Niels Ratziu et Ethan Dasset sélectionnés pour le Tennis Etudes de Mons, leurs entraîneurs témoignent
Ils ont conduit leur jeune protégé jusqu'aux portes de l'élite AFT. En septembre, ils céderont le relais au staff du Centre de formation de Mons avec un petit pincement au coeur mais surtout un grand sentiment de fierté.
Eric Marquet, qui a pris en charge Niels Ratziu (15 ans) à Neupré au sein de son académie Epsylon, et Julien Grosjean, qui s'occupe d'Ethan Dasset (13 ans) depuis l'âge de 6 ans dans l'école de tennis du Kalypso à Gosselies, peuvent dire qu'ils ont fait du bon boulot.
On n'insistera jamais assez sur l'importance des écoles de tennis dans les clubs, c'est par leur intermédiaire que les jeunes prennent contact avec notre sport et progressent ensuite plus ou moins bien, du loisir à la compétition. Ceux qui s'en occupent jouent un rôle crucial, au plus ils placent la barre haut au plus le niveau général peut être élevé. La sélection de Niels Ratzu et d'Ethan Dasset pour le Tennis Etudes fédéral, qu'ils doivent intégrer en septembre, nous offre l'opportunité d'évoquer deux d'entre eux, un Liégeois et un Hennuyer, et de mettre en valeur des structures relativement discrètes mais performantes.
Epsylon
Eric Marquet, la soixantaine, qui a développé son Epsylon Tennis Academy depuis le milieu des années 80, a pas mal roulé sa bosse dans le petit monde de la balle jaune, comme joueur d'abord (finale de l'Astrid Bowl, sélection en Coupe Davis, finale du championnat de Belgique série A), comme entraîneur/directeur technique ensuite (BATD, Hope & Spirit). Depuis trois ans, il s'est vu notamment confier la gestion de l'école de tennis du club de Neupré. "Et il y a à peu près deux ans, alors qu'ils rentraient d'Afrique, le papa de Niels Ratziu m'a demandé de m'occuper de son fils", explique-t-il. "C'est une famille de trois enfants attachante et méritante, la mère est une ancienne joueuse de basket d'origine sénégalaise - Niels a d'ailleurs renoncé au basket pour se consacrer au tennis -, et le père un ex-footballeur roumain de haut niveau, ingénieur de profession, souvent en mission à l'étranger mais bientôt pensionné. Ils ont vécu un temps au Sénégal où leur fille Louise, 18 ans, elle-même joueuse de tennis remarquée plus jeune par la fédération, vient de terminer ses études. Je trouve au garçon un potentiel élevé, qui à mon avis aurait dû lui permettre de prendre la route de Mons plus tôt. Je n'ai pas à juger de la stratégie fédérale précédente, mais le fait est que Niels n'a perdu la finale de la Coupe de Borman nationale l'an dernier que 7-6 au troisième set face à Emilien Demanet du Centre AFT, cela s'est vraiment joué à rien. D'un autre côté, rien de tel pour renforcer la motivation et le caractère de quelqu'un, il y a forcément de la frustration, mais sans animosité, il mord sur sa chique avec l'envie de prouver qu'il n'a rien à envier à ceux qui sont à Mons. On n'a pas pu lui offrir 20 h d'entraînement comme là-bas, mais étant donné qu'il a beaucoup grandi ce n'était peut-être pas plus mal. En revanche, il a pu profiter une ou deux fois par semaine de la collaboration que nous avons nouée avec le club de Genk, une super académie limbourgeoise qui tourne à plein rendement."
Monfils
Les prestations du garçon ne sont pas passées si inaperçues que ça puisqu'en février de cette année c'est le directeur technique de l'AFT lui-même, Thierry Van Cleemput, immergé dans la nouvelle stratégie sportive fédérale, qui est venu aux nouvelles. "Niels a l'air intéressant", m'a-t-il dit en formulant son invitation, et je suis allé voir moi-même des entraînements fédéraux à Huy pour me rendre compte, on sent de suite l'impulsion donnée par des gars comme Thierry ou Steve (Darcis) qui ont un vécu du haut niveau", continue Eric Marquet. "En tant que coach, j'estime leur projet crédible et intelligent, ils savent de quoi ils parlent, à tous niveaux on ne peut rivaliser, j'ai vivement conseillé aux parents de Niels d'accepter, même si ça va nous faire un vide. Il faut être raisonnable, je suis là pour former et faire progresser les joueurs qui viennent chez moi, mais je n'ai jamais eu l'ambition ou l'envie de monter une académie de compétition top niveau, il y en a peut-être qui y arrivent mais en tant que privé c'est difficile à faire vivre au long cours, je crois que même Kim Clijsters s'en est rendue compte, et, sans subsides ou soutiens extérieurs, un début de carrière coûte aussi de plus en plus cher aux parents au fur et à mesure que leur enfant avance en âge." A qui le style de jeu de Niels - en pleine croissance, 1 m 86 à quinze ans - peut-il faire penser ? "Déjà, lorsque je vois un joueur à haut potentiel la première chose que je lui dis c'est qu'il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus", conclut Eric Marquet, "mais si je devais citer un (grand) nom je dirais qu'il joue un peu à la Gaël Monfils, c'est quelqu'un de talentueux, avec un bras qui va très vite, il sait faire beaucoup de choses, donc vous l'avez compris il faut encore le structurer, lui faire assimiler quelques règles, mais sans qu'il perde son instinct."
Doudou
Dans son académie, Eric Marquet peut compter sur un autre talent - plus jeune et avec déjà un tempérament turbulent à maîtriser - en la personne de Sacha Picard, qui a gagné la Coupe de Borman nationale 2019 "moins de douze ans" en battant... Ethan Dasset lequel va justement intégrer, à 13 ans, le Tennis Etudes de Mons en septembre. Ethan Dasset qui n'a connu jusqu'ici qu'un entraîneur au cours de sa toute jeune carrière. "Je m'en occupe depuis qu'il a six ans, au point d'avoir l'impression d'être devenu un membre supplémentaire de sa famille, les liens d'amitié et de confiance créés sont très forts", confirme Julien Grosjean, "surtout qu'avec le petit frère d'Ethan, Milan, c'est un nouveau cycle qui s'annonce et qui semble au moins aussi prometteur. Comme Obelix et la potion magique, le gamin est "tombé dedans" quand il était petit, il est sur le bord d'un court depuis qu'il a six mois, son doudou c'est une raquette de tennis. La maman est prof de math, le papa travaille pour une société pharmaceutique, bien sûr tout cela exige d'eux pas mal d'investissements et de disponibilité." Ethan ce n'est pas le basket mais la balle pelote qu'il a laissé de côté pour le tennis. "Peut-être le jeu de balle a-t-il contribué à son style vers l'avant", continue son entraîneur, "il est très athlétique, bâti pour faire 1 m 90, service puissant, volée, accélération du jeu, profil de tennis moderne, il est aussi un an à l'avance à l'école."
Kalypso
"Dans la vie, je suis prof de gym, et au club on a en quelque sorte grandi ensemble avec Ethan, il a émergé de notre groupe, et j'ai passé mes niveaux d'entraîneur tennis, jusqu'à éducateur, pour évoluer en même temps que lui", sourit Julien Grosjean. "On lui a servi de tremplin, c'est un peu difficile de laisser partir quelqu'un avec lequel on a tissé de telles relations au quotidien, mais un jour il faut que les enfants s'envolent, et il n'est jamais bon de se concentrer à plusieurs sur le même joueur. Je me contente donc d'assurer la transition, de vérifier que tout se passe pour le mieux, et de continuer à conseiller ou encadrer les parents autant que faire se peut. Notre club, le Kalypso à Gosselies, est revenu sur les bons rails lorsque deux jeunes, Sven Castellani et Arnaud Krumpmann, l'ont repris et relancé, j'y suis moi-même arrivé il y a sept ans en compagnie de Jérôme Couder, on a une chouette école de tennis labellisée mais surtout c'est un état d'esprit qui a été recréé, un dynamisme amical et chaleureux qui fait plaisir à voir et à vivre. C'est motivant."
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