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Une bien belle année pour le tennis francophone

Tennis Wallonie Bruxelles a réuni les médias en fin de semaine dernière à la Province Raquettes Arena de Huy pour débriefer une année 2025 positive à bien des égards. Des junior(e)s aux pros, les meilleur(e)s Francophones ont pu tirer les leçons de leur saison et préfacer la suivante.
 

"Cette année a été exceptionnelle en termes de résultats pour l'ensemble du pays et ce n’est pas dû au hasard", a introduit Pierre Crevits, le président de Tennis Padel Pickleball Wallonie-Bruxelles, tandis que le directeur sportif Thierry Van Cleemput en profitait pour rappeler l’importance de la fédération "où tout est mis en place pour l’évolution du tennis de demain".
Un travail parfois obscur mais également gratifiant quand, par exemple, un Raphaël Collignon, comme David Goffin avant lui, grimpe un à un les échelons en étant engagé à 100 % dans la filière fédérale francophone dès l'âge de douze ans. L'importance d'une telle "locomotive", on la mesure auprès des plus jeunes. Ainsi, Sava Grozdev, Alistair Mutsch, Louis Mouffe et Jules Dannevoye, 15 et 16 ans, pensionnaires du Centre de formation de Mons, qui discutent tranquillement à l'écart, n'hésitent pas une seconde avant d'assurer avec un bel ensemble : "Bien sûr que cela nous impressionne et nous motive de suivre le chemin que Raph a emprunté, avec un encadrement similaire. Ce qu'il réalise est beau à voir, et cela donne confiance de savoir qu'il est passé par où on passe, pas forcément mieux classé à notre âge, alors qu'il nous manque encore un peu de régularité et de constance dans les résultats, on le sait."
 
Sava s'éclate au Sénégal
 
A 15 ans, Grozdev vient, en tout cas, de remporter deux tournois juniors (donc moins de 18 ans), J30 et J60, à Dakar, en produisant un niveau de jeu "à surveiller pour le futur" selon les termes des  responsables du tournoi. Bien sûr, là-bas, on n'avait pas en lice tous les membres du top de la catégorie, mais il y avait quand même pas mal d'Européens, et Sava n'en est qu'à ses débuts, il sera encore junior durant trois ans. "Gagner comme ça fait du bien mentalement, je me sens plus stable, je pense avoir un peu mûri", dit-il, "j'ai un jeu agressif, j'aime bien quand il y a du rythme, et je sais que dans ce cadre je dois bosser surtout mon et ma volée".
Au Sénégal, Alistair Mutsch a pour sa part atteint les demi-finales du tournoi J30 et la finale du double avec son pote, mais il s'est aussi blessé au dos et n'a pu vraiment défendre ses chances lors du deuxième tournoi. Il rappelle néanmoins en souriant qu'il s'est imposé dans les deux dernières confrontations directes avec  Sava, au championnat de Belgique et en Messieurs 1 à Marche. "Cela les aide tous les deux", sourit leur coach Thibaut Saive.
 
Romy en famille
 
Parmi tous les garçons, une jeune fille a également tiré son épingle du jeu en 2025, et dans un cadre privé, même si la fédé lui attribue une bourse. Dans une famille originaire d'Eupen, où toutes les filles jouent au tennis, Romy Fohnen, encore juniore l'an prochain, est pour l'instant la meilleure joueuse francophone du pays. Entraînée à Flémalle par David Zwirtek, elle est forcément limitée financièrement dans ses déplacements et dans le nombre de tournois qu'elle peut disputer, elle doit se contenter de deux ou trois fois moins que certaines de ses rivales, ce qui se ressent au classement. Elle voyage le plus souvent en voiture, avec des membres de sa famille. L'an dernier, elle s'était imposée dans le J30 de Heiveld, et cette année elle a pas mal progressé et remporté le J100 de Maaseik, une très belle "perf", mais elle n'a plus joué en compétition depuis septembre à cause de problèmes au dos. A 17 ans, elle a déjà entamé une année universitaire en Allemagne, mais elle aimerait d'abord voir jusqu'où peut la mener le tennis en 2026. Avec un jeu inspiré par Sabalenka qu'elle admire, elle voudrait aller chercher le Top 100 juniore et déjà tâter des 15.000 dollars, "même si je sais qu'il y a une différence de niveau. Mon but c'est de réussir, mais si cela ne marche pas je sais qu'il y a autre chose dans la vie." La tête et les jambes.
 
78 matches pour Jack
 
Jack Loge, lui, était pour une fois orphelin de son alter ego Emilien Demanet, qui vient tout juste d'être opéré à l'aine. "C'est mieux que cela soit arrivé maintenant que plus tard dans la saison", se console le jeune Namurois qui finit l'année aux alentours de la 600e place mondiale, ce qui ne correspond pas à ce qu'il espérait, d'autant qu'il avait atteint son meilleur classement en été (515e). Bilan mitigé, donc, et reprise des entraînements fin janvier, ce qui retarde probablement son début de saison 2026 jusque fin février. Une saison qu'il juge cruciale. "Je vise le Top 350, mais je vais aussi voir si j'ai cette capacité de monter au classement, sinon j'en tirerai les conclusions. Je sais que ce que Jack peut faire, je le peux aussi, mais le mental est très important, je me pose encore beaucoup trop de questions."
Jack Loge justement est entré tout juste dans le Top 500, et lui aussi visait plusieurs places au dessus. "Quand je joue bien, je peux battre des joueurs du classement de Raph (Collignon) à mon âge, pas loin des qualifs de Grand Chelem", dit-il, "mais la différence est trop grande avec mes moins bonnes prestations. Comme on joue énormément, il n'est pas facile de garder toujours la même mentalité". Les chiffres sont en effet éloquents : les deux compères ont disputé 30 tournois en 2025, avec pour Jack un total de 78 matches - plus qu'un Top 10 mondial -, soit 50 victoires / 28 défaites. Et enfiler des semaines dans un "resort" à Monastir, croyez-nous, cela n'a rien à voir avec une quinzaine à Roland Garros.
 
Raph attendu
 
C'est donc Raphaël Collignon qui est désormais au centre de toutes les attentions, il n'y avait pas un journaliste présent qui ne l'ait inscrit sur son carnet d'interview. C'est une saison de confirmation qu'aborde le Liégeois, 87e mondial, qui aura 24 ans à la mi-janvier et qui sait qu'on l'attend. D'abord dans les qualifications de Brisbane et d'Adelaïde - tellement la concurrence est forte -, puis à l'Australian Open, alors qu'il n'a aucun point à défendre d'ici la mi-février. Par la suite, en revanche, il en aura pas mal, à commencer par les 125 du Challenger de Pau qui a réellement lancé sa saison et lui a permis d'entrer pour la première fois dans le Top 100. Il s'agira de bien manoeuvrer, mais les échos d'entraînement sont plutôt bons, zones au service, retour, jeu vers l'avant, "je crois qu'il a effectivement progressé dans son jeu, oui, mais il faudra voir à l'autopsie", souffle Steve Darcis. "On ne peut pas dire que je sois déjà ancré dans le Top 100", dit Raphaël, "je vais sans doute jouer un peu plus dans les tournois ATP, mais je vais encore mixer avec de gros rendez-vous du circuit Challenger, le programme sera probablement adapté au fur et à mesure en fonction des résultats et du classement."
 
Gauthier investit
 
Le cas de Gauthier Onclin est différent. Il a commencé 2025 par un coup d'éclat, en sortant des qualifications à l'Open d'Australie, avant d'être encore freiné par une blessure au poignet, mais il a aussi perdu quinze fois au premier tour durant une année qui lui a permis d'atteindre son meilleur classement (ATP 192) début mai mais qu'il termine à 270e place. Le fait que le "cut" de l'Australian ait été avancé mi-novembre lui sauve la mise et lui permet d'encore figurer en ordre d'utile pour les qualifications de Melbourne. "Je n'oublie quand même pas que j'ai disputé cette année les qualifs des quatre Grands Chelems, que j'ai également bien joué en Chine, et que je n'ai pas toujours été gâté par les tirages non plus". Il lui faut en tout cas retrouver le chemin de la victoire après une fin d'année où il  n'était "pas bien que ce soit physiquement ou mentalement". "Je n'ai pas vraiment d'explication, j'avais perdu un peu la confiance", continue-t-il. Il entamera la saison lors des qualifs de Nouméa, avant celles de l'Open d'Australie qui lui ont si bien réussi en 2025. La nouveauté, c'est qu'il s'agira cette fois d'une année full time avec Germain Gigounon comme coach, là où le Binchois n'a assuré que 10 ou 15 semaines depuis janvier. "J'ai toujours le soutien de Steve (Darcis) et de la fédé en Belgique, mais je vais consentir là un gros effort financier personnel, pour bénéficier de plus de stabilité et de professionnalisme sur le circuit. C'était le moment de prendre un petit risque, on a d'ailleurs déjà effectué un gros travail, service, mouvement, mobilité, dynamisme, prise de balle tôt, je pense toujours que je peux faire beaucoup mieux."
 
 
 

Publié le 22-12-2025

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