Un grand David Goffin sort le numéro un mondial
On se demandait ce qui attendait David Goffin lors de son premier tour au Kazakhstan face au prodige espagnol Carlos Alcaraz, 19 ans, plus jeune numéro un mondial. On a eu raison de ne pas désespérer, et lui de s'accrocher.
A ne pas croire, rien à voir avec le joueur poussif que l'on a vu traîner son manque de confiance sur le court face à des joueurs qui ne lui auraient guère posé de problèmes jadis, c'était du Goffin conquérant, pour ne pas dire magistral par moments, ne doutant pas et faisant preuve de caractère quand il pouvait y avoir danger. Un résultat qui fait le tour du monde et un match référence qui tombe à pic en cette intéressante fin de saison.
Les actes joints à la parole
Pourtant quelque peu regonflé après la semaine de Coupe Davis, David Goffin n'avait pas grand moral au moment d'aborder mardi matin son premier tour du tournoi de Nur Sultan au Kazakhstan face au numéro un mondial Carlos Alcaraz. Il restait sur une sixième élimination d'affilée au premier tour, à Metz, et venait d'être repêché comme lucky loser après avoir été sorti au deuxième tour des qualifications par le 152e mondial italien Luca Nardi lors du tie-break du troisième set, en ayant manqué trois balles de match au deuxième. "Les sensations ne sont pas incroyables, trop de hauts et de bas. Je m'accroche pourtant à l'entraînement, ce n'était pas évident de perdre cette rencontre", disait-il avant d'être repêché comme lucky loser grâce au forfait de Holger Rune finaliste à Sofia. Le sort lui ayant réservé le numéro un mondial, Carlos Alcaraz, qui reprenait la compétition, on se demandait ce qui l'attendait face au récent triomphateur de l'US Open, et la surprise fut particulièrement agréable. "Je n'ai rien à perdre", avait indiqué le Liégeois au moment d'aborder la rencontre, et cette fois il a vraiment joint les actes à la parole.
"David a merveilleusement bien joué"
Si le jeune Espagnol - pris de vitesse par un adversaire retrouvant toutes ses qualités de relanceur (Alcaraz n'a pas fait un point sur deux sur sa première balle) et réussissant même 23 montées au filet sur 29 - a semblé encore un peu en rodage, le moins que l'on puisse dire est qu'il est tombé sur le meilleur David Goffin depuis... un long moment, plus proche de son classement d'antan (7e mondial) que de maintenant (66e). "David a merveilleusement bien joué", constatait le numéro un mondial, "il avait déjà disputé deux matches sur ce court qui est lent et qui n'est pas le plus facile à maîtriser. Il était très agressif, je n'ai pas su m'adapter, gérer la pression qu'il mettait sur moi, je dois en tirer les leçons." Ce qu'il n'avait pu mener à bien face au 150e mondial deux jours plus tôt, le Liégeois l'a donc remarquablement réussi face au numéro un, dominant le match dans son ensemble. Breaké le premier, puis filant à 5-2 au premier set, rejoint à 5-5, mais donnant le coup de collier nécessaire sans trembler (7-5), alignant dans la foulée un 5-0 pour mener 3-0, puis 5-1 service à suivre, au deuxième set. Le jeune prodige espagnol, venu sans son coach Juan Carlos Ferrero, s'est battu jusqu'au bout, et notre compatriote n'a pas su conclure une première fois, mais il n'a pas laissé passer la chance une deuxième fois (6-3), même mené 15-30.
C'est la première fois que Carlos Alcaraz, qui a commis 34 fautes directes, ne prend pas un set cette saison. Il lui reste donc des choses à apprendre... encore heureux à 19 ans. C'est aussi la troisième fois que David Goffin bat le numéro un mondial, les deux premières c'était face à... Rafael Nadal au Masters et à l'ATP Cup. "Quand on bat le numéro un, on est forcément super content, surtout avec le niveau de jeu que j'ai eu aujourd'hui", disait David resté très calme après sa victoire. "Ce qui compte, c'est d'avoir montré que c'était possible, et de m'être accroché avec un petit coup de pouce comme lucky loser qui fait du bien. Parfois, on a besoin de ça, j'ai eu une deuxième chance et je l'ai saisie. La gestion d'un tel match n'est jamais évidente. En même temps, dans un grand stade, devant un public nombreux, on a le feu à l'intérieur pour jouer son meilleur tennis, quelque part on n'a pas le choix, on doit donner le meilleur de soi-même. Je suis rentré dedans, avec l'envie de bien faire. J'ai essayé de lui mettre la pression, je n'avais rien à perdre, et le tennis était là. C'est là le plus important, m'être prouvé que mon tennis est toujours là et que je suis capable de faire de grandes choses. Je vais essayer de surfer là-dessus, d'apprendre encore de cette victoire pour essayer de faire mieux, d'augmenter mon niveau pour cette fin de saison et pour la suite."
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