Responsive menu

FED CUP, BELGIQUE-FRANCE A LIEGE

Johan Van Herck : "Il y a cinq ans que les filles attendent ça"

Capitaine de Coupe Davis et de Fed Cup, Johan Van Herck entraîne aussi pour l'instant le jeune Limbourgeois Zizou Bergs (19 ans) pour le compte de son employeur, Tennis Vlaanderen. Lorsque nous lui avons parlé, il rentrait ainsi de Bangalore, en Inde. "Dans une petite fédération comme la nôtre, un capitaine d'équipe(s) nationale(s) ne peut se permettre de consacrer l'essentiel de son temps à ces seules fonctions, ou même d'être présent sur tous les Grands Chelems comme c'est le cas dans d'autres pays, il doit agir à la mesure de ses moyens", insiste-t-il. Ce qui ne l'empêche pas de vivre déjà, dans un coin de la tête, à l'heure des deux grands rendez-vous de qualification, enchaînés, qui l'attendent fin janvier/début février, d'abord au Brésil avec les gars, puis à Liège avec les filles. Dont un Belgique-France en Fed Cup qui, espérons-le, attirera le public qu'il mérite au Country Hall.

Le moins que l'on puisse dire est que le monde du tennis, dont les deux principales associations se regardent en chiens de faïence,  s'apprête à aborder 2019 dans un drôle de climat, entre le nouveau Transition Tour de la fédération internationale (ITF) qui doit réformer le circuit dans ses couches les plus modestes et dont on peine à dessiner les contours ("impossible de savoir exactement ce que cela va donner", confirme Van Herck), la nouvelle formule de la Coupe Davis décidée par l'ITF et sa phase finale coincée à la fin novembre (toujours sans points ATP), ou l'ombre de sa concurrente, l'ATP Nations Cup, qui a été remise sur pied récemment et programmée à peine un mois plus tard début janvier 2020. "C'est fou, c'est flou, et c'est bien la cata indigne que l'on pouvait craindre malheureusement, on a une impression de chaos, de débandade", résume le président André Stein. Pour la fédération belge, qui a vu une wild card méritée pour la phase finale de la Davis Cup new look lui filer sous le nez, l'incertitude financière n'est pas non plus négligeable. Car, sur ce plan-là également, la nouvelle formule n'est pas la panacée annoncée. Si une participation à ladite phase finale serait indiscutablement rentable aussi bien pour la fédé que pour les joueurs, le gros de l'argent étant comme d'habitude destiné au top, ce serait tout l'inverse si nous étions contraints de disputer les play offs de septembre pour rester dans le groupe mondial, ou pire si nous nous trouvions relégués dans le Groupe 1. Des considérations qui n'effleurent même pas l'esprit de Johan Van Herck. Lui, on l'entend bien, il veut toujours tout gagner.

Premier rendez-vous mi-décembre

Q. Johan, vous avez déjà eu l'occasion de vous pencher sur votre nouvelle équipe, ces dames de Fed Cup ?

R. Bien sûr. Comme je vous l'ai dit, je n'ai pas que ça à faire, ni les possibilités de me rendre, par exemple, en Australie en janvier pour les voir jouer sur place. Je les suivrai donc d'ici, de plus loin, comme je l'ai souvent fait avec les garçons, ce qui n'a pas donné de mauvais résultats. La semaine prochaine, je repars à l'étranger avec Zizou (Bergs), mais j'ai prévu d'organiser quelque chose avec les filles vers la mi-décembre - je dois encore en fixer la date - pour une prise de connaissance, une première en groupe. J'ai déjà parlé avec les cinq qui ont le plus joué ces derniers temps, Elise (Mertens), Alison (Van Uytvanck), Kirsten (Flipkens), Yanina (Wickmayer), Ysaline (Bonaventure), et elles m'ont dit qu'elles étaient toutes disponibles, je n'ai pas senti de réticences.

Depuis avril 2013

Q. Contrairement à l'équipe de Coupe Davis, la dernière fois que l'on a pu voir sa version féminine disputer un match en Belgique c'était il y a plus de cinq ans, exactement le 23 avril 2013, défaite 1-4 contre la Pologne des soeurs Radwanska à Coxyde avec Van Uytvanck, Flipkens en simple, Bonaventure-Mestach en double, prélude à la plongée dans l'"enfer" de la zone Europe/Afrique. Elles vous en ont parlé ?

R. Du fait de pouvoir rejouer en Belgique ? Directement. Tout le monde aime jouer chez soi, y faire impression, et l'équipe masculine a montré ce qu'on était capable de réussir avec l'appui de nos supporters. Les filles ont cette même motivation, cette même détermination d'aller loin en Fed Cup. Et pourquoi pas ? L'équipe est assez forte, avec pas mal de possibilités en simple comme en double, on va voir jusqu'où on peut arriver. Contrairement aux hommes avec la Coupe Davis et le tournoi d'Anvers, il y a donc près de six ans que le public belge n'a plus eu l'occasion de voir à l'oeuvre nos meilleures joueuses, à commencer par la 13e mondiale Elise Mertens. Tout est réuni, on a une revanche à prendre sur les Français(e)s, c'est une belle affiche, une belle rencontre, dans un bel endroit.

Q. Ce sera aussi la première du nouveau coach français Julien Benneteau, il va essayer de convaincre la "numéro une" française Caroline Garcia, en froid avec de hauts dirigeants fédéraux, de rejouer en Fed Cup, elle a dit dans le journal L'Equipe que c'était "compliqué" et qu'il s'agit d'une compétition "à l'avenir assez flou", mais a ajouté "il demande à nous voir et je n'ai rien contre lui, on est ouvert, on l'a toujours été".

R. J'essaie toujours de me concentrer sur ce que j'ai en mains, et d'aligner l'équipe que j'estime la plus forte possible, on n'est pas maître du reste, c'est à Benneteau de faire sa propre sélection, je n'ai aucune prise là-dessus, je me borne à constater que Garcia n'a pas joué précédemment et que Cornet n'était pas là non plus la dernière fois.

20 heures de voyage

Q. La semaine qui précède ce Belgique-France, vous serez donc en Coupe Davis, au Brésil, l'esprit forcément ailleurs...

R. ... Oui mais, là-bas, on ne joue que les vendredi et samedi selon la nouvelle formule, donc on rentre le dimanche, et je suis au Country Hall le lundi midi, on aura tout le temps de tourner le bouton et de bien se préparer.

Q. Parlons-en de cette Coupe Davis, si elle mérite encore son nom. On sait à présent que les Brésiliens vont nous emmener à 900 mètres d'altitude, dans l'état du Minas Gerais, à Uberlandia, ville de 600.000 habitants, une salle grande comme Forest National à l'ambiance sûrement torride, et de la terre battue en pleine saison sur dur. On ajoute à ça 20 heures de voyage aller, autant au retour, après les 25 heures de l'Australie... malgré la modestie des Brésiliens au classement mondial, toute relative dans ces circonstances, faut reconnaître que c'est du brutal...

R. Je l'avais prévu, c'était un des plus pénibles tirages et ils pouvaient nous balader n'importe où sur un territoire immense, en même temps c'est la beauté de la Coupe Davis, faut l'accepter, celui qui reçoit a le choix des armes, on doit le prendre comme c'est.

Avec tout le monde, David compris

Q. Vous en avez déjà parlé avec les joueurs ?

R. Avec personne. Je compte le faire en décembre. J'ai dit à David où on jouait, sur quelle surface, et que je le recontacterais plus tard pour en parler, je l'ai laissé reprendre et se préparer, j'ai fait la même chose avec tout le monde.

Q. A votre avis, sa participation dépend-elle de ses résultats à l'Open d'Australie ? Qui plus est, il est inscrit à Montpellier la semaine qui suit la rencontre au Brésil...

R. ... Il ne m'a rien dit à ce propos, et s'il rentre le dimanche du Brésil en n'ayant son premier match que le jeudi à Montpellier il n'y a pas de souci. Donc, je compte sur tout le monde, David Goffin compris, c'est du moins mon sentiment.  

Q. Du côté de Steve Darcis, les nouvelles ont l'air bonnes.

R. Là, il est une semaine en vacances, mais il s'entraîne déjà plus de 2 h, 2 h 30 par jour, il joue à fond, et apparemment cela se passe très bien. Je pense d'ailleurs qu'avec Zizou (Bergs) on va faire quelques entraînements en sa compagnie.

Qui à Madrid fin novembre ?

Q. Quel regard le capitaine que vous êtes porte-t-il sur les conflits larvés entre la Davis Cup réformée par l'ITF et l'ATP Cup nouvellement ressuscitée ?

R. J'espère que la planification ne restera pas ce qu'elle est. On ne peut pas demander chaque année à tant de joueurs de finir avec une semaine chargée fin novembre et de recommencer début janvier, c'est pour les "tuer", ce n'est ni bon pour le sport, ni pour les sportifs. En plus, pour celui qui n'est pas au Masters, il y a trois semaines à "meubler" entre le dernier tournoi et la Coupe Davis. J'espère qu'au moins ils trouveront de meilleures dates, que les deux épreuves sauront coexister. On n'a pas été surpris, on savait que l'ATP travaillait sur sa propre compétition, que ça allait venir. Quand ils ont changé la Coupe Davis, ils devaient eux aussi se rendre compte qu'ils n'auraient jamais tout le monde fin novembre à Madrid, à eux d'assumer et de trouver des solutions.

Laisser le temps aux jeunes 

Q. Cette année, les résultats des jeunes des deux ailes de la fédération sont plutôt prometteurs, les "moins de douze ans" champions d'Europe, Alexander Blockx numéro un mondial dans sa catégorie d'âge, les filles néerlandophones et les juniors francophones qui gagnent... ça a l'air de bien travailler, on serait étonné que, dans tout ça, il n'y ait pas encore l'un ou l'autre talent qui s'affirme un jour chez les pros...


R. Je pense bien. Cela fonctionne depuis des années, on l'a montré, et ça continue. Mais il faut donner le temps de grandir. Pour prendre ceux qui sont les plus proches du niveau sénior, Zizou (Bergs, 19 ans) est bien monté cette année sur le circuit pro, mais il est 389e mondial et s'il peut arriver dans le Top 100 un jour ce ne sera pas selon moi avant trois ou quatre ans. On sait que Tibo Colson (18 ans) joue très bien au tennis, mais il est resté un an inactif en raison d'une opération au genou assez lourde, il va mieux, on le retrouve, mais on attend de le voir en compétition. Arnaud Bovy (18 ans), Gauthier Onclin et Louis Herman (17 ans) ont réalisé de très bons résultats, tout cela est très positif à condition de savoir qu'on est encore vraiment loin, qu'il ne faut pas aller trop vite, qu'il est devenu de plus en plus difficile de percer. A partir de maintenant, ils doivent se battre encore et encore, travailler plus et plus dur, en pensant d'ailleurs moins à défendre des points qu'à améliorer leur jeu, à optimiser leur potentiel. 

Billetterie Fed Cup: www.countrytickets.eu
Infos sur la rencontre: www.aftnet.be/fedcup.

Retour à la liste