Jeline Vandromme remporte l'US Open junior
C'est la dernière fois que la Brugeoise Jeline Vandromme (17 ans) disputait un tournoi Grand Chelem junior avant de se consacrer pleinement au circuit pro. Jusque là, elle n'avait jamais été plus loin que les quarts de finale lors de ces tournois majeurs. A New York, elle a saisi sa chance à pleine raquette, elle était de loin la meilleure, au point de dominer la compétition sans perdre un set. elle s'est dans la foulée inclinée en finale du double.
Le monde du tennis l'a vraiment découverte en 2023 lorsqu'elle a été sacrée championne d'Europe des moins de 16 ans, et qu'elle a remporté le Masters ITF juniores à Monte Carlo un mois plus tard. Elle était pratiquement la seule participante qui suivait encore un cursus scolaire normal. Aujourd'hui, en surfant à la fois sur les tournois ITF et son ultime grand rendez-vous chez les juniores, la Brugeoise vient d'aligner la bagatelle de 23 victoires d'affilée, série en cours, victorieuse lors du 30.000 dollars de Roehampton et de deux 15.000 dollars à Monastir, puis dans les six matches disputés à l'US Open, éliminant notamment la gagnante de l'Australian Open et la finaliste de Roland Garros sur des scores nets et sans bavure. Elle a également dominé en quart de finale la grande promesse française, d'origine russe, Ksenia Efremova. Au fil de ce parcours new-yorkais, elle n'a abandonné que trente jeux en six matches, et elle reste sur 33 sets remportés de suite, tous tournois confondus.
Un contexte qui ne pouvait que donner confiance au moment d'aborder la finale de samedi, même si, on le sait, c'est toujours un moment particulier. C'est d'ailleurs le match dans lequel elle a été le plus challengée de la semaine, du moins au premier set. Son adversaire, la Suédoise Léa Nilsson, a entamé la partie sur les chapeaux de roues, frappant fort et juste, renvoyant tout et prenant deux fois l'avantage d'un break. Notre compatriote, bousculée et un peu nerveuse, est néanmoins parvenue à garder la maîtrise de la situation et à trouver des solutions quand c'était difficile. Y compris lors du tie-break qui a conclu le set et dans lequel elle a été également menée 0-2 avant d'aligner sept points de suite (7-2), pour dérouler ensuite dans la foulée (6-2). Assez impressionnant de la part d'une aussi jeune fille qui vient déjà de faire son entrée dans le top 500 de la WTA et que Kim Clijsters couvait littéralement des yeux dans les travées.
"J’ai affronté une très bonne adversaire, Léa a réalisé une semaine incroyable", confiait Jeline en conférence de presse. "Elle a mené 2-0 et 4-2, j’ai essayé de me concentrer sur chaque point, sur chaque coup, et d’oublier le score pour ne pas ressentir d’émotions négatives. J’ai essayé de jouer à mon niveau, mon jeu, et cela a fonctionné. J’ai réussi à gagner le match, le titre, je peux à peine le croire. Les Grands Chelems juniors, c’est toujours quelque chose de spécial. Comme c'était mon dernier, je voulais essayer d’en faire un moment mémorable, dans cet endroit bourré d'énergie, et cela me rend incroyablement fière. Cela faisait 22 ans qu'une Belge (Kirsten Flipkens) n'avait plus gagné ici chez les juniores. C’est un grand honneur. Kirsten m’a déjà envoyé un message, mais je n’ai pas encore eu le temps de vraiment le lire, ni de répondre à tout le monde. Elle m’en avait déjà envoyé un avant le match, c’était vraiment gentil."
Pour ceux qui la découvrirait seulement aujourd'hui, il faut savoir que Jeline a longtemps fonctionné sous les radars fédéraux et médiatiques. Elle n'a rejoint le centre de formation de Tennis Vlaanderen à Wilrijk qu'il y a deux ans, et pour cinq mois seulement. Originaire de Nieuport, elle vit avec ses parents à Bruges à moins d'un kilomètre des installations du Brughia où elle continue de grandir tennistiquement à sa manière, sous la houlette de son coach Jelle Vanhee que l'organisation new-yorkaise a eu la bonne idée de mettre également à l'honneur lors de la remise du trophée. C'est toujours lui qui officie, en étroite collaboration avec l'entraîneur fédéral Robbe Ceyssens. La joueuse semble bien entourée, et protégée par ses parents du tapage médiatique ou des réseaux sociaux, les pieds sur terre. Elle vient de terminer ses humanités latin-science qui étaient une priorité, et depuis elle se sent quelque peu "libérée". C'est sûrement une des raisons de ses récents résultats, même si elle rêve encore de pouvoir combiner carrière et études universitaires.
"Pour l'instant, je ne dois plus penser à l'école ou à ce qu'il me reste à étudier, ce qui prenait parfois beaucoup de place dans ma vie", reconnaît-elle. "J'ai plus de temps pour travailler sur certains aspects de mon jeu, c'est focus sur le tennis, la condition physique et la récupération. J'ai aussi beaucoup aimé jouer chez les dames sur le circuit pro, je n'ai pas eu peur, j'ai battu de très bonnes joueuses, ce sont des expériences nouvelles qui m'ont certainement aidée cette semaine". Jeline fêtera justement ses 18 ans pile au moment du prochain rendez-vous de Billie Jean King Cup face à l'Allemagne et la Turquie au mois de novembre, en espérant pouvoir en être et en faire profiter l'équipe. On se souvient que face à la France au mois d'avril elle avait battu Alizé Cornet qui revenait tout juste à la compétition.
NB: en double, associée à Laima Vladson, Jeline s'est inclinée en finale 6-2 6-2 face aux soeurs Kovackova.
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