Trois jours mémorables pour Goffin à Abou Dhabi
Il ne s'agissait que d'un tournoi exhibition, mais dans la cour des (tout) grands. David a certes perdu en finale contre un Rafael Nadal à nouveau impressionnant, mais il a battu Jo-Wilfried Tsonga et surtout Andy Murray auquel il n'avait jamais pris un set.
Les leçons du premier galop d'essai dans les Emirats, on ne pourra évidemment les valider que lorsque les choses sérieuses battront leur plein. Mais s'il fallait risquer d'en tirer deux au terme du tournoi exhibition d'Abou Dhabi (Mubadala World Tennis Championship) fin décembre, elles concerneraient surtout Rafael Nadal et David Goffin. Le premier adore manifestement le court et en connaît tous les recoins puisqu'il s'y est imposé quatre fois, mais il a surtout affiché à nouveau un tennis irréductible très proche de celui qu'on lui a connu et qui lui a permis d'écarter d'abord Tomas Berdych et Milos Raonic, puis notre compatriote en finale 6-4, 7-6 (5). Des signaux certainement positifs dans la perspective du premier Grand Chelem mi-janvier à Melbourne.
La réflexion est à peu près la même pour David. Certes, on pourra toujours répéter qu'il ne s'agissait que de (prestigieux) "matches amicaux", et on aura bien sûr raison. Mais, d'une part, on a déjà trouvé le niveau de jeu très bon entre quelques uns des meilleurs joueurs mondiaux, et d'autre part en battant pour la première fois (7-6/4, 6-4) le numéro un Andy Murray, auquel il n'avait jamais pris un set en cinq confrontations, Goffin a quand même " réussi un exploit", dixit le site du journal français L'Equipe, qui ajoutait d'ailleurs : "Techniquement, la série de 24 victoires de rang de Murray ne s'arrête pas, mais la sensation est bien présente."
Après avoir déjà éliminé la veille Jo-Wilfried Tsonga sur le même score, David a donc signé la première "sensation" (nous mettons le terme volontairement entre guillemets) de la nouvelle saison. Il a d'ailleurs été le premier à indiquer que l'essentiel dans ce genre de compétition, qui fait encore partie de la préparation, "n'est pas tant de battre Jo ou Andy, mais d'avoir le bon feeling dans son jeu, de se sentir confortable dans ce que l'on a travaillé et ce dont on aura besoin durant la saison, bref d'avoir le sentiment d'être prêt."
Evidemment, dans de telles circonstances, il n'y a pas la même pression des points, du stress, des attentes qui accompagne la "longue marche" sur le circuit, mais parallèlement on a eu la confirmation du niveau qu'il est capable d'atteindre lorsqu'il joue libéré, vif, spontané, et du fait qu'il a plutôt bien bossé cet hiver... sous réserve de confirmation encore une fois.
Ce fut encore le cas en finale contre Nadal, qu'il a certes perdue, mais en affichant toujours un excellent niveau et en accrochant le tenant du titre majorquin à tout moment. Mené 5-4, David perdit le premier set sur son service en étant apparemment gêné deux fois par le soleil, il eut ensuite un break d'avance dans le second, sans pouvoir le conserver, et s'octroya encore six balles de break à 5-5 le plus souvent magistralement sauvées par ce Nadal retrouvé avec lequel il va falloir compter. Le tie break fut tout aussi passionnant et haut de gamme, remporté encore par Rafa au terme d'une manche qui a duré 1 h 14.
"J'ai passé trois jours merveilleux ici, et je reviendrai si je peux", a conclu le Liégeois qui ne s'attendait peut-être pas à ce genre de scénario (Murray a ensuite battu Raonic en deux sets pour la troisième place) et a laissé entrevoir de belles choses, notamment au service et à la volée, avec une agressivité de tous les instants. "Je suis surtout satisfait de la manière dont j'ai servi, c'est un élément déterminant quand on joue contre Murray qui retourne toujours très bien et met beaucoup de pression", disait encore Goffin, "j'ai pu garder un bon niveau durant quasi toute la rencontre, monter quand je le devais et être efficace pour conclure." Qu'il s'agisse ou non d'une exhibition, David n'a pu que quitter l'endroit avec de bénéfiques sensations et une dose de confiance accrue.
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