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Le coach de Goffin avant Nadal : "Si David joue très bien, il a une petite chance"

C'est un beau vendredi qui s'annonce pour le tennis belge à Roland Garros. Espérons qu'il le soit aussi sur le court. C'est bien sûr Nadal-Goffin qui fera l'affiche de ce troisième tour. Mais, à moins que le Majorquin ne cache l'un ou l'autre hypothétique problème physique, les chances de qualification d'Elise Mertens, face à la 12e mondiale Anastasija Sevastova, sont évidemment bien plus grandes que celles de David face au taulier de la Porte d'Auteuil, qui y brigue une douzième couronne et n'y a été battu que deux fois en 90 matches. 

Elise Mertens l'a elle-même indiqué mercredi : "J'ai un peu l'impression que le tournoi commence". Même si son match d'ouverture face à Tamara Zidansek n'était pas si simple, elle entre, en effet, réellement dans le vif du sujet face à une joueuse de son niveau : si notre 20e mondiale n'a guère "flambé" sur terre battue cette année, on ne peut pas dire que sa future adversaire ait fait beaucoup mieux. "Je sais ce dont je suis capable et que je peux hausser mon niveau", a indiqué Elise après avoir constaté que la balle n'était pas sortie de sa raquette comme elle l'aurait voulu contre la jeune Française Parry qu'elle a néanmoins facilement dominée. En quelque sorte, le tournoi commence aussi pour David Goffin après deux premiers tours survolés de manière très convaincante. L'ennui c'est qu'il commence face à celui que l'on ne voudrait rencontrer qu'en finale... et encore en espérant que quelqu'un ait fait le travail avant. Ce qui n'est d'ailleurs arrivé que deux fois, des oeuvres du Suédois Soderling en 2009 et de Novak Djokovic en 2015... lesquels n'en profitèrent pas, le premier battu en finale par Federer tout heureux de l'aubaine, le second par Wawrinka. Il est sûrement dommage qu'un David enfin en forme, c'est du moins l'impression qu'il laisse, doive gravir un tel "Himalaya" si vite, mais c'est à la fois la conséquence du fait qu'il a perdu des places au classement mondial et du pire tirage au sort à ce stade. 

"David a le sourire depuis qu'il est ici, c'est toujours bon signe"

Ce grand rendez-vous était l'occasion de tailler une petite bavette avec le coach de Goffin Thomas Johansson, qui a succédé à Thierry Van Cleemput en début d'année. Le blond Suédois de 44 ans, ancien vainqueur surprise de l'Australian Open, est quelqu'un de discret, tranquille et agréable, avec un discours très pro.

Q. On suppose que, même s'il n'a pas affronté de ténors du circuit lors de ces deux premiers tours, vous êtes content de la consistance du jeu et du niveau de David en début de tournoi.

R. J'en suis d'autant plus heureux que Kecmanovic, son dernier adversaire, est très talentueux, il n'a que 19 ans et m'impressionne. Lors de la première manche, David était vraiment au dessus en tout, mais le Serbe est beaucoup mieux entré dans le match au deuxième et troisième sets, c'est là que David a su se montrer solide, un peu mieux servir quand il le fallait, il a très bien géré la situation. A part un tout petit creux au début de la deuxième manche, cela fait six sets qu'il se montre consistant, or c'est là-dessus que l'on travaille tous les jours, vous comprendrez donc que ce soit un très bon point de voir que cela se matérialise en match. Auparavant, il a eu pas mal de ups and downs alors que le niveau était pourtant là mais pas sur une période de temps suffisamment longue.

Q. Pourquoi est-ce le cas ici, selon vous ?

R. D'une part, il faut bien que cela sorte un jour, et d'autre part les conditions sont bonnes pour lui à Roland Garros, il aime jouer à Paris, il y a réalisé de bons résultats, il a le sourire depuis qu'il est arrivé, c'est toujours bon signe.

"J'étais là quand Söderling a battu Rafa, j'espère pouvoir dire la même chose ce vendredi"

Q. Là c'est le tout gros challenge qui se profile à l'horizon.

R. Le plus gros vous voulez dire... Rafa... Porte d'Auteuil... trois sets gagnants... on sait tous que ce sera très dur, mais je coache également un des meilleurs joueurs du monde, je crois donc que David a une petite chance s'il joue très bien. J'étais dans le box de Söderling en 2009 quand il a battu Nadal, j'espère que je pourrai dire la même chose ce vendredi.

Q. Est-ce qu'il y a une manière de jouer à adopter pour David contre Nadal ?

R. C'est facile à dire, moins à faire (sourire). Il doit être assez agressif, essayer de dicter le jeu depuis le début, de longs rallyes avec Rafa c'est très dur, rester trop loin derrière, contre lui, c'est mission impossible, et il ne faut pas seulement le faire bouger de gauche à droite, mais utiliser un peu l'amortie aussi (ce que David a plutôt bien fait jusqu'ici, ndlr), c'est très difficile à réaliser. Je suis curieux de ce que cela peut donner. David aussi.

"Voir ce que ceux qui l'ont battu ont bien fait contre lui"

Q. Vous avez passé un petit coup de fil à Robin Söderling pour la route ?

R. C'est un bon ami, mais je ne vois pas à quoi cela pourrait servir, je vous ai dit que j'étais dans son box, je sais donc comment il s'y est pris. En revanche, j'ai entamé un "scouting" intensif des matches perdus par Rafa sur terre battue, pour savoir ce que ceux qui sont arrivés à le vaincre, ici et ailleurs, ont très bien réalisé pour y parvenir. La bonne chose c'est que David l'a déjà battu (au Masters 2017, sur dur en indoor, ndlr), ce que la plupart des autres n'ont jamais fait, ils ne connaissent pas ce feeling. Mais ils sont encore moins nombreux à l'avoir battu ici, et c'est un peu ça le problème. David joue bien, se sent bien, il est le "big underdog" dans l'affaire, j'aime le challenge de jouer Rafa, j'ai envie de voir ça, cela peut être amusant.

Q. Ce serait bien en tout cas que ce tournoi serve de "boost" pour la suite, surtout qu'ensuite il n'aura aucun point à défendre sur gazon...

R. ... Absolument. Ce qu'on a vu là c'est ce qu'on voit à l'entraînement depuis des jours, des semaines, c'est un grand pas dans la bonne direction.

"Ce genre de joueur est toujours plus fort en demi-finale qu'au troisième tour"

Q. Quand même prendre Nadal au troisième tour pour quelqu'un comme Goffin c'est lourd.

R. J'aurais préféré une autre tête de série, c'est sûr, mais on n'y peut rien. Alors autant se dire que ce genre de joueur est toujours meilleur en demi-finale qu'au troisième tour, il devient de plus en plus fort au fil des matches.

Q. On n'oublie d'ailleurs pas qu'avant le tournoi de Rome, ce n'était pas du grand Rafa. A l'entendre, il prend manifestement au sérieux le fait de jouer David à ce stade. 

R. Je l'espère bien (sourire). Ceci dit, il est prêt pour tout le monde, à chaque match, même pour un qualifié au premier tour, c'est ce que j'aime chez lui, son attitude, son énergie, en toutes circonstances. Il n'a peut-être pas eu la préparation qu'il voulait - ce qui ne l'empêchait pas d'aller quand même en demi-finale - et peut-être n'est-il plus tout-à-fait comme avant, il n'en reste pas moins un des meilleurs, sinon le meilleur spécialement ici à Paris.

Elise sur le Lenglen à 11 h, David sur le Chatrier en troisième match

Les deux Belges joueront sur de grands stades ce vendredi, Elise Mertens dès 11 h sur le court Suzanne Lenglen face à Anastasija Sevastova, et David Goffin contre Rafael Nadal en troisième match à partir de 11 h sur le Central new look Philippe Chatrier, après deux rencontres féminines, Martic-Pliskova et Muguruza-Svitolina.
 

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