Le président André Stein : "Trois mois sans tennis en hiver c'est dramatique pour nos clubs"
L'AFT, bien consciente des graves difficultés que vivent ses clubs privés de saison d'hiver, continue de faire le maximum pour les soutenir, autant que faire se peut, et pour faire évoluer une situation figée sans nuance pour les sports en salle. Mais ses moyens sont malheureusement limités.
On peut estimer que le tennis a plutôt bien digéré le premier confinement de mi-mars à début juin, on ne dira pas sans casse, surtout du côté de l'horeca, mais dans l'ensemble il a évité le pire grâce à un début d'été resplendissant à bien des égards jusqu'à en oublier que le virus n'était pas vaincu. Le fait que l'on n'ait pas pu disputer les interclubs Ethias, malgré leur report en août et l'ensemble des efforts consentis, a sonné comme un premier avertissement, l'impératif étant dès lors de sauver la saison hivernale indoor au risque de connaître cette fois de réelles difficultés. "Un deuxième lockdown serait catastrophique", avait prévenu le secrétaire général, Samuel Deflandre. Lors de l'assemblée générale de l'AFT fin septembre, le président André Stein s'attendait encore à ce que l'on puisse "passer l'hiver en étant vigilants". Un mois plus tard on est tombé de haut. Tout est à l'arrêt depuis début novembre, sans grande lueur à l'horizon. Malgré leurs arguments, les dirigeants fédéraux, qui avaient su à juste titre mettre en avant les particularités du tennis pour lui permettre de reprendre au plus vite sous le soleil printanier, ont été contraints de s'incliner devant l'inflexible rigueur des décisions annoncées et la fermeture généralisée des salles de sports décrétée début novembre.
Un manque à gagner chiffré en dizaines de milliers d'euros
Aux prises avec une épidémie à l'expansion d'autant plus inquiétante et galopante qu'aux portes de l'hiver on vit plus à l'intérieur, les instances politiques ont cherché à provoquer un "choc" et ont ensuite maintenu le cap dans la crainte d'une redoutée troisième vague. Un expert l'a même implicitement reconnu sur un plateau télé; on a sans doute été au plus facile et au moins risqué en fermant tous les halls sportifs. Pourtant, sans discrimination aucune, n'y a-t-il pas salle de sport et salle de sport ? Est-il dangereux de frapper la balle, à deux et à vingt mètres de distance, dans un large espace où l'on ne joue qu'au tennis ? On peut raisonnablement penser que non, si les règles mises en place sont respectées. On est tous dans le même bateau, logés à la même enseigne, mais on comprend que les gens du tennis se posent des questions à l'heure où l'on rouvre les piscines par exemple. Surtout qu'avec la perspective de trois mois d'arrêt, de pertes ou de remboursements d'abonnements hivernaux, de cours suspendus sauf pour les moins de douze ans, et compte tenu des charges liées aux infrastructures intérieures, ce sont d'inquiétants nuages noirs qui s'amoncellent désormais et fragilisent - sinon pire - ceux qui ne disposent pas des réserves nécessaires; le manque à gagner pouvant se chiffrer en dizaines de milliers d'euros.
"On peut jouer sous contrôle et en toute sécurité"
"Je peux en parler, je m'occupe d'un club moi aussi, c'est dramatique", souligne André Stein. "Je crois que la grande majorité des forces vives tennistiques dans nos régions sait à quel point l'AFT s'est impliquée pour défendre notre sport auprès des instances politiques. En coulisses, on se démène depuis plusieurs mois, et on continue d'insister inlassablement parce qu'on est convaincu que l'on peut jouer au tennis indoor sous contrôle et en toute sécurité. A part le secteur horeca, dont on partage et comprend la détresse mais qui n'est pas de notre ressort, le tennis n'a pas trop souffert après le premier confinement. On a pu (re)jouer assez rapidement, le calendrier a été remanié, les tournois ont été organisés et ont connu un franc succès; fin juin il y avait même plus de pratiquants, et de cotisations rentrées, qu'un an plus tôt. Au delà du fait que nous sommes de nouveau privés de notre sport, ce qui arrive maintenant est beaucoup plus grave - des clubs pourraient disparaître, on en est conscient -, au plus vite on pourra recommencer, au moins il y aura de pertes, mais on sait qu'il y en aura et que ceux qui n'ont plus de filet de sécurité sont en grand danger."
"Soutien financier d'urgence"
"Voilà pourquoi, si nous continuons à sensibiliser les décideurs sur la pertinence de reprendre le tennis même en indoor, nous martelons à tout niveau de pouvoir que, comme pour d'autres secteurs, un soutien financier d'urgence doit porter secours aux clubs qui ont dû fermer, ainsi qu'aux écoles de tennis et aux entraineurs dont l’activité est à l’arrêt ou fortement réduite", continue le président. "On sait déjà qu'une somme de 3 millions a été débloquée par la ministre pour venir en aide au sport francophone. Je peux vous assurer que le montant dévolu au tennis sera totalement attribué aux clubs. On fera pour un mieux, mais cette somme globale est à partager entre 62 fédérations et 7000 clubs au prorata de leur importance et de leur manque à gagner, même si, au nombre de membres, le tennis figure au deuxième rang après le football il ne faut donc malheureusement pas en attendre la manne miraculeuse qui arrangerait tout. Ce que la fédération pourrait éventuellement obtenir en termes de compensation pour son fonctionnement en cette période de confinement sera également distribué intégralement aux clubs, on explore vraiment toutes les pistes, y compris en interne, mais nos moyens sont limités. L'AFT a toujours fait cause commune avec ses clubs, c'est sa raison d'être, et elle veut les garder tous, mais elle se trouve embarquée dans une situation dont elle n'est en rien responsable et qui la dépasse. Je rêverais, en ces circonstances, que chaque club puisse bénéficier d'une grosse somme, mais on n'est ni en France, ni en Angleterre, on n'a pas de Grand Chelem en Belgique, et la fédération, qui n'a même pas en réserve le dixième de ce qu'il faudrait, ne peut se mettre elle-même en danger, comme tout le monde, elle fait le maximum pour traverser au mieux une période terriblement compliquée."
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