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Allemagne-Belgique : on continue de rêver grâce à un double bluffant

Pour nous qualifier, il faudra encore réaliser deux exploits, a dit Steve Darcis après sa victoire sur Kohlschreiber. Il n'en manque plus qu'un.

Ruben Bemelmans et Joris De Loore ont dominé les frères Zverev même s'ils ont eu besoin de cinq sets pour en venir à bout. La Belgique mène 1-2 à Francfort.

On a failli laisser nos derniers cheveux en dénombrant les occasions que Ruben Bemelmans et Joris de Loore ne sont pas arrivés à concrétiser à l'occasion d'un double de Coupe Davis où ils ont confirmé leur remarquable prestation de septembre dernier face aux Brésiliens. Du coup, on a bien l'impression de tenir là une paire d'avenir qui devrait peut-être sérieusement réfléchir à travailler plus sur le circuit une complémentarité susceptible, qui sait, de leur valoir de belles satisfactions avec plus d'expérience dans la raquette. "On n'est favori dans aucun match", avait résumé Steve Darcis, "il nous faudra donc réaliser trois exploits pour nous qualifier." Après le sien face à Philip Kohlschreiber, Ruben et Joris ont relevé le défi samedi face à Mischa et Alexander Zverev qui avaient crevé l'écran à Melbourne contre Andy Murray et Rafael Nadal. Le plus remarquable est sans doute qu'inférieurs sur le papier nos compatriotes ont réellement été la meilleure équipe de double des deux sur le court. On peut même affirmer que la logique tennistique aurait voulu que la rencontre n'aille pas aux cinq sets.

Dix-huit balles de break !

Dominateurs d'entrée (6-3 au premier set), Bemelmans et De Loore ont également eu un break d'avance au deuxième, finalement remporté 7-4 au tie-break. Sur leur lancée, ils menèrent encore 3-2, 0-40 au troisième set, sans parvenir à transformer l'essai et se prenant au contraire un coup sur la tête, comme d'ailleurs lors d'une quatrième manche au début de laquelle ils ont à nouveau mené 0-40 sans conclure. Payant par deux fois mentalement ces énormes opportunités manquées par un double 6-4, on aurait pu penser que les Belges avaient laissé passer leur chance. Mais lorsqu'elle se présenta à nouveau à 3-2 dans la manche décisive, nos duettistes ne la laissèrent plus filer, s'imposant 6-3 après trois bonnes heures de jeu. Exploit sûrement... mais logique au vu de ce qui s'était passé sur le court, la paire belge ayant forcé la bagatelle de dix-huit balles de break, dix de plus que les Allemands, pour trois concrétisées.

"Qui l'aurait pensé ?"

"Nous sommes vraiment contents d'avoir encore pu retourner la situation dans le cinquième set", se félicitait Ruben Bemelmans. "Après notre bon départ, les Allemands sont parvenus à sortir la tête de l'eau, mais Johan (Van Herck) a martelé avant la manche décisive qu'en fait le match commençait, que ce qui s'était passé précédemment n'avait plus la moindre espère d'importance. On s'est donnés à 100 %, et cette fois la balle a roulé pour nous, ce que l'on a tenté a réussi. Qui aurait pensé que l'on serait en tête le samedi soir ? Personne. Je sais que l'on n'est toujours pas favori, loin s'en faut même, mais on en arrive à un point où le ranking n'est plus qu'un détail de l'histoire, l'essentiel dans une journée finale en Coupe davis est de garder la tête froide et d'aller aux limites de ce que l'on est capable de faire." "Voir la plupart de nos balles de break effacées par des services haut de gamme était très frustrant", reconnaît Joris de Loore. "mais nous avons joué avec notre coeur et cela a fini par payer au cinquième, mener 1-2 ici sans notre numéro un nous donne encore plus de confiance, une confiance qui nous sera bien nécessaire ce dimanche."

"Je ne vais pas dire que je n'ai pas douté"

Le capitaine Johan Van Herck a bien sûr savouré cette nouvelle performance, qui le rend encore plus fier de la prestation de son équipe depuis le début du week-end. "Cette paire méritait d'avoir une deuxième fois sa chance après ce qu'elle avait montré contre le Brésil", rappelait-il, "et elle a confirmé que l'on avait raison de lui faire confiance. Elle ne va pas gagner tous les matches, mais elle a de nouveau atteint un niveau assez haut, qui offre des perspectives d'avenir. Ils ont eu du cran, ils ont su surmonter l'adversité, mais il ne faut pas sous-estimer l'impact de l'ensemble de l'équipe dans ce qui est arrivé. Je vous avais dit que le team spirit serait belge, et c'est bien le moins que l'on puisse dire aujourd'hui. Cela accroît motivation et confiance. Quand vous voyez ce qu'apporte un Steve Darcis sur le banc, à 3-2 au cinquième, au moment où le match se joue, où je sens que le vent tourne vraiment... parce que je ne vais pas dire que je n'ai pas douté, lorsqu'on se crée 12 ou 13 occasions de breaker et qu'on n'en prend aucune on finit par se demander si ça va un moment finir pas passer.

Et si Steve...

Reste donc un point à prendre ce dimanche (à partir de 13 h), ce qui irait encore une fois contre la logique tennistique. La clé sera à nouveau dans la raquette de Steve Darcis, sera-t-il encore capable d'aller chercher la perf (mondiale cette fois) face à Alexander Zverev, jeune surdoué, 22e mondial, mais qui n'est pas jusqu'ici le Zverev de Melbourne, loin s'en faut, ce qui rend d'ailleurs les Allemands inquiets ? Et s'il fallait un cinquième match, qui Van Herck enverrait-il se confronter à Kohlschreiber ? Et avec quelles chances de succès ? On penserait plutôt à Bemelmans, le capitaine, lui, dit avoir déjà son idée... mais ne la livre pas. Il se contente d'un indiscutable : "Cela va encore être compliqué. On va tout donner pour aller chercher cette victoire, mais, de toute façon, que le résultat soit positif ou négatif, on a déjà montré qu’on est dignes d’être dans le groupe mondial."
 

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