Steve Darcis après la finale liégeoise au 15.000 dollars de Monastir : "On est sur la bonne voie"
Qu'un tournoi international ITF $15,000 se clôture par une finale opposant deux jeunes issus du centre de formation AFT, on n'en a pas souvenir. Que le plus expérimenté, Gauthier Onclin, l'emporte sur un double 6-1 face à son concitoyen Raphaël Collignon, un an plus jeune et qui était encore junior il y a trois mois, enrichit certainement un palmarès dans la catégorie qui commence à avoir de l'allure (une finale et deux titres en un mois pour Gauthier), mais ce dont on a surtout envie ici, c'est de mettre l'accent sur le travail d'ensemble du Team Pro fédéral et sur les progrès continus insensiblement accomplis.
"C'est un long chemin"
On sait que, vu la situation sanitaire, le calendrier international, au plus bas échelon de la hiérarchie professionnelle, est beaucoup moins fourni qu'avant la pandémie et d'accès bien plus compliqué (vols, tests, quarantaines), ce qui d'ailleurs rend les rendez-vous qui subsistent d'autant plus relevés. Il s'agit d'un niveau de compétition par lequel un jeune qui a l'ambition de réussir est, sauf exception hors normes, obligé de passer durant un temps plus ou moins court, avec obligation de résultats et peu de points ATP à récolter, même s'il gagne. L'AFT - surtout ses néo-pros - a la chance de pouvoir bénéficier de l'expérience et de l'expertise d'un ancien champion qui est aussi un coach né. Steve Darcis s'est lancé dans l'aventure du Team Pro AFT avec une motivation contagieuse, et une équipe (Ananda Vandendoren, Julien Onclin, Alexandre Blairvacq) au diapason. C'est pourquoi, après une saison 2020 rabotée et anxiogène, on est ravi de les voir en récolter les fruits au terme d'une première année de fonctionnement particulièrement ingrate. En un peu plus d'un mois, Arnaud Bovy (20 ans), Gauthier Onclin (20 ans) et Raphaël Collignon (19 ans) ont tous trois disputé une finale en tournois 15.000 dollars, tandis que par ailleurs, cerise sur le gâteau, Gauthier Onclin ajoutait deux titres à un palmarès qui s'étoffe. Arnaud Bovy a aussi battu l'espoir néerlandophone Zizou Bergs qui, par la suite, a gagné un tournoi Challenger à Saint-Pétersbourg. Bref, si les plus importants échelons restent à gravir, on peut parler de performances et de résultats très encourageants. "C'est un long chemin, chacun doit le garder en tête, mais on redresse la barque, on est de nouveau sur la bonne voie, c'est également le cas au Tennis Etudes de Mons", résume Steve. "La dynamique est positive, quand l'un performe, l'orgueil des autres s'en trouve titillé et cela fait du bien à tout le monde, mais n'essayez pas de me demander qui va réussir, je suis incapable de répondre, ils ont tous leurs qualités, c'est d'abord à eux de les développer, et aussi de corriger ce qui doit l'être. Déjà réussir ça veut dire quoi ? Pour moi c'est aller au bout de ce qu'on est capable de faire, et quand c'est le cas personne ne doit avoir de regrets."
"Matches de référence"
On peut presque dire que la station balnéaire de Monastir est devenue le port d'attache de nos jeunes pros, si l'on excepte la finale d'Arnaud Bovy à Sharm El Sheikh. Se sentent-ils désormais un peu chez eux sous le ciel tunisien? "La réalité est qu'on n'avait guère le choix", explique Steve, "les garçons voulaient encore rester sur surface dure avant de se préparer à la terre battue, et en jetant un oeil au calendrier on n'y trouvait que deux possibilités, Sharm El Sheikh ou Monastir. On a opté pour la Tunisie où cela s'était plutôt bien passé en février. Ils y restent d'ailleurs pour les quinze prochains jours. Je serai encore avec eux cette semaine et ils feront la suivante à deux. Arnaud Bovy aurait dû, lui aussi, nous rejoindre, mais il s'est occasionné une tendinite au genou. Il se soigne en Belgique pour bien récupérer avant la terre battue." Le fait que, cette fois, ce soit le "boss" qui les ait accompagnés a-t-il particulièrement inspiré nos deux compères ? "Il faudrait le leur demander, mais je ne pense pas. Ce fut une belle semaine et je les en ai félicités, mais avec Julien ou Ananda, cela se serait sûrement aussi bien passé", sourit le coach. Avec ses récents résultats, n'est-il pas déjà temps pour Gauthier Onclin de passer au stade juste supérieur ? "Pour l'instant, il a clairement le niveau de la catégorie, il l'a confirmé et se l'est surtout prouvé à lui-même ce qui est au moins aussi important, il a parfois tendance à se juger sans indulgence. Il est beaucoup plus stable, dans son jeu, dans la tête, et bien sûr le prochain objectif ce sont les 25.000 dollars, les qualifs de Challenger, mais de là à dire qu'il est déjà prêt... il lui faudra d'abord grappiller encore quelques places au classement mondial dans les semaines qui viennent." La bonne surprise est donc venue de Raphaël Collignon, pour lequel cette finale est une "première". "Pour moi, ce n'est pas une surprise, je sais qu'il a les armes", rectifie Steve Darcis, qui se voulait forcément le plus "neutre" possible en la circonstance. "Je suis surtout heureux de ses 2e et 3e tours ici (contre l'Allemand Negritu et l'Italien Giacomini, ndlr) qui doivent lui servir de matches de référence. Il a joué de manière plus agressive, à bon escient, comme on essaie qu'il le fasse, et il est parvenu à garder l'intensité durant toute la partie. La finale, il la joue encore un peu à l'envers lors d'un premier set où il manque un peu d'ambition et d'agressivité contre un Gauthier dont il connaît pourtant les points forts et qui est en confiance. Par contre, le deuxième n'est pas à sens unique. Il y a match, c'est le même score, pas le même scénario, il a plusieurs balles de jeu en début de manche, cela peut tourner autrement."
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