Astrid Bowl : nouveau président, nouvel élan
Dans deux ans, l'Astrid Bowl, tournoi référence sur le circuit mondial junior, fêtera ses 60 ans. Son président, par contre, est tout neuf. Philippe De Raeve, en poste depuis plus de vingt ans, a cédé le témoin à Yacine Eddial, 35 ans plus jeune, qui a fait ses preuves au "Belgian Open", le tournoi international de tennis en chaise disputé à Géronsart, cet autre "monument national" du calendrier tennistique. Du 27 mai au 3 juin, les meilleurs juniors mondiaux seront de retour sur les courts du Centre de délassement de Marcinelle.
D'un "Belgian Open" à l'autre
Les dernières années n'ont pas été les plus faciles pour les organisateurs de l'Astrid Bowl qui, face aux vents parfois contraires, aux défis financiers et à la pandémie, ont su préserver et maintenir à flots leur "Belgian Open" juniors que les plus grand(e)s, y compris de futur(e)s numéros un(e)s mondiaux, ont fréquenté en leur prime jeunesse. C'est le moment qu'a choisi, en septembre dernier, le président Philippe De Raeve, à la tête de l'événement depuis le début des années 2000, pour faire un pas de côté. "A 70 ans, la charge est devenue un peu lourde, je n'ai plus suffisamment de feu sacré. Il est temps de céder le relais, d'amener un peu de sang neuf dans notre comité" a-t-il estimé. "Je ne pars pas en mauvais termes, que du contraire, je reste actif mais différemment."
Il était d'ailleurs présent ce jeudi lors de la présentation de la 58e édition du plus important tournoi juniors du pays. L'occasion de passer la main publiquement à Yacine Edial, l'homme qui a su porter un autre "Belgian Open", le tournoi international de tennis en chaise disputé sur les hauteurs jamboises celui-là, au niveau d'une success story unique en son genre. Habitant à présent Ham-sur-Heure, à moins de 15 bornes de Marcinelle, il s'est d'abord impliqué dans l'organisation de l'Astrid Bowl en s'occupant des relations avec les partenaires commerciaux et en s'investissant dans la communication.
"J'ai déménagé, un peu loin de Namur, et j'avais le sentiment d'avoir bouclé la boucle au Belgian Open où une nouvelle équipe était prête", dit-il. "Comme l'Astrid Bowl nous prêtait des marquoirs pour les matches, Philippe (De Raeve) était venu voir comment cela se passait à Géronsart. Cela lui avait plu et il m'avait demandé si son job pourrait m'intéresser. On a sympathisé, et je suis moi aussi tombé sous le charme du club carolo, de ses dirigeants, de ses infrastructures, dans un cadre magnifique. On a discuté du tournoi, de ma vision des choses pour le faire encore évoluer. Et c'est parti comme ça... sauf que je ne m'attendais pas à ce que Philippe fasse un pas de côté si vite (sourire)."
"Une meilleure visibilité et une image plus jeune"
Quant au vent nouveau appelé à souffler sur la vénérable organisation, "neuf mois c'est court comme délai", souligne le nouveau président. "On continue donc avec la même équipe, les mêmes partenaires historiques, dans les valeurs et la tradition qui ont fait de ce rendez-vous ce qu'il est. Le premier challenge était de sécuriser le tournoi sur le plan financier, parce que chaque année c'est compliqué, mais aussi de chercher de nouvelles ressources potentielles pour les éditions suivantes. Avant toutes choses, il s'agit d'assurer correctement cette première édition en tant que président".
"L'an dernier, on a pu compter sur plusieurs membres du Top mondial junior(e)s, sur 7 à 800 spectateurs pour les finales, 250 en moyenne par jour en semaine, et sur une trentaine d'articles dans la presse", continue-t-il. "La télé régionale diffuse les finales en direct, et France 3 s'est même déplacé deux fois parce que c'est un Français (Arthur Gea) qui a gagné chez les garçons. Tout cela n'est pas mal, mais pas encore suffisant à mon goût. Il y a d'abord les urgences à privilégier, mais, petit à petit, j'aimerais améliorer la visibilité de l'Astrid Bowl, lui rendre un peu de lustre, le moderniser (site web, réseaux sociaux), le faire plus rayonner. C'est une compétition pour juniors, je voudrais qu'elle ait une image plus jeune."
Un inusable juge-arbitre et un Namurois convalescent
Traditionnellement, l'Astrid Bowl sert de tremplin au tournoi juniors de Roland Garros qui se dispute lors de la deuxième semaine du Grand Chelem parisien. Son standing, J 300 selon la nouvelle terminologie, Grade 1 selon l'ancienne, le situe juste en dessous des quelques tournois majeurs au niveau mondial. Pour celui qui a besoin de matches, c'est l'endroit rêvé, à trois heures de la capitale française. "Dans une ambiance et un confort convivial que l'on ne voit pas partout, c'est une fierté", sourit le dynamique et inamovible juge-arbitre Michel Willems qui, à cette occasion, a même eu les honneurs d'un grand article publié sur le site de la fédération internationale (ITF).
Sympathique et compétent octogénaire, l'homme a officié nombre de fois en Coupe Davis ou sur des tournois ATP/WTA/ITF, mais c'est "à la maison", à l'Astrid Bowl, qu'il a fait ses premières armes en 1977, "une époque où Jimmy Carter était président des Etats-Unis, où Elvis Presley soulevait toujours les foules en concert et où Pelé faisait les délices des New York Cosmos", écrit l'ITF. Il a donc eu le temps de voir passer une floppée de jeunes inconnus qui allaient devenir des légendes des courts et qui n'ont pas toujours gagné à Loverval loin s'en faut. "Je me souviens de Roger Federer s'inclinant, et même abandonnant, en quart de finale face au Danois Bob Borella. On sentait bien qu'il avait du potentiel, mais de là à imaginer la suite." Son plus beau souvenir ? "La compétition porte le nom de la reine Astrid, et, pour les 20 ans du tournoi, sa petite fille, la princesse Astrid, est venue assister aux finales en 1984. J'ai vécu ici pas mal de mémorables moments, mais c'est peut-être celui que je choisirais."
Cette année encore, le plateau, issu des quatre coins du monde avec notamment une dizaine d'Américain(e)s, s'annonce très compétitif. Chez les garçons, le Namurois Emilien Demanet, 21e mondial, a malheureusement souffert d'une périostite ces dernières semaines et vient seulement de reprendre l'entraînement. Si tout se passe bien, il sera au rendez-vous - de même qu'à Roland Garros, son premier Grand Chelem, la semaine suivante - mais, dans ces conditions, il ne pourra peut-être pas faire de miracles. Son copain Niels Ratiu, récent vainqueur en J 200, sera là aussi, tout comme les régionaux Ethan Dasset et Neo Ip. Chez les filles, la tête d'affiche annoncée est la Japonaise Mayu Crossley, 7e mondiale, qui a notamment remporté l'Orange Bowl 2022. On notera en passant que la gagnante de l'an dernier, Alina Korneeva, est devenue depuis numéro une mondiale. Enfin, Maryia Kolas, qui s'entraîne au Club Justine Henin, se mesurera à la compétition "moins de 18" alors qu'elle n'a que 13 ans. A suivre de près donc.
Vous retrouverez toutes les infos sur le tournoi sur www.astrid-bowl.com.
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