Les tournois Tennis Europe au BATD : "C'est notre façon d'aider le tennis belge"
Le BATD est un unique "pilier" du tennis en Belgique. La Belgium Association for Tennis Development a fêté ses 30 ans en 2019, et a donc vu le jour, sous l'impulsion de Jean-Pierre Debodt, avant même la création du Centre de formation fédéral à Mons, soutenant pêle-mêle les frères Rochus, Kristof Vliegen, Kirsten Flipkens ou Yanina Wickmayer à un moment de leur carrière où ils en avaient besoin. Gérant aujourd'hui cinq clubs et huit écoles de tennis, des deux rôles linguistiques, il continue d'oeuvrer discrètement pour notre sport, organisant en ce moment de précieux tournois internationaux pour jeunes.
L'Europe des p'tits bouts
Durant trois semaines, entre la fin juillet et le 15 août, du Primerose à Odrimont en passant par le Tennis de La Cure, c'est l'Europe des p'tits bouts ("moins de douze ans") qui se donne rendez-vous entre Bruxelles et le Brabant Wallon. Nous avons souvent entendu des coaches fédéraux expliquer que nos jeunes sont désavantagés dans leur évolution, quel que soit l'âge, par le nombre de tournois internationaux de tous niveaux organisés dans des pays comme l'Italie, la France, l'Espagne pour ne citer qu'eux. A chaque fois ce sont des conditions privilégiées pour les joueuses ou joueurs nationaux de récolter des points précieux. Ces derniers temps, dans notre pays, on est un peu passé de presque trop (avec tous les tournois à la côte, sans oublier le formidable Ethias Trophy) à presque rien. Qui plus est, la crise covid a évidemment joué un rôle décourageant en la matière, avec la difficulté de voyager, le poids des procédures sanitaires imposées, la fragilité des sponsors et un hiver financièrement délicat. On est d'autant plus heureux qu'à Huy, Coxyde, Baulet et Eupen, on ait tenu bon pour faire au moins vivre une fin d'été - dernière quinzaine d'août/début septembre - compétitive en ITF 15.000 et 25.000 dollars, ce ne sont pas Gauthier Onclin, Arnaud Bovy ou Raphaël Collignon, entre autres, qui vont s'en plaindre. On ne peut dès lors qu'englober dans le même éloge ceux qui ont maintenu le cap pour les plus jeunes également. Pas évident en ces temps chahutés d'organiser en un peu plus d'un mois quatre tournois Tennis Europe - trois "moins de douze ans" en cours, plus un "moins de seize" début septembre à Waterloo - comme le fait le BATD.
Priorité aux enfants
"Notre ASBL a toujours eu pour objectif d'aider le tennis belge", dit la présidente Karine Biver, "on a connu de belles années, et même des débuts fracassants, avec des générations exceptionnelles comme on n'en a pas tous les dix ans et que l'on a aidées du mieux que l'on pouvait. Le talent ne se fabrique pas mais je vous assure que la passion, la rigueur et la qualité du travail sont toujours bien là. Nous travaillons depuis plus de trente ans selon un principe pyramidal, et il nous a semblé important, en cet été où l'on ne pouvait tout faire, de privilégier la base - c'est de ce travail-là que tout part, les stages, les écoles - c'est-à-dire nos meilleur(e)s petit(e)s joueuses ou joueurs, des enfants qui ont peu l'occasion de se mesurer à la concurrence internationale, plutôt que le 15.000 du Primerose ou le 25.000 d'Odrimont en juillet. C'est précieux pour eux, mais ne vous y trompez pas, c'est tout sauf une solution de facilité pour nous. Normalement il n'y a même rien de plus lourd et coûteux à organiser qu'un tournoi international avec des enfants. Heureusement que la charge financière a diminué depuis la crise sanitaire. On a aussi chez nous un bon petit public qui aime ça, et pour les étrangers qui viennent - Croates, Allemands, Espagnols, Français, etc - le fait de pouvoir jouer trois semaines de suite dans la même région pendant les vacances est une aubaine. On voudrait idéalement pouvoir présenter une galerie complète de tournois, des "moins 12" aux "moins 18". Cela aurait un sens, mais encore faut-il qu'on nous accorde les dates. On travaille en totale collaboration avec la fédération, même si, soit dit sans méchanceté, on aimerait parfois être un peu plus soutenu côté néerlandophone d'autant que leurs petits joueurs et joueuses en profitent (sourire)." Ainsi au Primerose, Solen Aerts du club de Mons, qui entrera au Tennis Etudes fédéral en septembre, a remporté le tournoi face au Français Joachim Walker-Viry, tandis que Marilyn Van Brempt battait Celine Weynen dans une finale flamande chez les filles. La semaine dernière, à La Cure, c'est une victoire croate chez les garçons et allemande chez les filles que l'on a enregistrée. Rendez-vous cette semaine à Odrimont pour la suite et la fin.
"Le padel n'est pas une concurrence"
Le BATD gère donc un ensemble de clubs et d'écoles de tennis concentré surtout dans le Brabant wallon et flamand, Odrimont à Lasne, le Primerose à Bruxelles, La Cure à Zetrud-Lumay, l'ETC St-Josse, Waterloo où la commune vient de lui accorder la concession du club et de l'école de tennis, ainsi que les écoles du TC Sollenbeemd à Halle, du KTA Crainhem ou du TC Avia à Deurne. "Chaque club n'en constitue pas moins sa propre entité, avec un responsable pour chacun, et les tournois sont dispatchés autant que possible entre les uns et les autres. On n'a jamais tenu compte non plus des contingences linguistiques tout au long de notre parcours", poursuit la présidente, "c'est d'ailleurs très intéressant de voir comment on fonctionne dans les deux ailes fédérales, c'est assez différent", sourit-elle. Elle ne cache pas que les conséquences de la Covid ont causé beaucoup de tort à la compétition. "On a perdu des jeunes qui hésitaient à se lancer. J'espère qu'à présent on va vraiment pouvoir repartir. La société ne se rend pas assez compte de l’importance du sport". Karine Biver a également ses points sensibles comme le manque de représentation féminine à tous les niveaux de tournois, "mais les supprimer n'est pas la solution". Elle plaide aussi haut et fort pour une harmonie avec le padel qui a pris pied au Primerose (2 terrains), à Odrimont, à la Cure et à Waterloo (3 chacun). "Il a son petit succès auprès d'une clientèle adulte, mais je ne le considère pas comme une concurrence", lance-t-elle, "cet hiver, alors qu'on était tous arrêtés, le padel a pu continuer. Des gens y sont venus de tous les sports, et certains sont restés au tennis. Il y a des passerelles naturelles entre les deux, il ne faut pas les mettre en opposition, ni d'ailleurs programmer les interclubs aux mêmes dates, c'est une hérésie. Le tennis comme le padel ont tout à gagner à ce que cela fonctionne bien."
Gunter Vanderveeren directeur technique
Enfin, la présidente a officialisé l'arrivée de Gunter Vanderveeren en tant que directeur technique, en remplacement de l'ami Alfonso Gonzales qui va nous manquer mais que des soucis de santé forcent à réduire son temps de conduite depuis son domicile malinois. "C'est en quelque sorte un retour puisque Gunter a coaché Kristof Vliegen. Chez nous il va travailler en collaboration avec Alain Denis. A titre personnel, j'aimerais promouvoir plus... le double chez les jeunes. Pourquoi ? Parce que je les vois de plus en plus stressés, ils ne s'amusent plus, ne se lâchent plus, or c'est essentiel. J'ai lu que la culture de la gagne manque chez nous, c'est peut-être dû à notre mentalité ou notre mode de vie et c'est fondamental pour un compétiteur, mais c'est parfaitement compatible avec ce que je dis, ce doit être un stress positif pas négatif."
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