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La Belgique ira donc en Australie en septembre prochain

Suite à cette fin de rencontre pour le moins particulière, il est bon, sans aucun doute, de prendre un peu de recul. Le match entre Bergs et Garin a connu un épilogue inédit mais, en réalité, c'est à 5-4 que tout s'est joué. 
Que la frustration - légitime - a gagné le joueur chilien et que l'euphorie - légitime aussi mais pas assez canalisée - s'est emparée du Belge.

Cela fait plus d'un siècle que la Coupe Davis génère les émotions les plus folles. Côté belge, les plus anciens pensaient avoir tout vu avec les finales européennes des années 50. Les plus jeunes croyaient quant à eux que les finales de 2015 et 2017 ne seraient jamais dépassées en termes de stress et de retournements de situation.
Ils se trompaient tous.
A croire que la fièvre qui a malheureusement rythmé la semaine a échauffé les esprits.
Retour sur ce week-end un peu dingue.
Un week-end qui commence en réalité mardi dernier avec Sander Gillé qui ne se sent pas bien et ne peut plus s'entraîner. Vendredi, alors qu'on l'avait vu sur le terrain plutôt en grande forme, on apprend que Nicolas Jarry ne pourra pas jouer le simple samedi. Et ce n'est pas tout puisque, vendredi soir, Raphaël Collignon commence lui aussi à se sentir moins bien.
Bref, impossible de savoir samedi matin comment allait se dérouler la rencontre.
Heureusement, Zizou Bergs, bien que jouant en dents de scie, offrira relativement aisément le premier point à la Belgique avant que Cristian Garin ne dispose logiquement d'Alexander Blockx.
A 1-1, tout pouvait donc encore se passer.
La journée de dimanche a donc commencé par le double qui a vu resurgir Nicolas Jarry côté chilien et Sander Gillé côté belge.
Les deux Belges, habitués à jouer ensemble même s'ils se sont séparés il y a peu, ont offert un match de très bonne qualité, parvenant entre autres à rester calmes lorsque les deux Chiliens ont égalisé aux sets. Il s'agit d'une très belle victoire pour la paire belge.
2-1 pour la Belgique, donc.
Restait un point à prendre et chacun savait qu'il était préférable que ce point soit pris par Zizou Bergs.
Opposé à Cristian Garin, Zizou est bien entré dans le match, s'imposant par 6-3.
La machine s'est ensuite un peu enrayée, surtout au niveau du service et, aussi, de la précipitation. A 4-3 avec break, le Belge s’est ainsi, déjà, laissé gagner par l’euphorie, ce qui lui valut de perdre a manche.
Assez stable, Garin prendra celle-ci par 6-4.
Commencera alors un troisième set torride. Pas d'une extraordinaire qualité tennistique, mais chaud comme la fièvre qui avait cloué quelques joueurs au lit.
Bergs et Garin se tiennent de près mais, soyons de bon compte, plus les jeux défilaient, plus Garin semblait prendre l'ascendant physique.
5-4 Garin sur le service de Bergs. 15-30.
Un échange de feu commence et, disons-le, Garin est au-dessus. Zizou frappe la balle. Qui touche le filet. Une fois. Deux fois.
Cette balle retombe du côté de Garin. 30-30 alors que le Chilien pensait avoir deux balles de match.
A 30-30, Zizou décentrera encore une frappe mais son envoi restera lui aussi dans le terrain. 40-30 alors que Garin pensait avoir une balle de match.
Jeu Zizou. 5-5.
La frustration est gigantesque pour le numéro 2 chilien.
L'euphorie, elle, gagne le Belge qui savait qu'il revenait du Diable Vauvert. Et il réalise le break un peu à la surprise générale, dont la sienne.
6-5.
Zizou est heureux, il saute, il crie, il virevolte.
A tel point qu'en changeant de côté, il rencontre Cristian Garin qui, lui, est dépité, frustré, écoeuré.
Le choc.
Garin tombe au sol.
C'est la stupéfaction. Jamais - JAMAIS - dans l'histoire du tennis, une telle chose ne s'est produite.
Garin au sol, Zizou s'excuse tout de suite.
Le juge-arbitre monte sur le terrain, discute avec les deux capitaines et applique le règlement.
Celui-ci est assez clair: "si un incident arrive suite à un geste de mauvaise humeur, le joueur responsable est disqualifié. S'il ne s'agit pas d'un geste de mauvaise humeur mais simplement d'un accident, le joueur responsable écope d'un avertissement et, ensuite, le médecin neutre doit ausculter le joueur touché. Si le médecin estime que ce joueur peut continuer le match, il doit le faire ».
C’est ce qui se passera : le médecin neutre estime en effet que Garin peut jouer.
Déjà frustré par les deux derniers jeux, ce dernier refuse de remonter sur le terrain. 
L'arbitre de chaise applique lui aussi le règlement. Avertissement pour dépassement de temps. Point de pénalité pour dépassement de temps. Et jeu pour dépassement de temps.
7-5 Zizou Bergs dans une ambiance lourde, les Chiliens étant forcément désabusés et, même, très remontés.
On laissera à d'autres le plaisir de polémiquer.
Une chose est certaine et il le reconnaîtra lui-même: Zizou est responsable de cet incident et méritait donc son avertissement.
Cristian Garin, pour sa part, est logiquement choqué, mais, répétons-le, il l'est davantage parce qu'il sait qu'il vient de laisser filer la victoire que par cet incident particulier.
Le ton monte mais le juge-arbitre a pris la seule décision possible.
Il n’y aura évidemment pas de fête, le capitaine Steve Darcis, Zizou Bergs et l’ensemble de l’équipe étant évidemment conscients que cette conclusion de rencontre était tout, sauf festive. Ils diront tous, avec beaucoup de retenue et de respect, qu’ils regrettent ce qui s’est passé et qu’ils sont désolés pour l’équipe chilienne. Steve Darcis a d’ailleurs eu une longue conversation avec son homologue chilien dimanche soir et s’est encore enquis de la santé de Cristian Garin, ce lundi.
 
Mais, une fois encore, il faut raison garder : ce match s’est joué à 5-4 15-30, pas au changement de côté.
Et la réclamation que déposera sans nul doute la fédération chilienne ne changera rien à la qualification des Belges pour le deuxième tour qui se tiendra en Australie en septembre prochain.
Reste maintenant au capitaine belge et aux proches de Zizou Bergs à lui faire comprendre que s’il a été maladroit et excessif dans son euphorie, il ne doit pas culpabiliser à outrance.
Par contre, il doit apprendre à nouveau de cet événement et, désormais, se montrer capable de mieux canaliser l’euphorie. S’il était parvenu à le faire dimanche, ce match se serait terminé en deux sets. Il ne s’agit pas ici de demander à Zizou de changer de personnalité, certainement pas, mais de conserver son énergie pour maintenir son niveau de jeu et de contrôle.
Nul doute que les jours, semaines et mois qui viennent feront retomber une pression bien trop excessive due à une rencontre de Coupe Davis pour le moins fiévreuse.
 

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