Meilleurs voeux tennis et padel à toutes et à tous !
Le président Pierre Crevits : "Si l'année 2022 pouvait déjà être simplement normale"
Pierre Crevits ne préside l'AFT que depuis trois mois. C'est évidemment un peu court pour pouvoir imprimer sa propre marque, même s'il a occupé des fonctions fédérales depuis des années et si on l'a déjà pas mal vu à la manoeuvre ces dernières semaines. On profite des traditionnels voeux de la Saint-Sylvestre pour faire plus ample connaissance, au moment où il entame sa première véritable année de présidence.
"Sans covid, sans inondations, sans conflits autour du padel..."
Q. Président, que vous souhaitez vous/nous pour l'année qui commence ?
R. Qu'elle soit déjà simplement normale, sans covid, sans inondations, sans conflits autour du padel, que nous puissions nous attaquer aux vrais défis qui sont les nôtres et oeuvrer au service de nos clubs en prenant toute une série d'initiatives à l'image de la journée "Set à dire" qui fut unanimement appréciée à la mi-novembre. Peut-être est-ce un des seuls domaines, la communication, notamment avec les clubs, où notre fédération modèle aurait pu être un peu plus performante par le passé, or, c'est une évidence, attirer et former plus de jeunes et de joueurs passe d'abord par les clubs. Faire tout pour élargir la base de la pyramide d'un côté, offrir un maximum de moyens aux élites de l'autre, c'est là notre rôle. A l'AFT, comme partout, on a souvent été obligé de parer au plus pressé depuis deux ans, même si je sais que nous ne sommes pas les plus mal lotis.
Q. Justement, fin décembre, vous n'avez pas craint de voir le tennis à nouveau contraint de fermer ses courts d'hiver comme l'an dernier, ce qui aurait été une véritable catastrophe ?
R. Pas vraiment, non. Je suis désormais raisonnablement confiant dans le fait que tous les décideurs ont compris à la fois l'importance de la pratique sportive et le peu de danger de contamination existant dans un hall de tennis. J'espère donc que nous allons pouvoir travailler sereinement avec le Conseil d'administration au cours des premiers mois de l'année pour définir une vision stratégique que nous présenterons lors de l'Assemblée générale, toujours dans l'axe démocratisation-professionnalisation-informatisation. Comme je l'ai dit à la Fondation Hope and Spirit, je suis aussi partisan de partenariats public/privés bien compris. Nos moyens sont ce qu'ils sont, les sélections que nous opérons au Centre de Mons sont pesées avec intelligence et compétence, mais à 12 ou 13 ans il est difficile de prévoir l'avenir, David (Goffin), lui-même, a failli en faire les frais en son temps. C'est bien qu'il y ait d'autres options, et que l'on continue de garder tout le monde à l'oeil.
"Le tennis a bien travaillé, mais il a eu de la chance aussi"
Q. On a déjà dû vous en faire plus d'une fois la remarque, après avoir connu les plus belles années de son histoire, notre tennis semble manquer un peu de relève pour la première fois depuis le début des années 90, qu'en dites-vous ?
R. Que je m'inscris à 100 % dans la continuité de ce qui a été réalisé, et je vous retourne la question : dans quel autre sport d'envergure mondiale a-t-on vu autant de Belges dans un Top 100 ? Nous profitons d'une génération unique en football, genre Justine et Kim en tennis, mais auparavant combien de joueurs belges, mis à part Jan Ceulemans et l'un ou l'autre gardien, ont pu prétendre à une place parmi les 100 meilleurs au monde ? Alors qu'en tennis, depuis 30 ans, on en a eu en permanence au moins un, deux ou trois selon les périodes, on en a toujours un chez les garçons et même quatre chez les filles. La Belgique est grande comme un mouchoir de poche, la zone couverte par l'AFT est moins importante que celle d'une région française, ce qui est exceptionnel c'est d'avoir réussi tout ça. On a bien travaillé, et c'est toujours le cas, il y a chez nous une structure et des entraîneurs que l'étranger nous envie, mais on a aussi eu de la chance, il faut savoir le dire, parce que le talent et/ou la mentalité du champion, cela se travaille, cela ne s'invente pas, on en est tributaire. On va tout faire pour ce ne soit pas le cas (il y a de la qualité à Mons, n'en doutez pas), mais il n'y aurait rien d'anormal non plus à ce qu'il y ait un petit creux après 30 ans. Ceci dit, avec David qui a l'air décidé, une vraie paire de double en laquelle j'ai toujours cru, et tous ceux qui, l'air de rien, nous ont qualifiés alors que personne n'y croyait, je suis sûr que l'on peut atteindre une nouvelle phase finale de Coupe Davis en 2022. Ce sera tout ou rien en Finlande, mais j'ai eu l'occasion de rencontrer notre équipe en fin d'année. Ils y croient.
Q. Deux jeunes pros quittent le Team AFT pour une université américaine, parce qu'ils ne peuvent combiner études et tennis à ce niveau en Belgique...
R. ... Et je les soutiens, parce que la réussite en tennis est aléatoire. Je pense qu'il faut aussi essayer de garder le contact avec eux, rester disponible, continuer à les suivre d'une manière ou d'une autre. A l'AFT, jusqu'à 18 ans, on a le Tennis-Etudes. Après, en Belgique, c'est soit l'un soit l'autre, alors que ce qu'ils font aux USA devrait être possible chez nous. Tous les cours sont-ils indispensables, comment intégrer l'expérience sur le circuit ? C'est une réflexion et un travail, certes de longue haleine, qui mériteraient d'être menés.
"C'est nous qui faisons le travail pour le padel depuis 2017"
Q. Vous en parliez plus haut, l'intégration du padel ne s'est pas faite sans heurts. Un dossier un peu chaud pour votre entrée en fonction.
R. Je ne vais pas répéter ce que j'ai déjà dit cent fois. D'une, le padel doit être géré par le padel, et il l'est. Le Comité de gestion, composé de joueurs et représentants des clubs, est en place et il fonctionne activement avec un département fédéral particulier qui, à une personne près, est celui qui assure déjà le travail pour le padel dans nos bureaux depuis quatre ans, on ne l'a sans doute pas assez dit. De deux, puisqu'il faut encore tordre le cou à un canard qui sévit toujours, selon lequel le tennis agit ainsi pour pallier le fait qu'il perd des membres, les chiffres récents démontrent exactement le contraire: le nombre d'affiliés tennis de l'AFT, comme de Tennis Vlaanderen, augmente sensiblement. En ce qui nous concerne, nous en avons enregistré exactement 1100 de plus en 2021. De trois, les deux sports ne peuvent se développer harmonieusement que s'ils sont gérés par une même fédération, comme c'est le cas en Flandre, en France et dans plein de pays. Ou à tout le moins s'ils sont regroupés sous une même coupole et mettent en oeuvre des politiques cohérentes qui ne rendent pas fous les 80 % de clubs qu'elles gèrent ensemble. Au contraire des Flamands, dans un esprit collaboratif et consensuel, nous avions volontairement choisi la deuxième option, mais après avoir tout essayé - et l'Adeps aussi - on a dû constater que cela ne pouvait fonctionner. D'abord parce que les responsables qui restent à l'AFPadel n'ont pas la même vision que nous, ils voient le tennis comme un rival, et ensuite parce qu'ils ont une gestion, y compris de l'argent public, sur laquelle on ne peut pas s'entendre. Ils n'ont jamais respecté la convention qui avait été définie en 2017, prenant toutes les décisions en solo. Il y a eu quantité de conflits personnels et Tennis Vlaanderen ne voulait plus entendre parler d'eux. Maintenant, tout va pouvoir se débloquer au niveau national et international, on va pouvoir créer une vraie fédération belge officiellement reconnue.
"On devient président pour donner, pas pour recevoir"
Q. Cette fédération vous la connaissez de fond en comble, avez-vous toujours eu l'ambition d'en devenir le président ?
R. Alors là, pas du tout. A chaque étape de ma carrière de dirigeant, que ce soit comme vérificateur aux comptes, trésorier ou président, j'ai été sollicité par des gens bien intentionnés qui pensaient que j'avais le profil adéquat, d'abord Daniel Schreider et Etienne Poncelet au Tennis de la Citadelle à Namur, puis Bob Gérard, Joseph Buron et Maurice Dantinne dans ma région de Namur/Luxembourg dont je suis devenu président en 2007. Il y a de cela quelques années, c'est mon prédécesseur André Stein qui m'a demandé si cela m'intéresserait de lui succéder éventuellement un jour à la tête de l'AFT. On n'imagine pas ce que cet homme a fait pour le tennis, à moins de le connaître intimement, ainsi que tous les contacts précieux qu'il a pu nouer et dont il s'emploie à me faire bénéficier. J'ai accepté parce qu'avec mon expérience professionnelle et mon parcours au sein de l'AFT, je pense avoir acquis progressivement les compétences pour essayer de remplacer quelqu'un de sans doute irremplaçable (sourire). Ma philosophie, c'est que lorsqu'on prend une charge de président dans une association, on le fait essentiellement parce qu'on croit pouvoir apporter quelque chose, pour donner pas pour recevoir, comme un bénévole en chef en quelque sorte, si on cherche quelque chose en retour cela ne fonctionne pas.
Q. On n'oublie pas que vous êtes aussi le "boss" d'une grosse société franco-belge, que vous êtes souvent à Paris. A l'expérience de ces trois premiers mois, la coexistence se passe bien ?
R. Je vais vous étonner mais je constate que ce n'est pas nécessairement plus énergivore que ce que je vivais depuis 14 ans à Namur/Luxembourg, où on fonctionnait avec un peu plus d'un équivalent temps plein et où je devais faire beaucoup moi-même. Maintenant, je peux m'appuyer sur une super équipe de passionné(e)s qui abat un boulot dingue, c'est incroyable les talents qu'on a. Mon rôle c'est d'accompagner, décider, challenger, susciter la réflexion, m'impliquer autant que mon emploi du temps le permet, et je pense que cela va bien se passer, même si je ne pourrai jamais être autant sur le terrain qu'André l'était, mais on parle là d'un phénomène (sourire). Je me souviens du temps, dans les années 70, où le seul terrain de tennis couvert en province de Namur était chez nous, à la Citadelle, dans les casemates, on l'appelait le "bunker", il n'avait même pas les dimensions requises. Quel chemin parcouru depuis, on doit en être fier ! Il n'y a aujourd’hui plus une zone géographique de la fédération Wallonie/Bruxelles où l'on ne puisse jouer au tennis, hiver comme été. Et en même temps, il reste tant de pain sur la planche, déjà pour réussir la même chose avec le padel.
Une belle année à toutes et tous !
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