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European Open: nouvelle "première" pour Raphael Collignon

Le tournoi bruxellois a vécu mercredi sa deuxième soirée de fièvre noire-jaune-rouge. Avec toujours le même héros victorieux, au terme d'un thriller haletant et surchauffé. Voilà donc Raphaël Collignon en quart de finale de l'European Open. Ce sera vendredi, face au 20e mondial espagnol Davidovich Fokina qu'il n'a jamais affronté. 
 

Décidément, le Liégeois n'est plus à une "première" près cette saison. Après avoir ouvert son compteur en Grand Chelem, en Coupe Davis, avoir atteint le troisième tour à l'US Open, battu le 7e et le 12e mondial, la révélation des deux derniers mois vient de se qualifier pour son premier quart de finale d'un tournoi ATP. Qui plus est "chez lui" à Bruxelles.
Ceux qui ne regardent son parcours que depuis l'US Open peuvent se dire que le 90e mondial va vite en besogne, 3e tour à Flushing, deux victoires décisives à Sydney en Coupe Davis, finale et demi-finale en Challenger en France, quart de finale à l'European Open (série en cours), mais le Liégeois s'inscrit en faux. "C'est tout l'inverse", sourit-il, "je l'ai souvent dit, il me faut toujours un peu de temps pour me sentir légitime lorsque j'aborde un niveau supérieur de compétition. Personne n'y faisait alors attention, mais avant New York j'ai disputé six tournois ATP, plus Wimbledon, et je n'ai gagné qu'un match, le premier à Marrakech".
C'est pourquoi la statistique la plus étonnante du moment, c'est que sa victoire mercredi soir contre le coriace Argentin Francisco Comesana (ATP 68) n'est en réalité que la cinquième de sa carrière en tournoi ATP.
 
A la sixième balle de match
 
En tout cas, les organisateurs de l'European Open peuvent se féliciter d'une wild card aussi judicieusement accordée. Que ce soit mardi face à Zizou Bergs ou mercredi contre Comesana, Raph ou Raphy, comme tout le monde l'appelle, a mis à son actif les deux premiers grands moments de la semaine, avec des fins de match qui ont mis le feu à l'ING Arena laquelle, il est vrai, avait un peu trop tendance à ronronner jusque là.
La place en quart de finale s'est ainsi jouée au troisième set dans un de ces tie-breaks à tiroir gagné finalement 12-10, où chaque échange finit quasiment par offrir une balle de match à un des protagonistes. Pour vous dire, le Liégeois en a eu six, et l'Argentin une seule... qui aurait évidemment pu suffire. On en a eu des sueurs froides. Le Liégeois, qui avait remporté le premier set 7-5 et manqué le début du deuxième (0-3, 3-6), est donc à nouveau sorti mentalement à son avantage d'une grosse bagarre incertaine, et encore au jeu décisif comme contre Bergs.
Sa coach mentale, présente sur place, a pu apprécier. "C'est important qu'elle soit là, elle peut mieux juger, elle me fait beaucoup de bien", confirmait Raphaël toujours sous le coup de ce énième suspense émotionnel. "Je l'avoue, si j'avais perdu dans ces conditions cela m'aurait fait mal, mais on doit être honnête cela aurait été son mérite aussi."
 
"Rarement joué quelqu'un qui servait comme ça"
 
Son adversaire, le 68e mondial argentin, vainqueur de David Goffin au tour précédent, a en effet laissé une très consistante impression dans une atmosphère pourtant favorable à son adversaire. "Le public m'a grandement aidé", convenait Raphaël, "c'est la première fois que je sentais tout un stade derrière moi, c'est un sentiment incroyable, il y avait une ambiance de titan, c'était fou. Comesana, je le connaissais, contrairement à vous (sourire), il a déjà battu de très bons joueurs, mais il m'a quand même un peu surpris. Je savais qu'il servait bien, mais pas comme ça, j'ai rarement joué quelqu'un qui servait aussi bien d'un bout à l'autre, et j'ai trouvé son coup droit assez impressionnant, c'était vraiment un coup de fusil, il mettait la balle à peu près où il voulait, j'avais du mal à lire les trajectoires."
Comment dès lors est-il arrivé à gérer et à surmonter ces cinq balles de match manquées ? "D'abord, c'est surtout lui qui les a sauvées. Ensuite, même quand je ratais des occasions, j'ai su rester concentré sur le moment présent, et aussi sur ce que je pouvais contrôler, mes premières balles de service qui lui faisaient mal, le fait de le faire jouer, d'insister dans son revers qui ne me gênait pas. C'était le plan de jeu et il a fonctionné puisque je suis toujours là."
 
Vendredi, c'est donc lui qui se retrouvera face à Alejandro Davidovich Fokina, un joueur espagnol né à Malaga mais d'origine russo-suédoise, fils de boxeur, à la fois spectaculaire et imprévisible, très fort, avec un petit grain de folie. "Je ne vais pas vous dire que je vais aller en demi-finale ou en finale", conclut Raphaël, "cela n'aurait aucun sens. Je ne change rien à ce que j'avais annoncé avant le tournoi, je prends un match après l'autre en espérant jouer mon meilleur tennis et on verra bien ce qui peut se passer."
 
Le 17e mondial trop fort pour Gilles-Arnaud
 
La belle aventure de Gilles-Arnaud Bailly, qui pointera aux environs de la 228e place mondiale lors du prochain classement ATP, s'est terminée mercredi après-midi face au Tchèque Jiri Lehecka, 17e mondial. La marche était cette fois trop haute pour le jeune Belge de 20 ans, battu 3-6, 2-6, mais cela n'entache évidemment en rien son parcours bruxellois, quatre jours, quatre matches, trois victoires, dont deux face à des joueurs Top 100 voire Top 50. "L'accumulation de telles rencontres en aussi peu de temps, c'était peut-être beaucoup pour moi, je l'ai bien senti", avouait-il. "En plus, dans la perspective de jouer un Top 20 le lendemain, je n'avais pas trop bien dormi, je revoyais tous mes matches de la semaine. Les conditions n'étaient donc pas les meilleures, mais le niveau adverse était aussi trop haut, avec des services 10 à 15 % plus rapides que la veille, c'est allé très très vite. A la limite, je me souviendrai plus de l'ambiance que du match. Affronter un joueur de ce niveau dans un ATP 250 reste malgré tout une expérience géniale dont je pouvais à peine rêver."
 
Next Gen ?
 
La fin de saison de Gilles-Arnaud se profile évidemment dans un autre contexte, moins excitant. "Mais je me suis clairement rapproché de mon premier objectif, qui est d'entrer en ligne de compte pour les qualifications de l'Open d'Australie", confirme-t-il. "C'est quasiment acquis puisque je vais encore pas mal jouer cette année alors que je n'ai plus de points à défendre. Quant à la saison prochaine, je vais sûrement disputer plus de Challengers et donc essayer les qualifs de Grand Chelem, mais, au plan général, je voudrais surtout que mes résultats deviennent plus stables sur une saison."
On notera qu'après ce beau parcours bruxellois, il se retrouve 10e du classement ATP "next gen" (qui ne concerne que les joueurs de moins de 21 ans), dans lequel Alexander Blockx pointe à la 7e place. Qui sait, il y aura peut-être place pour deux Belges lors des Finals de la catégorie programmés du 17 au 21 décembre à Jeddah en Arabie Saoudite. 
 
 

Publié le 16-10-2025

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