Les larmes de Joachim Gérard au Belgian Open
Joachim Gérard n'a toujours pas gagné le Belgian Open en fauteuil roulant de Géronsart, l'Argentin Gustavo Fernandez, 3e mondial, s'y est imposé pour la cinquième fois, la quatrième face au Brabançon en finale (6-4, 6-3), mais le niveau de jeu et l'émotion n'en ont pas moins été au rendez-vous, dimanche, sous le soleil et devant 700 personnes touchées au coeur. Une nouvelle superbe réussite.
Le Belgian Open, un des quinze plus grands tournois au monde en fauteuil roulant, est connu sur le circuit comme une des plus belles organisations du genre, et il n'a pas failli à sa réputation. Avec un peu plus de 4.000 personnes sur la semaine, on a de nouveau battu un record d'affluence sur les hauteurs namuroises, avec 700 spectateurs pour la journée finale. "Une grande réussite, une semaine fantastique, un peu trop vite passée comme à chaque fois, tous les objectifs ont été atteints", souligne le directeur du tournoi Yacine Eddial. Tous... sauf un, dans la mesure où l'"enfant de la maison", Joachim Gérard, 6e mondial, n'a toujours pas remporté un des trophées qui lui tient le plus à coeur. "C'est vrai, il n'a pas réussi à gagner, mais il a fait pleurer tout le monde, lui le premier, lors de son allocution finale, lorsqu'il a évoqué le tournoi ("je ne pourrais décrire le boum qu'a fait mon coeur quand je suis monté sur le terrain, c'est indescriptible") et son coach Marc Grandjean ("c'est le plus grand !")."
"Déçu mais heureux"
Joachim s'est donc heurté une fois de plus à Gustavo Fernandez qui est un peu devenu au fil des années le... Rafael Nadal des lieux. Notre compatriote s'était auparavant qualifié pour la finale en éliminant le Français Nicolas Peifer, et son premier set face à l'Argentin s'est d'abord révélé très prometteur, mais son adversaire a su émerger en fin de manche, avant de réaliser un double break en début de deuxième set. "C'est un honneur d'être ici, et je reviendrai parce que je m'y sens bien", a confirmé le lauréat, "le premier set a été très dur, très serré, la terre battue est ce qui convient le mieux à mon jeu et c'est ce qui a fait la différence." "Gustavo s'est presque excusé", concluait notre compatriote, "mais je préfère perdre quand il joue comme un lion que de gagner lorsqu'il joue mal, je suis déçu mais heureux, et je remercie mon staff de m'avoir aidé à revenir à ce niveau après l'opération que j'ai subie à l'épaule il y a un an."
"Encore un cap à passer"
Le Brabançon est-il pour autant redevenu le double vainqueur du Masters que l'on a connu avant qu'il ne passe "sur le billard" ? "Il est tout aussi fort qu'à l'époque", estime Marc Grandjean, qui ne pourra malheureusement accompagner son joueur lors de la prochaine tournée américaine en raison de son état de santé, "la différence, je crois vous l'avoir déjà dit, c'est que le niveau des trois ou quatre premiers mondiaux a nettement augmenté, je veux surtout parler du Japonais Kunieda qui est presque redevenu intouchable, de l'Anglais Hewett et de Fernandez. Je suis très content du niveau de jeu, de l'attitude de combattant dont Joachim a fait preuve à Géronsart, c'était de la propagande pour notre sport, il est sur la bonne voie. Au ranking, l'écart actuel avec le 5e mondial est conséquent, mais il n'a rien à défendre d'ici le Masters et le classement n'est pas si important à mes yeux dès lors qu'il est revenu parmi les sept premiers, ce qui lui permet de participer aux tournois les plus importants, spécialement les Grands Chelems. Je sais qu'il a toujours eu l'ambition d'être un jour numéro un, mais je crois aussi qu'il a compris que pour le devenir aujourd'hui il faut être à 100% professionnel, il n'est pas loin du tout, on l'a encore vu à Géronsart, mais les tout meilleurs arrivent à maintenir une plus grande constance dans le jeu, à lui de franchir le cap."
Plus de peur que de mal
Bien sûr, le Belgian Open ce n'était pas que le simple masculin, même si la présence de Joachim Gérard en faisait bien sûr l'attraction principale pour le nombreux public. Ce dernier a d'ailleurs connu une certaine frayeur lorsque la gagnante du simple dames, l'Allemande Sabine Ellerbrock, une autre habituée des lieux, a fait un malaise à sa sortie du court. Les pompiers ont même été appelés, mais plus de peur que de mal, ils sont repartis après avoir prodigué quelques soins. "Je pense qu'il s'agissait d'un trop plein de fatigue", dit Yacine Eddial, "la nuit précédente, vers minuit et demi, elle m'avait appelé pour m'annoncer qu'elle ne jouerait pas la finale, le matin on a eu une discussion d'une demi-heure, je l'ai sentie très fragile psychologiquement, elle vient de perdre sa grand-mère et a connu une semaine passablement compliquée." Cela ne l'a donc pas empêchée de s'imposer face à sa jeune compatriote Katharina Kruger qui avait profité de l'abandon de la Hollandaise Aniek Van Koot en demi-finale. Quant à la compétition de quads, c'est l'habitué des habitués, inamovible numéro un, l'Américain David Wagner, qui s'est imposé à l'Australien Heat Davidson, quatrième mondial.
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