Assemblée générale de l'AFT : bienvenue à la fédération de padel !

Pour la première fois, l'assemblée générale de l'AFT, qui se déroulera ce samedi 17 mars dans les locaux de l'Union des Classes Moyennes à Wierde, concernera aussi la communauté padel, le destin des deux fédérations étant désormais lié. On en profite pour dresser un petit état des lieux.

Le secrétaire général de l'AFT, Pierre Delahaye, évoquera sans aucun doute ce samedi l'association, actée depuis début octobre, des fédérations de tennis et de padel en Fédération Wallonie-Bruxelles. On se souvient que la médiation du ministre des sports Rachid Madrane et des membres de son cabinet avait alors contribué à lever les derniers obstacles, permettant d'obtenir un accord de collaboration harmonieux entre les deux organisations, accord qui n'existe pas encore côté flamand où Padel Vlaanderen, la fédération historique, coexiste avec Tennis Vlaanderen. "C'est la première fois que nous accueillons un autre sport afin de lui assurer un développement plus rapide, c'est un événement", dit Pierre Delahaye. L'AFP(adel) a ainsi intégré sa "grande soeur" tennistique sur le même modèle que les régions AFT, tout en conservant sa spécificité. A l'occasion de cette "première" assemblée générale "commune", il nous a paru intéressant d'évoquer un "sport qui monte" en compagnie du président de la fédération francophone Philippe Cerfont.

Entretien avec un passionné.

Q. Philippe, peut-on dire que le padel est en fait un nouveau sport... qui existe en Belgique depuis 25 ans ?

 R. C'est paradoxal, mais parfaitement exact. Je suppose que tout le monde sait désormais que le padel (et non paddle) - sport de raquette dérivé du tennis et du squash se jouant en double entre quatre murs de verre avec de plus petites raquettes et des balles à la pression légèrement inférieure que l'on peut faire rebondir sur les parois - est extrêmement populaire en Espagne (le concept, mexicain d'origine, a été mis en forme à Marbella) et en Argentine, avec un total estimé à plus de cinq millions de pratiquants pour les deux pays. En Belgique, on n'en parle réellement que depuis peu de temps, 2015 côté francophone. Pourtant, la fédération belge, Padel Belgium, a vu le jour dès 1992, mais durant longtemps son rayonnement est demeuré très confidentiel, j'ai donc beaucoup d'estime pour des "pionniers" comme Philippe Werts ou Alex Pavy qui, au risque de succomber au découragement, ont cru dur comme fer que "leur" sport pourrait s'implanter chez nous, faisant preuve durant des années d'un maximum de dynamisme sans aucun moyen. Je travaille toujours avec Alex au sein de l'AFP et dans Padel Belgium qu'il préside.
 
Q. Vous êtes venu au padel sur le tard ?

R. Comme plein d'autres lors de vacances en Espagne, il y a quatre ans. J'ai beaucoup joué au tennis - j'y joue toujours un peu, les deux peuvent bien sûr se combiner - mais je ne sais plus qui a dit qu'une fois contaminé par le virus du padel on l'est pour toujours (sourire), j'ai en tout cas rencontré peu de gens qui l'ayant essayé n'ont pas été "mordus". C'est donc en 2015 que la graine s'est mise à germer, et que les premiers terrains ont commencé à voir le jour dans les clubs. Le fait que les constructeurs soient passés des murs de brique à des structures d'acier et de verre, nettement plus esthétiques, a certainement aidé. On a également vu des gens comme les frères Rochus, Laurent Montoisy ou Laurent Jeuniaux en faire la publicité un peu partout et s'investir personnellement. A l'initiative de Philippe Werts, quelques joueurs parmi les meilleurs mondiaux se sont même retrouvés l'an passé au mois d'août sur la place de la Monnaie, en plein cœur de Bruxelles, où des tribunes avaient été montées, recueillant un beau succès populaire malgré la météo capricieuse. Une nouvelle exhibition du WPT (World Padel Tour) est d'ailleurs programmée au mois de juillet dans les installations du Primerose à Bruxelles. En tenant compte de ses moyens, notre fédération a pu mieux se structurer, autour d'un conseil d'administration très motivé. Elle se félicite de pouvoir compter sur deux "consultants" très actifs, Laurent Jeuniaux, en charge de l'informatique et des relations avec les clubs, et Geoffroy Debelle, qui s'occupe de l'organisation des compétitions. Elle dispose aussi désormais d'un conseiller technique en la personne de Juan Pablo Abarca, par ailleurs responsable du haut niveau au club Justine Henin. 

 Q. Dans la pratique, sur le terrain, le padel cela représente quoi ?

 R. On doit bien sûr rester modeste, il s'agit d'un sport qui démarre et que notre climat n'avantage pas, au contraire des pays du sud, l'espace couvert n'est pas toujours extensible. On ne se compare pas avec le tennis et l'AFT, mais, le week-end dernier, le plus important journal flamand (Het Laatste Nieuws) n'en a pas moins qualifié le padel de "sport printanier idéal", le présentant sur une double page comme la discipline fun et moderne qui monte. Olivier Deschacht, Yves Vanderhaeghe, Tom De Sutter ou Xavier Malisse sont des adeptes convaincus, et, malgré une situation fédérale compliquée en Flandres, en un an ils ont enregistré un tiers de joueurs en plus, avec un nombre de tournois multiplié par cinq. Un club précurseur comme Padel 4U2 à Gand, créé en 2012 et exclusivement dévolu à la discipline, compte la bagatelle de 500 membres et propose 9 terrains, dont 3 couverts. Chez nous, on part de plus loin, mais le nombre d'affiliés a déjà doublé en douze mois. On ne doit pas être loin de 1.500 dans une bonne trentaine de clubs et on peut estimer à 5.000 le nombre global de pratiquants dans la zone AFP/AFT, tandis que de nombreux projets sont en gestation dans toutes les régions, on peut s'attendre à une offre plus large, notamment de structures couvertes, pour l'hiver prochain. On dispute pour l'instant nos interclubs, 140 équipes y participent, rejointes par l'un ou l'autre club néerlandophone au niveau national. 

 Q. On peut supposer que ce sont les joueurs de tennis qui s'y essaient le plus souvent ?

 R. Oui... et non. Oui, car en général de bons tennismen aiment pratiquer aussi le padel, parce qu'il est à la fois amusant et tactique, il y a énormément d'échanges et on joue beaucoup à la volée. Non, dans la mesure où ce qui m'a peut-être le plus surpris c'est le constat que, parmi les nouveaux licenciés, 40 % ne viennent pas du tennis, ou du moins n'y jouent plus. C'est vraiment un sport accessible à tous, qui ne nécessite ni physique hors du commun, ni background spécifique. A condition d'avoir une bonne condition de base et le sens de la balle, on peut vite progresser, mais surtout prendre de suite du plaisir, ce qui explique que l'on devienne facilement "accro". Cela nous conforte dans l'idée qu'il s'agit d'un sport populaire à part entière, pas d'un dérivé du tennis ou du squash, et qu'il est notamment susceptible d'attirer l'été des sportifs qui pratiquent d'autres disciplines l'hiver, on voit bien que les joueurs de foot ou de hockey, par exemple, sont vite conquis. Pour les clubs qui disposent de l'infrastructure, c'est donc également une manière d'accueillir de nouveaux membres, alors que la pratique du tennis stagne peut-être à la baisse, en tout cas ne progresse plus. Quant au coût des terrains à installer, si l'on introduit bien son dossier à la Fédération Wallonie-Bruxelles (InfraSports) on peut être subsidié jusqu'à 75 %.

 Q. Qu'est-ce qui vous a finalement incité à rejoindre l'AFT alors que vous aviez semblé plutôt réticents au départ ?

 R. Les discussions n'ont pas été faciles, même si, comme vous l'avez noté, c'était surtout une question de détails. Quand vous vous lancez dans pareille aventure, que vous sentez qu'elle peut prendre une certaine ampleur, votre première envie n'est pas qu'elle soit assimilée à une autre, vous défendez son identité. La volonté du ministre des sports a certainement aidé à arrondir les angles, et, comme le dit Pierre Delahaye, s'il s'agissait au départ d'un mariage de raison les négociations se sont plutôt avérées fructueuses. L'AFT et l'AFP travaillent dans un esprit relativement proche, le padel apporte une vision nouvelle, une pratique plus ludique, et nous bénéficions de l'expertise, des services, des locaux, des avantages d'une fédération qui gère bien le tennis, dont l'organisation est rôdée.  Un département fédéral a été chargé de développer le padel avec des administrateurs des deux bords. On doit se rendre à l'évidence, si les choses sont bien faites on a tout à gagner.

Site internet  www.afpadel.be
Page Facebook de l'Association Francophone de Padel 
 

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