du Belgian Open l'an dernier face au numéro un mondial actuel, l'Argentin Gustavo Fernandez. L'histoire récente du tournoi est intimement liée à celle de notre numéro un, triple vainqueur du Masters, qui s'entraîne chez Justine Henin à Limelette, il en connaît le directeur Yacine Eddial depuis leur jeunesse, il y a pour la première fois joué en 2001, et y a disputé sa première finale en 2013, depuis lors il a quasiment toujours atteint le stade ultime de l'épreuve, sans jamais pouvoir la remporter. "Lors de ma première finale, j'étais nerveux, mais depuis ce n'est plus le cas, c'est juste le gars en face qui est meilleur", a-t-il régulièrement répété. Le gars en face dont il parle fut souvent Fernandez, qui est un peu le Rafael Nadal des lieux puisqu'il s'y est imposé cinq fois en six ans. Cette année encore, il était annoncé en tête d'affiche, mais blessé dans le bas du dos il a dû se retirer en début de semaine, comme d'ailleurs le numéro un en quads, l'Américain David Wagner, qui a triomphé douze fois en quatorze ans sur la terre battue jamboise. L'occasion n'est-elle pas plus belle que jamais pour notre compatriote, en l'absence de celui qui l'a battu dernièrement au British Open ?
Son vainqueur et son équipier de Wimbledon
Le fait est que, du coup, le Brabançon est passé tête de série numéro un, mais il n'en trouvera pas moins sur sa route son vainqueur (en quart de finale) de Wimbledon, et double tenant du titre londonien, le Suédois Stefan Olsson, 6e mondial, qui est aussi son équipier en double et avec lequel il a d'ailleurs enlevé le titre sur l'herbe anglaise, son deuxième de l'année en Grand Chelem après l'Australie et le quatrième de sa carrière. "Nous sommes amis et partageons les mêmes centres d'intérêt, nous formons certainement une des meilleures paires du monde, mais c'est en simple que j'ambitionne de triompher dans un des tournois majeurs, et si le fait de gagner en double me rend très heureux, il a accroît aussi ma déception d'avoir perdu en simple", a conclu celui qui reconnaît manquer encore un peu de constance dans un top niveau qui ne cesse de progresser. Dans l'attente de l' US Open où il tentera une nouvelle fois sa chance, il peut donc enfin compléter son palmarès en s'imposant chez lui, véritablement "à la maison" puisqu'il fait également partie des 120 bénévoles qui font vivre le tournoi, c'est en effet lui qui gère le stand technique des joueurs sur le site. On peut imaginer quelle fête ce serait s'il arrivait enfin à atteindre son "inaccessible étoile"...
5% du budget
Chez les messieurs, du Top 12 au Top 20 mondial, tout le monde est là, et notamment notre jeune compatriote Jef Van Dorpe (19e), mais aussi l'autre Brabançon Mike Denayer (53e). Chez les dames, trois Top 10 et neuf Top 20 sont au rendez-vous, dont la tenante du titre allemande Sabine Ellerbock, 5e mondiale, qui aura fort à faire avec la Hollandaise Marjolein Buis (4e), tandis qu'en l'absence de Wagner on saluera forcément un vainqueur inédit en quads où six Top 10 (dont le finaliste de l'an dernier, l'Australien Davidson) et treize Top 20 se retrouvent sur le court. La première constatation est d'ailleurs qu'il y a plus de joueurs inscrits que les années précédentes, une vingtaine au total, à quoi cela est-il dû ? "A la réputation du tournoi", sourit Yacine Eddial, "et puis au fait qu'il y a les Jeux paralympiques l'an prochain, il faut prendre des points. On ne refuse pas les joueurs, ce n'est pas dans notre philosophie, mais cette explosion a des conséquences sur notre fonctionnement", continue-t-il, "on a dû augmenter le nombre de ramasseurs de balles de 40 à 75, on a également dû faire appel à des clubs amis, Amée et Temploux, pour avoir assez de terrains, notamment pour l'entraînement, qu'ils en soient chaleureusement remerciés. Et puis, cela pèse sur le budget, d'autant que nous avons également installé une salle pour les joueurs sous un chapiteau de 80 m2. Certes, le ou la participant(e) paie une quote-part, mais à nous cela coûte certainement le double, et la différence cette année équivaut à 5% du budget, qu'il faut donc trouver."
Finales en direct sur le site du tournoi et Canal C
Traditionnellement, le jeudi soir (19 h) une exhibition, qui a toujours beaucoup de succès, mêle joueurs valides et non valides, une sacrée expérience pour ceux qui ne se sont jamais frottés aux fauteuils roulants, cette fois on y verra Clément Geens associé à Joachim Gérard alors qu’Andrea Mencaccini jouera avec Jef Vandorpe. Un hommage à Marc Grandjean, le formidable entraîneur de Joachim Gérard qui nous a quitté depuis la dernière édition du tournoi, sera également rendu. Les demi-finales sont programmées samedi, jour où, entre 11 et 16 h, tout un chacun pourra s'essayer à la pratique du tennis en chaise roulante pour en mesurer difficultés et exigences. Enfin, les finales, dimanche, seront retransmises en direct sur le site du tournoi (www.belgianopen.be) et sur la télévision communautaire namuroise Canal C, avec les commentaires de Philippe Dehaes et Nicolas Maigret, les quads à 10 h, les dames à 13 h, les messieurs à 15 h.
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