Allemagne-Belgique : un vrai Darcis de Coupe Davis !
"Monsieur Coupe Davis" a encore frappé. Au bout d'un suspense de près de quatre heures, Steve Darcis a pris la mesure de Philipp Kohlshreiber, 29e mondial, 6-4, 3-6, 2-6, 7-6(2), 7-6(5), et a permis à la Belgique de virer à égalité au soir du premier jour (1-1)
On a retrouvé quelque chose du Steve Darcis de la demi-finale Belgique-Argentine dans le match qui ouvrait vendredi le premier tour de Coupe Davis contre l'Allemagne à Francfort. A ceci près que l'enjeu et l'opposant n'étaient pas comparables. Il ne s'agissait que d'un point, et non d'une place en finale, dans une rencontre où tout le monde sait que le plus difficile sera d'en remporter deux autres. Quant à l'adversaire, il était en revanche plus fort que le Delbonis de Forest, et sans vivre, selon le dire des acteurs, un match d'une qualité exceptionnelle, on a eu droit à une de ces parties de Coupe Davis qui contribuent à la légende de cette compétition, dans un final de feu.
"Johan m'a remonté les bretelles"
Les premiers à être à la hauteur de l'évènement furent les quelques 50 ou 60 supporters belges qui, durant les neuf dixièmes du match, jusqu'à la fin du cinquième set pour être précis, ont réussi à faire plus de bruit que les 4.500 Allemands, fort corrects au demeurant, garnissant la Fraport Arena. "Ils ont été sensationnels comme d'habitude", s'en allait Steve, "et Johan (Van Herck, le capitaine, ndlr) m'a seriné à chaque changement de côté qu'en Coupe Davis tout pouvait arriver, il m'a aussi remonté les bretelles quand il le fallait. J'ai déjà réussi des matches comme ça en tournoi, mais avec les potes derrière soi c'est encore autre chose, ça donne un surcroît de courage." "Je trouvais que Steve se prenait la tête avec des choses qui ne servaient à rien, genre "je ne joue pas bien, je rate trop", il y laissait trop d'énergie", expliquait Van Herck, "je me suis effectivement escrimé à lui rappeler tout ce qu'il avait déjà réalisé dans cette compétition, et petit à petit c'est revenu. Il est allé le chercher vraiment très loin ce match, je n'ai vraiment été sûr qu'à la dernière balle !"
"Une de mes plus belles victoires"
Ce fut donc une première rencontre à rebondissements, dominée au premier set par notre compatriote. "Je dois dire que Philipp ne jouait pas très bien", reconnait Steve, "c'est quelqu'un d'expérimenté, avec une belle carrière, capable de mettre de la pression, ce qu'il a fait dans les deuxième et troisième manches, j'ai alors eu du mal à maîtriser la situation, d'autant que les balles dures avec lesquelles on joue ici sont difficiles à contrôler, on l'a senti toute la semaine. Il était nettement au dessus durant ces deux sets, et encore au début du 4e. Je suis content de m'être accroché, cela aurait pu tourner des deux côtés, mais cela fait d'autant plus plaisir quand la pièce tombe à votre avantage. C'est une de mes plus belles victoires, obtenue sans forcément jouer mon meilleur tennis, ce qui lui donne peut-être encore plus de saveur. Ceci dit, si on perd dimanche soir elle n'aura servi à rien, je le sais aussi. On n'est favori dans aucun des matches, il faudra que l'on réalise encore deux exploits pour se qualifier."
"Un début de crampes"
Ce Darcis-là, comme celui de l'Australian Open, 32 ans mais affûté et libre de soucis physiques, joue sans aucun doute niveau Top 50, grâce à cette science du jeu qui compense les quelques lacunes en puissance. "J'ai mené le plus souvent le match, mais chaque fois que j'ai un peu baissé d'intensité pour contrôler il était là pour en profiter. Bravo à lui", commentait Kohlschreiber. Steve a gagné le match sur deux tie-breaks, après avoir remonté un break dans le quatrième set et sauvé deux balles de 0-4 dans le cinquième ! "En plus j'avais un début de crampes", souriait-il, "j'ai essayé de servir sans pousser trop sur les jambes, et cela m'a réussi." Du Steve pur jus Coupe Davis, qui a fini par servir pour le match à 5-4, menant 30-0, mais c'est l'Allemand qui a débreaké, réveillant alors tout le stade. "Une ambiance de feu ! C'est devenu un cliché, pourtant c'est bien pour des moments comme ça que l'on joue au tennis", s'amuse-t-il. "On était un peu fatigués tous les deux, le mental a certainement joué sur la fin."
Arthur a fait ce qu'il a pu
Comme on pouvait s'y attendre, l'équipe belge n'a pas tenu longtemps son avance, même si Arthur De Greef dont c'était le maiden match dans la compétition a fait tout ce qu'il a pu. Il a même bien servi, face au super talent de 19 ans, Alexander Zverev, 19e mondial, mais il n'a pas su profiter de l'une ou l'autre petite occasion (il a eu plus de balles de break que Zverev dans le deuxième set), ou du moins le jeune Allemand, à la dimension supérieure, les a chaque fois balayées impitoyablement pour s'imposer 6-3, 6-3, 6-4. Arthur, un peu nerveux et surpris d'entrée ce qui lui a coûté son premier jeu de service, n'a certainement pas à rougir de sa prestation face à un joueur qui a forcé Nadal aux cinq sets à Melbourne, mais il n'est pas non plus parvenu à vraiment l'inquiéter. "C'est enrichissant de jouer un tel joueur dans une salle pareille", résumait le Brabançon. "J'aurais aimé saisir une des possibilités que j'ai eues de le breaker, mais c'était très compliqué, il joue très vite et je ne m'attendais pas à ce qu'il serve des deuxièmes balles à 190, on voit qu'il est en confiance et qu'il a une beaucoup plus grande expérience des gros matches que moi."
"Le double est prêt"
Tandis que Darcis, qui était là avec son épouse et sa petite fille Camille ("elle aime bien me voir quand je joue, mais à chaque fois que je la regardais elle était quand même occupée avec sa tablette", sourit-il), récupérera un maximum avant d'affronter Alexander Zverev en premier match dimanche, il y a maintenant au programme "un gros double" comme dit Steve, en espérant que le duo Bemelmans-De Loore retrouve son allure de septembre contre le Brésil. En face, on s'attendait au duo Struff/Mischa Zverev, mais le premier nommé est malade, ce qui signifie que, pour la première fois, les frères Zverev (respectivement 19 et 29 ans, l'aîné adepte du service/volée) pourraient faire la paire en Coupe Davis. "On ne sait pas encore qui on affrontera", conclut Johan Van Herck, "mais cela ne change rien pour nous, notre double est prêt depuis le début, et on verra ce qui arrivera, tant qu'on donne tout ensemble. Je suis content de ce que j'ai vu lors de cette première journée, et Steve a confirmé que l'on pouvait revenir de loin avec cette équipe."
Ce samedi
13 h double : Ruben Bemelmans/Joris De Loore - Mischa Zverev/Jan-Lennard Struff .
Dimanche
13 h Steve Darcis - Alexander Zverev, Arthur De Greef - Philipp Kohlschreiber.
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