Notre tennis va faire sa révolution
Début février, en marge du match décisif de Coupe Davis opposant David Goffin au numéro un hongrois Marton Fucsovics, les responsables de l'AFT ont invité de nombreux moniteurs oeuvrant dans la filière fédérale, d'une part pour les mettre à l'honneur ("l'AFT c'est vous", a insisté Thierry Van Cleemput, le coach de David, qui avait tenu à être présent) et d'autre part, joignant l'utile à l'agréable, pour évoquer avec eux les nouvelles orientations en matière de formation, de classement et de compétition qui prendront effet en septembre 2018/début 2019. Une révolution est en marche.
Deux projets intimement liés
"On n'en parle jamais, mais les moniteurs qui donnent les entraînements fédéraux dans les régions, qui orientent les premiers pas des futures élites ou participent activement à la formation continue mise en place depuis trois ans, ce sont eux, entraîneurs et clubs, qui font l'AFT, nous voulions le mettre en évidence", insiste le directeur technique fédéral Michaël Dermience. "En avant-première, on a donc profité de l'occasion pour développer à leur intention les deux projets, intimement liés, qui vont prochainement modifier notre manière de fonctionner. Le premier, baptisé "Mon tennis", concerne la formation et prône un projet pédagogique, un format de jeu, centrés sur les compétences de l'enfant plus que sur son âge. Le second vise à uniformiser compétitions et classements, ce qui bouleversera les habitudes acquises mais s'avère d'autant plus indispensable que Tennis Vlaanderen s'y est associé. Cela a pris un peu plus de temps mais on a un accord national, à partir de 2019 on jouera et on comptera de la même manière à Liège et dans le Hainaut, au nord et au sud de la Belgique, on ne pouvait pas rester le seul sport où tout le monde fait à peu près comme il veut dans son coin."
Jusqu'au bout de la nuit
On n'entrera pas ici dans les détails techniques, mais on peut déjà évoquer avec le directeur technique les principes et grandes lignes de cette réforme globale qui lui tient à coeur. "Ce sont des chantiers complexes, entamés il y a plusieurs années, qu'il a fallu mûrir et formaliser", dit Michaël Dermience. "Ils ont nécessité pas mal de réunions jusqu'au bout de la nuit, Samuel Deflandre (l'adjoint du secrétaire général Pierre Delahaye, ndlr) et Thierry Marot (administrateur de l'AFT, maître d'oeuvre du TC Géronsart, ndlr), qui ont notamment piloté la réforme des compétitions et classements, peuvent en témoigner. Quant à la réflexion sur la formation et les écoles de tennis, elle coïncide avec une démarche semblable initiée en France au niveau fédéral. On s'est nourri de la réflexion et de l'expérience des uns et des autres. Marc Renoux, le responsable du programme français Galaxie Tennis, était venu en discuter en son temps lors de l'Ethias Trophy, et on est resté en contact. Chez nous, "Mon tennis" a d'abord été expérimenté une année avec un club brabançon qui était demandeur, ensuite on a étendu à un club par région, puis à treize toutes régions confondues. Les responsables de ces clubs ont fait évoluer le projet avec nous, et, les dernières mises au point validées, la dernière étape, en septembre de cette année, concernera tous les clubs labellisés désireux de faire partie du programme."
Une formation en couleurs
Fondamentalement, en quoi la formation au tennis sera-t-elle améliorée avec le nouveau système ? "On est parti de deux observations. Du fait que les écoles de tennis font toujours recette alors que le nombre d'enfants qui jouent les tournois diminue statistiquement, pour ne pas dire dramatiquement, d'année en année - la tendance est identique en Flandres. Et du constat que lorsqu'ils disputent des matches ceux-ci débouchent trop souvent sur des scores disproportionnés, témoignant de la différence de niveau entre les joueurs, ce n'est enrichissant pour personne et plutôt décourageant pour tout le monde. Dans notre démarche, qu'il faut voir comme un soutien pédagogique aux moniteurs diplômés des écoles de tennis, les enfants ne sont plus regroupés uniquement et spécifiquement par catégories d'âge, mais en fonction de leur niveau, des compétences qu'ils maîtrisent. Les catégories sont identifiées par diverses couleurs, bleu, rouge, orange, vert, jaune, avec des spécificités différentes pour le terrain, les balles ou les raquettes utilisés. Les critères pour passer d'une couleur à l'autre sont définis dans le détail, valeurs morales, technique, tactique, les enfants disposent d'un petit passeport qui les suit partout et arborent sur le grip de leur raquette un anneau de couleur correspondant à leur niveau. Des journées "Jeux et matches passeport" sont organisées à des moments précis de l'année pour évaluer les jeunes par rapport aux qualités définies pour chaque format de jeu, et comme il y a malheureusement trop peu de filles par rapport aux garçons la mixité est de mise jusqu'à 9 ans."
Stimuler la compétition
"La méthodologie incite d'ailleurs à mettre les joueurs en opposition le plus souvent possible", insiste Dermience, "à sortir du canevas du prof avec un panier de balle d'un côté et les élèves de l'autre, où l'on apprend à faire des coups, pas à se confronter à un opposant, l'objectif est de proposer aux enfants un apprentissage progressif de la compétition, d'en motiver un plus grand nombre à participer aux tournois. Un système de classement concernant spécifiquement les jeunes va voir le jour. Pour éviter au maximum les rencontres déséquilibrées une hiérarchie interne à chaque catégorie sera également instaurée, sous la forme d'une pyramide à huit niveaux avec une sorte de numerus clausus à chaque palier, et pour chaque catégorie il y aura trois grades de tournois. Des passerelles permettront aux meilleurs de jouer dans la catégorie supérieure - ou avec les adultes -, tandis qu'un plus grand nombre de rendez-vous seront organisés au niveau national, avec la création d'un Belgian junior circuit. L'idée est aussi de pouvoir concentrer des tournois de jeunes sur deux ou trois jours, voire un week-end, les "traîner" sur une semaine n'a aucun sens."
Le même système et les mêmes classements partout
On vit pour l'instant dans un pays compliqué et divisé, avec une manière de faire différente non seulement côté flamand mais également dans les quatre régions AFT, ce qui est parfaitement incompréhensible vu de l'extérieur. A partir de 2019, ce ne sera donc plus le cas. Si la réforme a d'abord été pensée pour les jeunes, cela va également bouger chez les adultes avec un nouveau mode de classement. La nomenclature, en gros de C30/6 à B-15/4, reste la même, mais on comptera les points différemment. "Actuellement, on fonctionne avec deux systèmes, une grille élites (des Série A aux B-15.1) et une autre pour les classifications inférieures dite des 350 points (pour faire court, le total à partir duquel on garde son niveau ou on monte de classement, ndlr), avec encore des variantes d'une région à l'autre", continue Michaël Dermience. "On gagne ou on perd des points en fonction du classement de l'adversaire, donc tout le monde calcule, on a peur de se confronter à plus fort, on arrête de jouer quand on a atteint le total requis, avec une évaluation par an (en novembre) on a des joueurs sous-classés tout au long de la saison et une grande variation de niveau à classement égal. Le nouveau système sera le même pour tout le monde, d'Ostende à Arlon, avec comme différence fondamentale le fait que les points accordés le seront fonction du stade atteint lors de la compétition concernée, comme sur le circuit pro, le classement de l'adversaire n'intervenant que pour un bonus victoire. L'ambition est d'essayer de transformer ce qui est négatif en positif, d'inciter à faire mieux, de valoriser la participation, de dynamiser le niveau des joueurs et du tennis en général. On ne pourra plus perdre de points, on prendra en compte les huit meilleurs tournois du joueur sur l'année, le classement sera actualisé deux fois par an avec une évaluation en juin et une en novembre."
- Les différentes réformes évoquées ici seront détaillées, et expliquées avec toutes les précisions nécessaires, en plusieurs phases à destination des membres de l'AFT et du public au cours de l'année 2018.
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