Fed Cup, Belgique-Kazakhstan 1-1 : Elise au mental, Ysaline à une balle de doubler l'avance
La première journée de la rencontre de Fed Cup entre la Belgique et le Kazakhstan à Courtrai n'a pas été de tout repos pour le capitaine Johan Van Herck, entre la "cata" inattendue d'Elise Mertens au premier set et les trois balles de match que n'a pas pu saisir Ysaline Bonaventure, les émotions fortes n'ont pas manqué. A l'arrivée, les deux nations se retrouvent à égalité - c'était plus ou moins attendu, mais on est passé tellement près du 2-0 ! -, la qualification pour la phase finale de Budapest se jouera donc ce samedi à partir de 13 h 30.
Un début catastrophique
Franchement, on s'est demandé dans quoi on était embarqué, vendredi sur le coup de 17 h, lorsque notre numéro une, 19e mondiale, Elise Mertens s'est retrouvée menée 0-5 dans le premier set du match d'ouverture de la rencontre de Fed Cup face au Kazakhstan par Zarina Diyas (WTA 63). Notre compatriote était largement dominée, les jeux défilaient, elle n'arrivait pas à émerger d'une torpeur coupable, alors que de l'autre côté du filet la Kazakh ne manquait pas grand-chose. Au bilan de cette première manche, perdue 1-6, la statistique la plus frappante est le nombre de fautes directes commises par la Limbourgeoise, 26 en 7 jeux la plupart à peine disputés, cela dit bien le niveau catastrophique du début de match de notre compatriote, qui semblait comme paralysée ou anesthésiée devant son propre public. Sa première expérience, l'an dernier contre la France à Liège, n'avait déjà pas été une réussite, cela a dû aussi lui trotter dans la tête. Elle quitta d'ailleurs le court après cette manche, le temps de reprendre quelque peu ses esprits, "de boire un peu d'eau et de me rappeler qu'un set n'est pas l'autre", explique-t-elle.
Le premier en Belgique
"Le fait est que j'ai commencé la partie trop lentement, alors qu'elle jouait très bien et qu'elle faisait parfaitement ce qu'elle devait faire", continue Elise, "j'étais peut-être un peu nerveuse, je ne sais pas. J'attends toujours beaucoup de moi-même, et je n'ai certes pas joué mon meilleur match, je n'étais clairement pas à mon niveau au premier set, mais je ne me suis pas laissée aller, à partir de là je me suis battue sur chaque point, en me focalisant sur le premier jeu à remporter, cette partie je l'ai gagnée à 100% mentalement, avec tout le team derrière moi. Avant le deuxième set, Johan (Van Herck) m'a dit de varier, de croiser, de slicer un peu plus, mais c'est surtout dans la tête que ça s'est passé. Comme professionnelle il semble que ce soit le premier match que je remporte en Belgique, je ne parle évidemment pas des rencontres interclubs, pour être sincère je n'en savais rien, mais c'est bien, cela me libère pour ce samedi (sourire)."
Trois balles de match
Le verdict du premier match (6-1, 6-2 lors des deux derniers sets) enlevait forcément un peu de pression des épaules d'Ysaline Bonaventure (WTA 115) qui avait la rude tâche d'affronter ensuite la numéro une adverse, 34e mondiale, Yula Putintseva. Et, à l'inverse de ce qui s'était passé avec les premiers jeux d'Elise Mertens, on s'est vraiment vus mener 2-0 au terme de la première journée lorsque la Stavelotaine, qui avait déjà enlevé la première manche de haute lutte 6-3, s'est retrouvée exactement dans les mêmes conditions dans la deuxième, à 5-3, 0-40, trois balles de match sur le service d'une Kazakh poussée à bout par ses grands coups. A un petit point d'un bonheur mérité. Malheureusement, elle n'a jamais pu faire ce fameux dernier point, et pire, dans la foulée, elle a servi deux fois pour le match sans parvenir à conclure face à une adversaire accrocheuse sentant qu'elle pouvait encore renverser le cours des événements. Ce qu'elle fit en dominant le tie-break (2-7), tandis qu'à l'entame du troisième set, Ysaline abandonnait son service une troisième fois d'affilée. Notre compatriote continua de se battre, mais le combat avait changé d'âme et elle s'inclina 2-6, elle avait laissé passer sa chance en fin de deuxième manche, par trois fois à une balle d'une nouvelle superbe "perf" en Fed Cup.
"Le stress m'a joué un tour"
La déception était forcément profonde dans le clan belge, spécialement chez Ysaline quelque peu k.o. on l'imagine. "Que s'est-il passé à 6-3, 5-3 ? J'ai commencé à un peu trop réfléchir", avoue-t-elle, "j'ai un peu reculé, le stress m'a aussi joué un tour, elle a bien servi sur les balles de match mais en étant moins stressée j'aurais pu mettre l'un ou l'autre retour dedans et jouer le point. Il faut dire que j'avais déjà dû me bagarrer dans tous les jeux pour en arriver là, et j'ai commencé à prendre moins de risques, à faire moins de points gagnants, et elle à reprendre pied à l'occasion de plus longs échanges, elle adore ce genre de match, le fait de gagner le deuxième set l'a mise en confiance, et elle a été meilleure que moi au troisième set. Pour l'instant je ne peux qu'être très déçue, mais je sais que j'ai tout donné et que je peux être fière de mon match. Cela aurait été tellement bien de mener 2-0 au soir de la première journée." A nouveau, bien qu'elle ait passé 71% de premiers services, s'il est une statistique qui interpelle chez la Stavelotaine c'est celle des doubles fautes, 14, curieusement toutes comptabilisées dans les deux premières manches, aucune dans la troisième où elle a été dominée. "Le service a toujours été un point faible, j'essaie de l'accélérer, ce qui comporte des risques, j'avais senti une amélioration à Auckland en début de saison et en France la semaine dernière, je sais que j'ai énormément de travail et de progrès à faire, mais ce n'est pour ça que je perds, les balles de match sont sur le service adverse, et je n'en commets aucune au troisième set où je prends 2-6.".
"C'est très dur"
"C'est peu dire qu'après une telle situation de match ne pas avoir deux victoires d'avance est difficile à digérer, même si je m'attendais un peu au départ à me retrouver à 1-1 après la première journée", enchaîne le capitaine Johan Van Herck très marqué. "Il ne manquait plus qu'un point dans ce jeu à 5-3 au deuxième set et on n'a pas su le faire, Bonaventure est très déçue, surtout que dans ce contexte on ne joue pas pour soi mais pour l'équipe, elle ne doit pas se sentir coupable, c'est très dur, mais elle peut en même temps être fière de ce qu'elle a montré. Si elle fait ce point qui manque à 5-3 tout le monde parle de son match, c'est l'héroïne du jour. Elise Mertens n'a pas bien joué du tout au début, heureusement qu'elle a su retourner le match à son avantage. Putintseva est un pitbull et a sans doute fait le plein de confiance en frôlant le précipice, mais une bonne Mertens peut battre tout le monde, elle a les qualités pour gagner le premier match ce samedi, et on sera alors toujours sur le bon schéma, on garde notre sort entre nos mains." Reste à savoir si, après de tels efforts et émotions contradictoires, c'est encore Ysaline Bonaventure qui affrontera Zarina Diyas en deuxième match, ou sera-ce Kirsten Flipkens, voire Greet Minnen, étant entendu qu'un double Mertens/Flipkens paraîtrait logique en clôture si nécessaire ? "Il est trop tôt pour se prononcer", concluait le capitaine sur le coup de 22 h, "la déception est trop grande pour l'instant, on doit laisser digérer tout ça avant de tirer les leçons de cette dure journée."
Ce samedi, à partir de 13 h 30 (TV Sporza/Auvio), les deux derniers simples, en commençant par le match des numéros unes Mertens-Putintseva, puis le double.
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