Marc Grandjean entraîneur de l'année, Joachim Gérard à la recherche du temps perdu
On n'a pas été étonné d'apprendre que Marc Grandjean, le coach de Joachim Gérard, de Jef Van Dorpe et de l'équipe nationale de tennis en fauteuil, a été distingué entraîneur de l'année 2017 par l'ITF. Ce qui étonne plutôt c'est qu'il l'ait été si tardivement, et pas lorsque Joachim a remporté le Masters à Londres deux années d'affilée. Enfin mieux vaut tard que jamais pour cet homme de qualité touché par la maladie.
Souffrant de la maladie de Charcot, diagnostiquée en septembre dernier, Marc Grandjean (61 ans) se déplace désormais difficilement. "Cela m'est tombé dessus subitement, il n'y a pas de tabou, la maladie évolue", indique-t-il, "mais tant que mon état le permet je continue, avec le soutien de la Ligue handisport. Ce prix remis par la fédération internationale aurait il est vrai pu venir plus tôt, il n'en représente pas moins une immense fierté, Joachim a rétrogradé au classement, en partie à cause de la blessure à l'épaule dont il a été opéré il y a un peu plus d'un an, mais on sait le niveau qu'il a atteint et qu'il va retrouver je l'espère, Jef Van Dorpe a remporté le championnat du monde juniors, l'équipe belge a obtenu le bronze l'an dernier à la Coupe du Monde en Sardaigne, le bilan est plutôt pas mal. Dommage que l'on n'ait pu accrocher une deuxième médaille de bronze aux Pays-Bas fin mai/début juin (la Belgique a fini 4e, ndlr), il s'en est fallu de peu contre la France."
"Il dit qu'il a compris, mais il doit le montrer"
Sportivement, c'est évidemment la situation de Joachim Gérard qui interpelle. Habitué du Top 3 mondial, le Brabançon est sorti du Top 7 qui donne accès aux Grands Chelems et Masters. 9e mondial, il a manqué l'Australian Open, Roland Garros, bientôt Wimbledon et il se trouve à 250 points de cette 7e place occupée par le Français Nicolas Peifer. Quand on détaille les noms des joueurs composant ce Top 7 - à nouveau emmené par le Japonais Kunieda après une assez longue traversée du désert lui aussi - on se dit à priori qu'il ressemble à une forteresse. "Le niveau des meilleurs a fort évolué, il s'est professionnalisé, ce sont tous des guerriers, ils ne lâchent rien, et si Joachim a bien sûr payé son problème d'épaule, il a eu depuis l'occasion de faire des résultats, la balle est dans son camp", confie Marc Grandjean. "Il a le niveau des autres, mais pas la constance, l'endurance mentale, c'est de plus en plus dur et on ne prète qu'aux riches, c'est en Grand Chelem qu'on récolte le plus de points, quand on sort du Top 7 il est difficile de remonter. J'attends une réaction de sa part, il dit toujours qu'il a compris, mais il doit le montrer. Pour lui. Pour moi."
"Des semaines importantes pour Joachim"
Joachim Gérard a gagné deux tournois cette année, à Bolton et à Plock en Pologne, deux tournois ITF 2 qui ne lui ont pas permis de reprendre beaucoup de points au peloton de tête. "En revanche, les jours qui s'annoncent, après l'ITF 2 de cette semaine à l'île de Ré, seront importants avec les Open de France et de Grande Bretagne, qui sont des Super Series, le Swiss Open qui est un ITF 1 et bien sûr l'Open de Belgique à Géronsart. On refera le point fin juillet avant la tournée américaine", continue Marc Grandjean. "J'ai mal géré la fin d'année dernière et le début de celle-ci, je sais que j'ai perdu du temps", reconnaît Joachim Gérard. "Mais en février/mars/avril, j'ai réalisé un gros boulot de fond avec mon nouveau coach physique, Quentin Verriest, et il me semble que je suis encore plus fort. Il faut que la confiance revienne petit à petit, à la Coupe du Monde par équipes j'ai perdu en trois sets face à Fernandez et Hewett, 3e et 2e mondial, et j'ai battu Houdet, le 4e, sur un double 6-2. On en parle peu entre nous, mais ce qui est arrivé à mon coach n'a pas été facile à accepter non plus, c'est aussi injuste que ce titre tardif d'entraîneur de l'année est mérité, mais cela doit me pousser plutôt vers de meilleurs résultats, vers la plus haute marche, c'est le moins que je puisse faire et que je lui doive."
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