Wimbledon : David Goffin s'est-il de nouveau incliné face au futur vainqueur du tournoi ?
C'est Philippe Dehaes qui pointait ici le fait que lors des trois derniers tournois que David Goffin a disputés avant Wimbledon il s'est à chaque fois incliné face à celui qui a gagné la finale. Jamais trois sans quatre, le Liégeois a-t-il été dominé (4-6, 0-6, 2-6) mercredi par celui qui coiffera dimanche une cinquième couronne londonienne ? Bien possible. Tandis que Nadal et Federer en découdront une nouvelle fois en demi-finale vendredi, Novak Djokovic, qui rencontrera Bautista Agut, a plus que jamais joué mercredi en numéro un mondial.
Le meilleur... durant une bonne partie du premier set
Malheureusement, le beau quart de finale atteint par David Goffin sur le gazon londonien n'a pas causé la sensation imaginée dans les rêves, il est vrai un peu fous, que l'on caresse toujours dans ces moments-là. A l'exception d'un formidable début de partie où notre compatriote dominateur a osé et tout réalisé parfaitement, bousculant Novak Djokovic comme dans un scénario idéal. Jusqu'à une double faute à 30-0 4-3 à son avantage, et à deux mauvais appels au "challenge" dans le même jeu, qui l'ont apparemment désorienté, grippant la belle mécanique. Après, on doit bien dire qu'il n'y a plus eu match, avec un cruel 0-10 en guise de coup d'assommoir au marquoir. C'est ce qui est toujours un peu défrisant en pareil cas, voir défiler les jeux sans qu'on ait l'impression que David puisse y changer quelque chose, là où Nishikori a pris un set et accroché plus longtemps Federer, pour un verdict quasi identique malgré tout. Comme le Suisse à Halle, Djokovic a reconnu que Goffin était clairement le meilleur durant une bonne partie du premier set, mais à l'arrivée le résultat est le même, il aurait fallu réaliser un "sans faute" au niveau où il évoluait pour que notre compatriote continue à pousser le numéro un mondial dans ses derniers retranchements.
"Moins d'opportunités que contre Federer à Halle"
"Je jouais super bien, mon meilleur tennis, avec un break et 30-0, il y a juste cette double faute que je peux me reprocher, mais, vous connaissez le refrain, si vous ne saisissez pas une chance comme celle-là contre un joueur pareil il prend confiance et c'est dur de suivre", dit David, "si je mène 5-3 c'est peut-être autre chose, et j'aurais peut-être pu un peu mieux servir, mais le niveau était très très haut, difficile à tenir, et je sentais qu'il avait de la réserve. C'était dur d'encore passer un cran au dessus, sans forcer, en restant dans le contrôle, et lui l'a fait pour pouvoir revenir à 4-4. Une fois qu'il a eu le premier set il a encore mieux joué, mieux servi, plus relax, c'est le meilleur retourneur du circuit, il a la vitesse, la précision, la profondeur, il vous oblige à un peu plus forcer, à une cadence dont lui seul a le secret, j'ai explosé et quelque part perdu le fil. Quand il est concentré ainsi sur son sujet, sans état d'âme, c'est très compliqué surtout sur gazon, j'avais le sentiment qu'il était partout, qu'il avait réponse à tout. Physiquement ça allait, mais avec la vitesse et la pression qu'il mettait c'était difficile mentalement. C'est dur, mais il était juste plus fort, la prochaine fois si on se retrouve face à lui, il faudra se remettre dedans, peut-être essayer autre chose, espérer qu'il soit un peu moins en forme qu'il ne l'est pour le moment, parce que là c'est clairement le numéro un au monde, je me demande bien qui va pouvoir le battre, j'ai eu moins d'opportunités contre lui qu'en finale à Halle contre Federer."
Rendez-vous en Amérique pour le nouveau 18e mondial
Novak Djokovic confirmait qu'il avait joué son meilleur tennis du tournoi lors des deux derniers matches, particulièrement dans les deuxième et troisième sets contre David Goffin. "J'ai le sentiment d'avoir réussi à démanteler son jeu, le match aurait pu prendre une autre tournure avec ce break de retard dans la première manche alors qu'il jouait mieux que moi. Mais je suis parvenu à renverser la tendance et à me libérer, je l'ai fait jouer à 4-3, j'ai trouvé les faiblesses dans son jeu, et je les ai attaquées." Malgré la sévérité de la note - ou l'éclatante confirmation qu'en Grand Chelem il reste toujours un énorme fossé entre les trois "fantastiques" et les autres -, il n'en reste pas moins que notre compatriote peut s'estimer satisfait d'une saison sur gazon qui l'a vu s'extérioriser comme rarement et remonter de la 33e à la 18e place mondiale, une position nettement plus en rapport avec ses capacités. La suite du programme ? "Oublier ce match", sourit David, "prendre quelques jours de repos, analyser tout ça, et repartir sur la route, ou plutôt sur le ciment américain que j'aime bien, même si là-bas l'été est facilement chaud et humide. La confiance est là, le niveau était bon en sortant de Roland Garros, et je suis heureux d'avoir pu le concrétiser sur herbe." Puisse-t-il repartir sur les mêmes bases fin juillet début août à Washington, où il avait disputé les quarts de finale l'an dernier. Alors qu'il n'avait aucun point à défendre sur herbe, il en aura beaucoup au Masters 1000 de Cincinnati où il fut demi-finaliste en 2018, tandis qu'il atteignait le 4e tour à l'US Open, soit 640 points sur l'ensemble de la campagne américaine. En même temps, Flushing Meadows est le seul Grand Chelem où il n'est jamais parvenu en quart de finale. Pourquoi pas cette année, maintenant que le moteur tourne à nouveau sur quatre cylindres ?
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