Gilles-Arnaud Bailly échoue de peu en finale de Roland Garros juniors : "C'est un peu dur à digérer"
Face à un Français de son âge, mais à qui il rendait quinze centimètres et qui jouait devant son public, Gilles-Arnaud Bailly n'a vraiment pas à rougir de sa finale, même s'il l'a perdue en deux sets (6-7, 3-6), et encore moins de son Grand Chelem parisien qui, une fois la déception évacuée, restera gravé dans sa mémoire.
Une très bonne finale
On a coutume de dire qu'une finale ne se joue pas, elle se gagne, Gilles-Arnaud l'a perdue. On dit aussi que, si c'est pour perdre, autant que ce soit sur un score sans appel, cela évite les regrets, Gilles-Arnaud s'est incliné de justesse, dans un match très disputé quasi d'un bout à l'autre au cours duquel il a eu des opportunités, avec cinq balles de break non transformées sur les deux premiers jeux de service du Français Gabriel Debru. Donc, des regrets il y en a, "c'est même dur à digérer", lançait après le match le sociétaire du TC Visé. "Cette finale se joue sur quelques points, sur les occasions à saisir, lui il a su les saisir, je l'en félicite, mais je crois que j'ai quand même fait un bon match." Un constat que Paul-Henri Mathieu, responsable du haut niveau à la fédération française, partageait manifestement ("les deux joueurs ont vraiment joué une très bonne finale") avant de cibler plus spécifiquement "son" joueur : "Plus qu'une victoire, c'est le niveau de jeu qui est intéressant, on a envie de croire que c'est prometteur pour la suite." A peu de choses près c'est également valable pour Gilles-Arnaud, on ose le penser.
Points gratuits au service
Il faut dire aussi que la différence entre les deux joueurs s'est surtout faite sur les points gratuits au service, sur ces balles qui tombent du haut du 1 m 95 sous la toise dont bénéficie la force de frappe du Français (1 m 83 pour notre compatriote). Pour autant, Gabriel Debru n'a sans doute jamais été autant gêné au cours de cette semaine parisienne que lors d'un premier set qu'il a fini par remporter au tie-break après 1 h 18 de jeu, mais un verdict inverse aurait été tout autant défendable sur l'ensemble de la manche. Avec un set d'avance, le Grenoblois a pu mieux se lâcher, et se détacher à partir de 3-3 et d'un jeu interminable finalement perdu par notre compatriote qui sembla pour la première fois accuser le coup. Avec des paroles de psy pour voir le bon côté des choses : "Je n'ai jamais accepté de perdre, mais parfois c'est mieux si on voit ce qu'il y a à améliorer et qu'on travaille dessus. Contre le numéro un mondial j'ai été le meilleur dans les moments importants, cette fois c'est mon adversaire qui l'a été. C'était une super semaine, une super expérience". Où il a notamment pu constater la marge de progression qu'il lui reste dans certaines frappes (coup droit) et au service par rapport à d'autres. Ce qui est bien, c'est qu'à 16 ans il lui reste un peu de temps pour ça.
D'abord... les examens
En attendant, sur cette brillante semaine où il a parfois dû oeuvrer en mode survie, on a découvert un jeune gars à la mentalité irréductible, un vrai battant, mais aussi un vrai joueur de tennis, au revers performant, au tempérament positif et offensif, capable avec un fond de jeu varié de contrer les puissances adverses, "il a déjà un peu tout dans son sac" comme disait Christophe Rochus. On a également été épaté par la maturité dont il a su faire preuve à son âge, sur le court et en dehors. Sans s'avancer sur ce qu'il pourrait devenir plus tard - qui le peut ? -, ni surtout comparer avec qui que ce soit, on a le sentiment qu'il a ce qu'il faut pour continuer à progresser, on n'oublie pas tout ce qu'un David Goffin a encore dû améliorer et compléter dans son jeu une fois chez les pros. Déjà à quel point Gilles-Arnaud est-il tout terrain ? On en aura déjà une petite idée dans un mois à Wimbledon. "J'ai l'impression que je suis meilleur sur terre. Sur le gazon ça va vite, on a moins de temps, mais on va voir, je n'ai jamais joué sur herbe, c'est un nouveau challenge", conclut-il. Et de toute façon ce sont des soucis pour plus tard, parce que le prochain objectif du jeune homme ce sont les examens à passer dans sa classe du collège limbourgeois qu'il fréquente avec quelques aménagements sportifs vu sa carrière tennistique, une dizaine de jours à cent lieues des paillettes de Roland Garros, de quoi remettre les idées en place si nécessaire.
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